Mesdames et Messieurs,
Honorables Invités,
Très Chers Camarades,
Je suis très heureuse de vous souhaiter au nom du Comité Directeur de l’Alliance pour la Démocratie au Mali une très chaleureuse bienvenue à la 6ème Assemblée Générale de notre Association qui célèbre en même temps ses 28 années d’existence. Très joyeux anniversaire à toutes et tous !
Merci infiniment de prendre sur votre précieux temps, pour contribuer à la réussite de cette activité très importante pour notre association
À titre de rappel, Notre association est héritière du Front National Démocratique et Populaire (FNDP).
A la suite de la fameuse conférence des cadres organisée le 31 Mars 1990 par l’UDPM sur «La démocratie au sein du Parti » et l’accueil très enthousiaste des maliens à la lettre ouverte du 07 Août 1990 adressée au Général Moussa Traoré, les militants des partis clandestins PMT, PMRD, et ceux de l’US-RDA( qui avait été interdit par les putschistes du 19 novembre 1968) ainsi que des cadres syndicalistes ont décidé de créer un cadre dédié, à la conquête, à l’ancrage et à la défense de la démocratie.
L’association a connu une certaine léthargie au cours des 2 mandats du Président Alpha Oumar KONARE en raison essentiellement du fait que la plupart de ses responsables ont été mis en mission au sein du gouvernement ou au niveau des Institutions de la République.
Notre association en décidant en Février 2009 de relancer ses activités s’est fixée comme objectifs : la sauvegarde des libertés publiques fondamentales, la consolidation d’une société démocratique et pluraliste.
En effet, nous avons pris l’engagement de contribuer à la dynamisation du cadre unitaire du Mouvement démocratique, en participant à toute action visant à l’unité des forces démocratiques et républicaines, ainsi qu’à l’approfondissement et à la consolidation du processus démocratique, seul garant de la cohésion nationale, du progrès économique, et de la justice sociale au bénéfice du plus grand nombre.
Mesdames et Messieurs,
Chers Camarades,
Cette Assemblée Générale aurait dû se tenir en 2017 conformément à nos statuts mais en raison de nombreuses contraintes, en grande partie liées à la situation d’ensemble de notre Pays, nous n’avons pu respecter cette échéance. Nous savons pouvoir compter sur votre compréhension et votre indulgence.
La tenue de la présente Assemblée Générale nous permettra de passer en revue les activités réalisées au cours de la période allant de Juin 2016 à septembre 2018. Nous en profiterons pour formaliser les nouvelles adhésions et espérons fortement que les jeunes seront les plus nombreux à nous rejoindre.
Chers Invités,
Camarades,
Notre Assemblée Générale se tient à un moment extrêmement difficile pour notre Pays et particulièrement éprouvant pour la communauté nationale et pour les amis du Mali. En effet, chaque semaine apporte hélas son lot de morts, de blessés, de victimes innocentes de la barbarie : Je vous prie de bien vouloir observer une minute de silence en la mémoire des disparus et d’avoir une pensée pieuse pour tous !!!
Nos Vœux de prompt rétablissement à tous les blessés.
Que le Tout Puissant les assiste, nous assiste toutes et tous dans cette douloureuse épreuve ! Amine
Chers Invités,
Chers Camarades,
Le constat que nous avons fait lors de notre dernière Assemblée Générale de 2016 reste hélas d’actualité et la situation s’est même dégradée.
Nous faisons face à une crise multidimensionnelle. A la crise sécuritaire, s’est ajoutée une crise postélectorale et sociale
Oui, notre pays va très mal et nos concitoyens perdent de plus en plus espoir en l’avenir :
Sur le plan sécuritaire :
Malgré la signature de l’Accord pour la Paix et de réconciliation nationale issu du processus d’Alger en Mai 2015, les multiples arrangements entre groupes armés rebelles aussitôt violés, les accointances entre les dits groupes armés et les terroristes dits djihadistes dénoncées d’abord par les populations victimes et reconnues ensuite par la communauté internationale, les menaces de sanctions, l’insécurité s’est installée de façon quasi permanente et générale non seulement dans les régions dites du Nord et celles du Centre (Mopti et Ségou) mais aussi à des degrés divers sur l’ensemble du territoire malien.
Chaque semaine des soldats maliens, des casques bleus et des paisibles populations perdent la vie dans les zones désormais sous administration ou influence des groupes armés rebelles et/ou terroristes dit djihadiste et des bandits de tout acabit :
L’administration et les services de base (école, santé notamment) n’existent quasiment plus dans les cercles des régions dites du Nord, et celle de Mopti. L’accès des Autorités maliennes et de leurs représentants à la ville de Kidal reste toujours soumis au bon vouloir des responsables de la rébellion. Seules les délégations étrangères y sont les bienvenues et encore…
Les déplacements dans ces localités des candidats à l’élection présidentielle ont dû être sécurisés par des groupes armés.
Nos forces armées et de sécurité restent cantonnées dans une zone tampon, au-delà de laquelle elles ne peuvent opérer.
les conflits intra et inter- communautaires cyniquement instrumentalisés et leur lot de tueries mettent à mal la cohésion sociale et ébranle le sentiment d’unité nationale (300 morts de juillet à septembre 2018 selon le rapport du SG de l’ONU au Conseil de Sécurité);
Notre Association continue de croire et avec une profonde angoisse que l’Accord pour la Paix et de réconciliation nationale issu du processus d’Alger renferme les germes de la discorde.
À titre de rappel,
Le gouvernement de la république du Mali, a lui-même formulé des réserves significatives résumées en douze (12) pages.
Les documents des différents partis membres de la coalition de la Majorité présidentielle ont relevé dans cet Accord des sources de vives inquiétudes sur les risques que certaines dispositions de l’Accord font courir sur l’Intégrité Territoriale, l’Unité Nationale et la cohésion sociale.
L’opposition républicaine et démocratique craint que cet Accord ne conduise à la dislocation pure et simple du pays.
L’Alliance pour la Démocratie au Mali (A.DE.MA-ASSOCIATION) assimile cet Accord pour la Paix et de réconciliation nationale à une constitution type rédigée à Alger comparable à ce qu’est pour le Burundi la Charte d’Arusha, dont le Mali est obligé de s’inspirer pour rédiger la constitution de la IVème République, instaurant un statut fédéral déguisé de l’État malien.
Il est évident qu’il n’y a pas de solution miracle mais nous avons le sentiment que les stratégies de sécurisation de notre territoire, de ses populations et de leurs biens sont définies ailleurs et que nous n’avons aucune prise sur les évènements. Nous les subissons. Nous avons demandé et continuons de demander que les organisations sous régionale et régionale, CEDEAO et UA assument pleinement leurs responsabilités. Leur rôle doit être prépondérant dans le processus de prévention et de gestion des crises dans tous les pays membres. Les autres pays et organisations internationales qui souhaitent aider devraient soutenir leurs efforts et accompagner leurs actions et non pas se substituer à elles. Nous constatons une dispersion des forces et des moyens alors que nos FAMAs et le G5 Sahel ont fortement besoin de renforcer leurs capacités pour accomplir leurs missions. Par ailleurs nous estimons qu’il revient aux maliens de décider avec qui ils veulent dialoguer ou négocier leur paix et leur sécurité.
La récente signature du « Pacte pour la Paix au Mali » vient rajouter une couche à l’humiliation. En effet, un des engagements du pacte (point 7 donne un caractère exécutoire aux décisions et aux arbitrages de la médiation internationale en cas de divergence entre le gouvernement et les mouvements armés (CMA et Plateforme).
Quel Etat responsable accepterait de déléguer sa souveraineté ?
Comment comprendre qu’un gouvernement qui a signé en grande pompe un Accord en toute connaissance de cause en prenant des engagements précis, s’oblige à travers un Pacte à respecter les mêmes engagements et autorise même une autre institution ou organe à prendre des décisions à sa place ?
Tous ces faits suffisent pour faire comprendre aux maliens que le véritable « projet » demeure la partition de leur Pays et c’est tant mieux que nos compatriotes prennent enfin conscience de ce péril et décident de se mobiliser pour sauver notre patrimoine commun, le Mali. Déjà en octobre 2015 avec les camarades de la COMODE, nous avions organisé une marche réclamant la libération de Kidal et la préservation de l’intégrité territoriale. Hélas ce jour-là, il n’avait pas foule. Notre Association ne peut donc que se réjouir de cette vaste mobilisation et s’engage à se joindre à toute initiative allant dans le sens de la préservation de notre intégrité territoriale, et de la sauvegarde des acquis démocratiques et de la défense des valeurs républicaines. Les autorités maliennes et les décideurs de ce monde doivent comprendre enfin que les maliens n’accepteront plus que des décisions engageant le sort de leur pays, leur présent et leur avenir soient prises par une poignée de maliens. Quel que soit l’engagement des « partenaires » leur volonté ne saurait s’imposer à celle des maliens qui s’opposeront à tout projet de confiscation de la souveraineté du Mali.
La crise post-électorale.
A la suite de la proclamation définitive des résultats de l’élection présidentielle, nous avons donné notre avis sur le déroulement du processus électoral et avons invité « ceux qui détiennent de fait le pouvoir d’Etat, à prendre la pleine et juste mesure des contestations (à l’intérieur comme à l’extérieur au sein de la diaspora) et engager sans délai une concertation avec tous les protagonistes du processus électoral autour des conditions préalables à la tenue des prochaines élections législatives et au-delà de l’agenda électoral, à initier un véritable et sincère dialogue national autour des questions majeures pour la Nation.
Toute stratégie basée sur le «laisser faire, laisser pourrir» ne ferait que conforter l’escalade et nous éloigner de l’apaisement et la stabilité, que tous les maliens et amis du Mali appellent de leurs vœux. »
Les résultats de l’élection présidentielle sont toujours contestés par une large partie de l’opposition et de la société civile de l’intérieur comme de la Diaspora. Après une série de manifestations de rue dont certaines ont été réprimées, la création récente de 2 regroupements politiques: le Front de Sauvegarde de la Démocratie ( FSD) et la Convergence des forces Patriotiques (CFP) indique que les opposants comptent maintenir la pression sur les tenants du pouvoir et aussi sur certaines institutions de la République : la polémique autour du report des élections législatives et la très vive réaction de nombreux acteurs politiques et des organisations de la société civile contre le projet de réorganisation territoriale en rajoutent à la tension politique.
Menaces sur les acquis démocratiques : liberté d’expression, de manifestation notamment.
Notre association renouvelle sa vive préoccupation face aux graves atteintes aux droits humains : arrestations arbitraires, enlèvements musclés de citoyens (singulièrement les hommes de médias) et confiscation de leurs biens en dehors de toute procédure légale. Notre association à la suite de nombreuses autres dénonce ces pratiques inadmissibles dans un Etat de droit et réclame le respect strict des procédures légales.
Le front social lui aussi reste en ébullition.
On constate une rupture de confiance entre les citoyens et les pouvoirs publics suite aux nombreux engagements non tenus, à une absence de véritable dialogue social. Les frustrations qui découlent de cette gouvernance désastreuse alimentent de vives tensions dans les différents secteurs d’activités du Pays. Des citoyens se rebiffent contre des injustices flagrantes, la répartition inégale des ressources publiques, le favoritisme, la gestion clanique, l’impunité, le laisser aller, l’arrogance et le mépris de la part de certains cercles privilégiés du pouvoir. Il est difficile pour ceux qui revendiquent à tort ou à raison de meilleures conditions de vie et de travail, de comprendre que ceux qui doivent donner l’exemple d’une gestion rationnelle, rigoureuse des deniers publics en diminuant par exemple le train de vie de l’Etat, ne se privent pas de largesses et autres avantages et demandent aux autres de consentir des sacrifices pour le Pays. Bien au contraire les dénonciations de nombreux scandales liés à la mauvaise gouvernance, semblent laisser les pouvoirs publics totalement indifférents.
Chers invités, chers camarades,
Il est parfaitement compréhensible que lorsque la Nation est en danger, on en appelle à « l’Union Sacrée ». Oui, mais autour de quel projet ? De quelle feuille de route ou de stratégies de sortie de crise ?
Nous n’avons pas cessé de dire depuis le déclenchement de la crise multidimensionnelle que vit notre pays, qu’aucune solution durable ne saurait être trouvée sans une large concertation de toutes les composantes de la société malienne.
Nous n’avons cessé à travers des déclarations, ateliers, conférence débats, conférence de presse d’affirmer que les maliens doivent eux même d’abord réfléchir aux stratégies de sortie de crise et s’accorder sur les modalités de mise en œuvre des résolutions prises par la communauté nationale avant de compter et d’attendre une feuille de route conçue par l’extérieur. Nous avions alerté sur les risques d’une crise pré et/ou post-électorale en rappelant que cela n’arrive pas qu’aux autres et certains politiques nous ont traités « d’oiseaux de mauvaise augure ».
Nous devons tous, chacun au niveau où il se trouve, avec les moyens humains matériels intellectuels, etc. nous mobiliser, nous engager et contribuer à la recherche de solutions, mais il est évident que les rôles et les responsabilités ne sont pas interchangeables : les pouvoirs publics, les élus, les partis politiques, la Société Civile (dans tous ses compartiments) ont chacune et chacun des rôles et responsabilités bien définis et doivent agir dans ce cadre. Aucun ne devrait pouvoir se substituer à l’autre.
Le dialogue national réclamé par la plupart des acteurs politiques et de la société civile semble hélas jusque-là écarté de l’agenda des autorités.
L’Association Alliance pour la Démocratie au Mali (A.DE.MA-ASSOCIATION) saisit l’occasion de la commémoration de son 28ème anniversaire pour réitérer son appel à la mobilisation et à l’engagement des démocrates et patriotes au chevet du Mali.
Le combat est loin d’être terminé et le chemin reste encore long et difficile : mais avons-nous d’autre choix que de redresser la tête, bander les muscles, triturer les méninges pour mener et gagner ce combat ?
En souhaitant à toutes et tous de très fructueux travaux, je vous remercie encore pour votre présence et votre patiente écoute.
Vive le Mali démocratique, uni et indivisible !
Mme SY Kadiatou SOW.
Présidente de l’Alliance pour la Démocratie au Mali
(A.DE.MA-ASSOCIATION)