L’arrestation de plusieurs membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la semaine dernière dans la ville de Ménaka, est un indice de divorce entre la France et la CMA. Les autorités françaises ayant compris le double-jeu du mouvement ont décidé de changer leur fusil d’épaule pour ne pas être complices des nombreuses exactions sur les civils en cours au nord du Mali.
Le lien entre la puissante Coordination des mouvements de l’Azawad et les terroristes dans le Nord de notre pays ne faisait aucun doute. Seule la France avait fermé les yeux sur cette triste réalité. Cette coordination est la version politique du groupe terroriste Ançardine d’Iyad Ag Ghaly. Comment du jour au lendemain, ce groupe peut rompre avec ses alliés de longue date, notamment Aqmi et les autres groupes terroristes sévissant dans le Sahel ?
Malgré la réticence des plus hautes autorités à l’époque, certaines puissances sont parvenues à leur faire accepter la version politique du groupe terroriste Ançardine qui a pris le nom de Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Ce HCUA est le plus influent de la CMA. En un mot, c’est le gouvernail de la Coordination.
Chaque fois qu’un camp de l’armée malienne ou forces alliés du Mali est attaqué, on dénombre parmi les cadavres des terroristes des membres de la CMA. Pis : chaque fois qu’un groupe terroriste est arrêté, les leaders de la CMA se lèvent pour demander leur libération. La CMA est donc un caméléon à plusieurs facettes.
Les récentes exactions sur les civils dans la région de Ménaka est inquiétante. Des communautés sont souvent ciblées et exterminées. Cette situation rappelle le génocide rwandais il y a quelques années alors que la France était sur place.
Pour ne pas être associée à la même tragédie humaine, la France a haussé le ton. Quelques jours après l’assassinat d’une vingtaine de civils dans la région de Ménaka, les parachutes français ont fait une descente musclée sur la ville pour débusquer les terroristes. Cette opération a permis d’arrêter 8 terroristes et saisir des armes lourdes. La CMA n’a pas attendu la fin de l’opération pour condamner l’arrestation de ses membres par la Force Barkhane.
Le peuple malien a apprécié cette opération de rupture de la force française. Par contre, elle vient un peu tard, car les communautés touchées par ces tueries n’entendent pas baisser les bras. Elles comptent se venger. Notre pays, plonge-t-il dans une guerre civile ? On ne saurait le dire. Mais, la tournure des choses laisse de sérieux doutes sur la réconciliation nationale tant souhaitée.
Tout compte fait, l’attitude de la France à reconnaitre tardivement que la CMA a des liens avec les terroristes a beaucoup pesé sur l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issue du Processus d’Alger. La CMA ne peut pas prôner la paix et continuer à tuer sous-couvert jihadiste.
Heureusement, la France a compris le double-jeu du mouvement. Un comportement dénoncé par le rapport de l’ONU sur le Mali. Ce rapport a reconnu la connexion de certains membres de la CMA avec les groupes terroristes. La poursuite de ces opérations sera une aubaine pour la sécurité des civils et un sacré coup de pouce pour la paix au Mali.
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Y. Doumbia
Source: L’Indicateur du Renouveau