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Bras de fer gouvernement-magistrats grévistes : La crise tourne au vaudeville politico-judiciaire

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Le syndicat des magistrats du SAM-SYLIMA a tenu une Conference de presse sur leur réquisition par le gouvernement Bamako, le 10 octobre 2018

Le bras de fer entre le Gouvernement et les magistrats atteint un point critique. Quelques heures seulement après la diffusion de la déclaration du Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maiga, lors de sa visite à Mopti, les magistrats ont réagi. Ils persistent et signent qu’ils ne se soumettront pas à sa décision de réquisition et laissent entendre qu’ils ne vont céder face à aucune intimidation. Ils ont réitéré leur demande de sa démission. C’est devenu donc un vrai à-toi-à-moi, sans fin, dans un ballet politico-judiciaire qui tourne au vaudeville.

Le premier  ministre Soumeylou Boubeye Maiga tient à l’exécution de sa décision de réquisition des magistrats grévistes comme à la prunelle de ses yeux. Il menace même de sanctionner ceux qui refuseront de s’exécuter. C’est en tout cas ce qui ressort de sa déclaration faite à Mopti, le samedi dernier, lors de sa visite dans ladite région : « Dès la semaine prochaine, nous procèderons à la vérification dans les tribunaux du respect ou non de l’effectivité de la réquisition des magistrats », a-t-il déclaré. Aussi, peut-on comprendre, à travers son discours, que le gouvernement n’est pas prêt à accepter les doléances des magistrats : « Le gouvernement ne peut faire aucun effort supplémentaire », a-t-il laissé entendre.

Le SAM et le SYLIMA répliquent

Dans leur communiqué conjoint, les magistrats ont répondu au Premier ministre. Ils nient ce que leur reproche le chef du gouvernement. Par rapport à la décision du Premier ministre de saisir le Conseil supérieur de la magistrature, le SAM et le SYLIMA affirment qu’il ne relève pas des autorités habilitées à agir ou à parler au nom du pouvoir judiciaire.

Contrairement à ce que le président de l’Asma avance sur le protocole d’accord entre le gouvernement et les syndicats des Magistrats, le SAM et le SYLIMA révèlent : « Il est constant que le gouvernement du Mali a librement souscrit, à travers ses représentants, à deux protocoles d’accord avec les syndicats des magistrats dont l’un en date du 9 février 2017 et l’autre en date du 1er juin 2018, relativement aux deux points actuels de revendications de la magistrature ».

Les grévistes ne se soumettront pas à la décision de leur réquisition par le gouvernement.

Selon le SAM et le SYLIMA, aucun magistrat gréviste ne se soumettra à la décision qu’ils jugent illégale. Ils suivront, selon le communiqué conjoint, le mot d’ordre de l’Assemblée générale du 11 octobre passé qui a demandé aux magistrats grévistes de ne pas se plier de cette décision du gouvernement. « Telle est et demeurera la position de la Magistrature face à la violation de la constitution et des lois de la République », ont-ils écrit.

Ils ont par la suite précisé qu’en vertu de la séparation des pouvoirs, le Premier ministre n’a aucune qualité de provoquer une réunion du Conseil supérieur de la magistrature.

Comme déclaré lors de l’Assemblée générale du 11 octobre, les magistrats grévistes exigent la démission du Premier ministre avec ses deux ministres du « décret de la honte ». Ils n’en décolèrent pas et défient le chef du gouvernement : « Les syndicats des magistrats encouragent le Premier ministre dans sa campagne d’intimidation et l’invitent à constater lui-même, sur la toile et sur le terrain, la réponse des magistrats à son impéritie ».

Avant de terminer, le Syndicat Autonome de la Magistrature et le Syndicat Libre de la Magistrature ont, à nouveau, invité leurs membres à ne réserver aucune suite favorable à la volonté « affichée et assumée » par le Premier ministre de « régner » sur le pouvoir judiciaire.

Comme on le voit, le ton monte de part et d’autre et on se rend coup pour coup, dans l’escalade verbale. N’est-il pas, de nos jours, plus que nécessaire de mettre fin à ce bras de fer pour passer à un dialogue franc pour l’intérêt des populations ?

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Boureima Guindo

Source: Le Pays

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