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Mot de la semaine : Kayes

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Le mercredi 31 octobre 2018, le Président de la République a effectué une visite dans la première région administrative du Mali pour inaugurer une centrale thermique fonctionnant au fuel lourd avec une capacité de 90 MW. C’est sans nul doute un véritable projet de développement, surtout quand on sait que l’électricité est indispensable pour booster l’économie à travers les industries et les petites activités génératrices de revenus. Il a profité de l’occasion pour visiter le deuxième pont en chantier de Kayes et un centre de santé rénové à Médine Hawa Dembaya.

IBK ne devrait-il pas faire mieux avant d’aller pour l’inauguration de ces infrastructures, de haute portée certes, mais qui semblent être une infime partie du vaste océan des problèmes auxquels la région de Kayes est confrontée ?

Jadis capitale du Soudan français et porte d’entrée de la pénétration coloniale, Kayes l’ex- cité du rail meurt à petit feu à cause du lourd fardeau du désenclavement routier, ferroviaire, aérien, fluvial et terrestre ;  de la pauvreté, de la maladie et cela en dépit de ses énormes potentialités économiques. Région multiculturelle et multilinguistique  où  vivent en parfaite symbiose  Khassonké, Malinké, Soninké, Peul et Bambara, Kayes crève aujourd’hui sous le poids du sous-développement malgré sa forte contribution à l’économie du pays. Son industrie extractive est florissante avec au moins quatre mines d’or qui ont exporté plus 121,2 milliards de franc CFA en 2017. Son cheptel est très riche avec plus de 11,9 milliards dans l’exportation d’animaux sur pieds  l’année dernière. Sa diaspora est très dynamique avec une contribution annuelle de plusieurs milliards de franc CFA. Que dire du commerce avec les ports de Dakar  au Sénégal et de Nouakchott  en Mauritanie ? Kayes est une région de  transit pour le commerce en tous genres en provenance de certains pays voisins

La question que l’on se pose est de savoir comment la région de Kayes  pourrait regorger  de tant de potentialités et restée très pauvre ?  Et pourtant tel semble malheureusement être  la réalité. La seule explication est le manque de vision, d’ambition et du peu de considération des autorités politiques  pour la région. Pour preuve, le rail qui était une voie peu couteuse et qui  permettait de voyager à moindre coût et  d’écouler les produits, est à l’arrêt. Pour réhabiliter cette voie, il faut plus de 300 milliards de francs CFA. Après  la mort du rail, il est à redouter celle de la Route nationale Bamako, Kayes, Dakar qui est en état de dégradation très avancé, ralentissant le flux commercial avec son cortège d’accidents mortels au quotidien et de dégâts matériels importants.

Quant aux mines d’or,  celles qui n’ont pas encore mis la clé sous le paillasson, sont chancelantes, avec des milliers de licenciements pour des raisons économiques. Toutes les négociations pour une réduction du taux imposable pour préserver des emplois  ont échoué  avec l’Etat d’où la vague de licenciements par centaine voire milliers.

En somme, les moyens colossaux mobilisés pour réserver un accueil chaleureux à IBK pouvaient servir à acheter un scanner ou à réparer une machine de dialyse.

Youssouf Sissoko

Source: Inf@Sept

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