Dans une interview, le directeur général de l’ l’Agence de promotion des investissements au Mali (API-MALI), Moussa Ismaila Touré estime que le climat des affaires est le meilleur au Mali et il y a une facilité pour les investisseurs de développer leur business. «Il y a un boulevard pour l’investissement, au Mali. Nous invitons tous à faire le PARI du Mali», lance le DG Touré. Ci-dessous, l’interview en intégralité.
Classé 22e sur un total de 54 pays africains dans le Doing Business 2018, juste derrière la Côte d’Ivoire et le Sénégal, le Mali fait figure honorable en termes d’attractivité, malgré une situation intérieure délétère depuis la crise de 2012. Une position conjoncturelle selon l’Agence de promotion des investissements au Mali (API-MALI) qui a déployé une stratégie offensive pour convaincre les investisseurs des réelles opportunités offertes par le pays. API-MALI, sous la direction de Moussa Ismaila Touré a mené une vaste campagne pour attirer les IDE vers les quatre secteurs identifiés comme prioritaires. Dans cet entretien avec La Tribune Afrique, il revient sur le travail mené pour redorer l’image du Mali, sur « les opportunités sans précédents offertes par son pays », les réformes pour améliorer le climat des affaires, les initiatives en cours et prochaines pour capter les IDE ainsi que sur des investisseurs qui font confiance au Mali, malgré quelques risques.
La Tribune Afrique : le Mali est un pays qui a perdu une bonne partie de son attractivité depuis la crise de 2012. Face à cette situation, quelles sont les dispositions prises par API-Mali pour attirer et rassurer les investisseurs ?
Moussa Ismaïla Touré : Il est vrai qu’en 2012, le Mali a traversé une période difficile, multidimensionnelle à la fois sur les plans sécuritaire, institutionnel et politique. Le pays a essayé de s’en sortir rapidement notamment sur les plans économique et institutionnel, mais la crise sécuritaire a perduré dans certaines parties du pays et cela a affecté négativement l’image du Mali. Quiconque connait les préoccupations des investisseurs sait que l’image du pays est extrêmement importante. Pour nous, il s’agit de changer cette mauvaise perception. Pour cela, nous avons entamé un certain nombre d’activités de promotion de l’image du Mali. Il s’agit d’une série d’activités pour dire que le Mali est toujours là, qu’il y a certes des difficultés mais que le pays continue de fonctionner et que les business sont même plus rentables maintenant qu’il y a un niveau de risque accru. Le niveau de profitabilité des investissements s’améliore, car les besoins sont encore plus importants qu’avant: la population continue d’augmenter en même temps que leurs besoins. Un ensemble d’éléments faisant que le Mali est toujours une destination attrayante, en dépit du défi sécuritaire. Sur ce plan aussi, l’Etat malien a pris d’importantes mesures en consacrant 15% à 20 % de son budget à sa situation sécuritaire. Ce sont tout de même des indicateurs forts.
Le Mali est un pays doté d’importants gisements miniers et dispose de l’un des cheptels les plus importants d’Afrique de l’Ouest ainsi que de nombreuses autres atouts. Pour se distinguer dans une sous-région où il y a une forte concurrence pour attirer les IDE, sur quels aspects mise en priorité le Mali?
Comme je l’ai expliqué, il y a beaucoup d’opportunités et il a fallu être sélectif, car on ne peut pas s’attaquer à tout à la fois. Nous avons retenu dans notre approche quatre secteurs. Le premier, c’est l’agriculture. Le Mali a des besoins alimentaires, une grande quantité de terres cultivables, des cours d’eau et un savoir-faire ancestral en matière d’agriculture. Maintenant, il faudra migrer de l’agriculture traditionnelle à celle plus moderne. Ensuite, nous avons misé sur l’élevage où nous avons un avantage comparatif réel. Nous avons le deuxième plus grand cheptel d’Afrique de l’ouest. Aujourd’hui, ce cheptel est exporté à plus de 99% sur pieds, donc sans création de valeur. Notre objectif est de créer une industrie de la viande et du lait pour créer de la valeur. Le troisième secteur visé est l’énergie. Avec la position géographique du Mali, son niveau d’ensoleillement, le pays a tous les éléments nécessaires à la production de l’énergie solaire, en quantité. Un quatrième volet concerne les infrastructures. Ce sont les routes, les ponts, les chemins de fer, bref de gros projets pilotés par l’Etat. Maintenant, il s’agit d’accompagner l’Etat malien dans sa démarche, de rechercher des investisseurs, de promouvoir ces projets structurants de notre économie.
De ces projets, il n’est nullement fait mention du secteur minier qui est pourtant l’un des plus grands pourvoyeurs d’IDE pour le Mali ?
Le secteur minier n’a pas été inclu parce qu’il est déjà bien installé, et est incontournable. Nous avons aujourd’hui 13 mines en activités au Mali, notamment dans l’or. Le challenge dans le secteur minier est d’assurer la diversification. C’est un processus long, qui se poursuit. Il se développe sans avoir besoin d’un focus. Mais, c’est effectivement le secteur qui attire le plus d’IDE actuellement.
Le Mali figure à la 22e place africaine du Doing Business 2018. Comment évaluez-vous ce résultat et la stratégie de promotion de la destination adoptée par API-Mali ?
Quand on prend les chiffres officiels, la tendance au Mali en termes d’IDE est baissière comme un peu partout dans le monde. Mais notre analyse va au-delà, parce que vous comprendrez qu’avec la crise de 2012 les investisseurs étrangers lèvent les pieds. C’est une réaction normale. Mais notre analyse va au-delà, parce que si nous regardons les chiffres, on se rend compte que le volume des investissements s’accroît parce que la part des investissements nationaux continue à progresser. Il y a eu moins d’IDE, mais l’investissement intérieur continue à être dynamique. Une autre lecture qu’il faut avoir de ces différents résultats est qu’il ne faut pas seulement regarder les IDE étrangers, mais plutôt apprécier globalement les dynamismes de l’investissement au Mali, qui sont positifs.
Qui sont les principaux investisseurs au Mali ?
Dans le secteur minier, ce se sont principalement les sud-africains et les canadiens. Maintenant quand on sort du secteur minier, ce sont les pays européens dans le domaine de l’énergie et de l’industrie. Il y a aussi des pays asiatiques comme l’Inde.
Vous avez fait allusion au dynamisme de l’investissement au Mali. Qui en sont les autres acteurs ?
Nous avons la diaspora qui s’intéresse de plus en plus au Mali. Il existe un réel engouement, un dynamisme qui se confirme. Il s’agit de Maliens qui ont réussi ailleurs et qui reviennent investir ici. Il y a aussi une autre catégorie avec des investisseurs maliens qui réussissent et qui investissements à la fois dans le pays et dans d’autres pays de la sous-région. Parmi les investisseurs au Mali, on retrouve ainsi des acteurs locaux, qui font confiance à leur pays, en dépit de la conjoncture actuelle et qui savent que cette situation est passagère et réinvestissent leurs avoirs dans le pays.
Est-ce que le pays a initié des réformes pour améliorer le climat des affaires, l’une des préoccupations majeures des investisseurs?
Les réformes se poursuivent et nous en avons beaucoup fait.
Dans quels domaines, surtout au cours de ces deux dernières années ?
L’un des domaines concernés par les réformes est celui de la création d’entreprises. Aujourd’hui, les délais de création sont extrêmement courts. Ils sont fixés à 72 heures au maximum. Nous sommes en train de digitaliser ce processus. Nous avons aussi baissé le capital minimum à 1 000 000 Fcfa (environ 1 500 euros) pour la SARL. Nous avons adopté une loi sur le partenariat public-privé (PPP) et le cadre juridique et réglementaire pour faire les affaires au Mali s’est amélioré avec cette loi. Tout ceci aide à améliorer le climat des affaires.
Quelle stratégie API-Mali compte-t-elle déployer au cours des cinq prochaines années pour attirer les investisseurs?
Nous avons une feuille de route pour les trois prochaines années. Nous allons continuer à travailler sur l’image du Mali. C’est un travail de longue haleine et nous allons investir pour cela, renforcer l’attractivité de la destination avec des réformes majeures. Aujourd’hui, nous sommes engagés dans un processus de relecture de notre code de l’investissement pour le rendre encore plus attractif et maniable dans l’implémentation, pour faciliter le parcours des investisseurs. Nous allons travailler à renforcer API-Mali. Tout cela sera poussé par le renforcement des ressources humaines. Nous allons continuer à travailler sur nos axes prioritaires définis plus haut tout en ne négligeant pas les autres. Par exemple, dans un secteur comme la santé, il y a énormément de besoins. Nous travaillons sans relâche pour le développer même s’il ne fait pas partie des quatre axes cités. C’est aussi le cas des nouvelles technologies, un secteur transversal. Il est aussi prioritaire parce qu’aucun des autres secteurs ne peut se développer sans l’apport des nouvelles technologies. Voilà un résume de notre priorité pour les prochaines années.
Je vous dis que le Mali a dépassé le plus difficile et les choses ne peuvent que s’améliorer dans les prochaines années. Le dernier élément qui pouvait rendre les investisseurs frileux a été les élections présidentielles, mais le Mali s’en est sorti avec brio, il y a juste deux mois. Et là, le boulevard est balisé pour l’investissement.
Il y a un boulevard pour l’investissement, nous croyons au Mali. Nous invitons tous à faire le PARI du Mali, notre slogan. Les opportunités sont là, les ressources pour les accompagner et les dispositions ont été prises pour faire du secteur privé un moteur de l’économie. Le gouvernement est engagé dans cette dynamique de sorte qu’il est prêt à collaborer avec ceux qui ont l’expertise et les investissements. Je vous dis que c’est le bon moment de venir investir au Mali et nous API-Mali, seront toujours auprès des investisseurs étrangers ou nationaux pour faire de leurs investissements un véritable succès.
Moussa Ismaila Toure Directeur Général de l’API-mali aux investisseurs: «C’est le bon moment venir investir Mali
Source: La Tribune Afrique
NB : Les titres et le chapeau sont de la Rédaction.
Source: L’Observatoire