Le Mali, le grand malade de la sous-région ouest africaine a choisi l’amnésie pour survivre. Le peuple malien si dynamique, si combatif est comme sous hypnose. Toute une nation sous anesthésie ! Le cas malien est unique et s’empire de jour en jour. Abandonné par ses forces vives, le Mali avance tel un bateau ivre.
Le nord du Mali est un imbroglio total, qui se complique chaque jour davantage. Des Sonrhaïs qui se cherchent une voie, des Arabes qui grognent, des Touaregs qui se toisent et aveuglent en même temps le pouvoir central, lequel ne tranche pas, suit les murmures et les pièges de lobbyistes boulimiques. Le centre du Mali se déshumanise, perd ses repères et toutes ses lianes sociales. Un fossé se creuse, séparant des ethnies qui se sont aimées, se sont soutenues et ont vécu au fil des siècles dans une grande harmonie. La gouvernance actuelle est en train d’émietter un pays séculaire, avec une civilisation de tolérance et une nation fière. Une société exemplaire se désintègre au su et au vu de tout le monde, à cause de l’orgueil et de la cupidité de ses dirigeants, et par l’ignorance de son peuple.
Dans la région de Ségou, la porte du centre du Mali, les populations ne se sentent plus en paix car de Niono en passant par Diabaly jusqu’à Djenné, les habitants sont harcelés, menacés et pillés. Un juge et un responsable militaire sont toujours entre les mains de kidnappeurs sans que rien ne se passe. Des vidéos ont circulé les montrant en captivité. Rien de plus. C’est passé, ce n’est plus dans les priorités. Des cadres du pays en pleine activité, enlevés chez eux, sont entre les mains d’individus sans foi ni loi et l’Etat fait l’impasse.
Au plateau dogon, des chasseurs dogons armés par des mains invisibles, mais suivant un planning précis, massacrent, harcèlent et humilient les habitants peuls. Des frères qui ont toujours vécu en symbiose et parlant tous peul, qui se taquinaient sur les places des marchés, qui s’étaient tolérés dans les pratiques religieuses, ne veulent plus se sentir.
Djenné la belle est souillée par le sang des peuls, qui sont tués par les donzos bambaras comme des mouches. Ces mêmes bambaras, qui, il y a peu de temps, célébraient les fêtes de mariage et de baptême avec ces mêmes peuls. L’ombre d’Ahmadou Kouffa étant passée par là, les militaires ne tenant plus, la peur, la suspicion et l’affaiblissement de l’Etat s’y ajoutent pour séparer ces ethnies qui vivaient dans la joie, la paix et la cohésion.
Des checkpoints sont établis par des donzos bambaras. Ils dépouillent les femmes peules sur les routes des marchés. Des hordes de motards, malgré l’interdiction de la circulation des motos, en colonnes de cent, voire jusqu’à deux cents, font des descentes dans les villages peuls, rassemblent les troupeaux et fixent des amendes impossibles. Les éleveurs peuls se terrent dans les villages, vendent leur bétail, n’osent plus s’éloigner des villages, les champs ne sont plus cultivés. La peur et la haine s’installent.
Les peuls sont pris en tenaille car tués et honnis par les autres à cause de suspicions d’appartenance aux troupes d’Ahmadou Kouffa, le prédicateur peul allié aux djihadistes, ils sont d’un autre côté maltraités, en guise de représailles pour avoir refusé de les, suivre, par les vrais disciples du chef terroriste Ahmadou. De Diafarabé à Youwarou, en passant par Teninkou et Tonkorocoubè, les peuls sont empêchés de danser, de chanter. Les cérémonies sont devenues tristes et ils sont interdits d’aller à l’école des Blancs.
Le Mali se disloque, les ethnies se braquent les uns contre les autres. Pourtant les casques bleus des nations Unies et toutes les armées du monde sont présents sur le territoire malien, mais les massacres se perpétuent sans que ni la justice malienne ni la justice internationale ne lèvent le petit doigt. Le fossé social s’élargit, les responsables cherchant seulement à maintenir le statu quo pour sauvegarder la parcelle de pouvoir qu’il leur reste à exercer. En effet, le pouvoir n’a pas encore compris ou ne veut pas comprendre l’étendue du désastre. Le peuple est confus, passif et ignorant. La société civile a disparu, les religieux et les chefs coutumiers sont devenus des partisans et des acteurs politiques de piètre qualité.
Le front social, dans la capitale, est en pleine ébullition. Le Mali est aujourd’hui comme une bombe dévastatrice entre les mains d’un enfant entouré par tout le monde, et personne ne veut se salir les mains. Pourtant tous savent qu’elle va exploser et que personne ne sera épargné. Triste pour notre pays, qui a pourtant beaucoup donné.
Centre du Mali : Un véritable traquenard !
Macké Diallo
Source: Le Démocrate