Le Burkina Faso a rendu hommage, mercredi 31 octobre 2018, aux martyrs de l’insurrection populaire d’octobre 2014, qui a chassé du pouvoir l’ex-président Blaise Compaoré. Retentissement de la sirène ; observation d’une minute de silence à la mémoire des martyrs de l’insurrection populaire, mais aussi du coup d’Etat manqué de septembre 2015 ; hymne national… Tels auront été les temps forts de cette cérémonie officielle, qui n’a pas rassemblé tout le monde.
Après avoir déposé une gerbe de fleurs au pied du mémorial aux héros nationaux, où les noms des personnes tuées au cours de l’insurrection d’octobre 2014 sont gravés, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a invité ses compatriotes à une unité d’action pour la célébration des faits marquants de l’histoire du pays. « Ils se sont battus parce que c’était la démocratie qui était en jeu », a-t-il insisté.
« Il est tout à fait normal qu’en ce jour, nous nous inclinions respectueusement vis-à-vis de ces personnalités-là et que nous sachions que toutes les dates historiques de notre pays ne doivent pas faire l’objet de politiques politiciennes, quel que soit notre point de vue politique, quels que soient nos points de vue religieux. C’est un jour de reconnaissance vis-à-vis de ces héros. C’est un jour, également, d’introspection », a expliqué le chef de l’Etat.
Cette cérémonie de « l’an 4 » post-insurrection s’est faite en rangs dispersés. Des partis de l’opposition ont refusé cette année de participer. Plusieurs organisations de la société civile ont décidé également de manifester de leur côté. Quatre ans après, les parents des victimes et les blessés de l’insurrection attendent toujours le traitement judiciaire du dossier. En 2015, une loi sur la prise en charge des orphelins avait été votée par le Parlement de la transition, mais trois ans après, les décrets d’application ne sont pas encore signés.
« Le combat continue. Ce que nous espérons, c’est d’abord la justice. Pour ce qui est du cours de l’insurrection populaire, on peut dire que les choses sont en l’état, même s’il y a des actes qui ont été posés. Cela veut dire qu’il y a encore une insatisfaction à ce niveau. Il y a aussi des aspects sociaux qu’il faut prendre en compte », estime Bamouni Nebon, porte-parole des associations des familles de victimes et blessés.
L’enthousiasme du changement a laissé place à la lassitude. Notamment en raison des difficultés économiques et sociales ressenties par les populations, confirme Siaka Coulibaly, président du Centre de suivi et d’analyse citoyen des politiques publiques, interrogé par RFI.