Depuis déjà trois ans, l’Accord de Paix et de réconciliation, issu du processus d’Alger, sous la diligence de la communauté internationale, a été signé par l’Etat malien et les mouvements rebelles du nord. Il est malheureux de constater que depuis cette signature, l’esprit de l’accord peine à se concrétiser. Si tous les domaines sont concernés par cette lenteur (voire une léthargie), force est de reconnaître que la détention et la prolifération d’armes de guerre constituent la véritable métastase dans le système de défense et de sécurité des FAMAs.
Or, cet accord pour la Paix et la réconciliation qui est censé offrir à notre pays une voie de sortie de crise, ne semble pas donner les fruits escomptés. Non seulement dans les régions du nord les armes continuent de pulluler, mais aussi le centre du pays se gangrène. Les attaques contre les forces armées et les populations civiles se multiplient de façon quotidienne. Les forces internationales de la Minusma et de Barkhane ne sont pas épargnées par cette barbarie meurtrière. En somme, l’insécurité devient de plus en plus grandissante dans notre pays. C’est dans ce climat d’incertitude que le processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) a débuté. Or, les groupes armés affichent au grand jour leur inquiétude par rapport au bon déroulement des opérations. Quand bien même le contenu du document de l’accord d’Alger leur privilégie largement en leur offrant une part considérable dans la future composition des FAMAs. Le titre III de l’accord de Paix et de réconciliation, intitulé “Questions de défense et de sécurité”, en son chapitre 7 recommande l’inclusivité et la représentation significative de toutes les populations du Mali au sein des forces armées et de sécurité, de même que l’unicité des forces armées et de sécurité du Mali, relevant organiquement et hiérarchiquement de l’Etat central. Alors que l’article 22 du même document dit que : « Les forces redéployées dans les régions du nord devront inclure un nombre significatif de personnes originaires du nord, y compris dans le commandement, de façon à conforter le retour de la confiance et faciliter la sécurisation progressive de ces régions ». Les personnes originaires du nord ne sont-elles pas bien représentées au sein de notre armée ? Les militaires ressortissants du nord ne sont-ils pas dans le commandement des FAMAs ? Ce questionnement demeure, même si a priori, il n’est pas hasardeux de dire que, contrairement à la lecture du monde occidental, les ressortissants du nord bénéficient bel et bien de la discrimination positive dans notre pays, notamment lors des recrutements de fonctionnaires civils et militaires.
Malgré le quota offert à leurs régions, n’ont-ils pas aussi la possibilité d’être recrutés partout sur le territoire national ? Une réalité criarde qui recommande que les combattants DDR soient déversés plutôt dans la vie civile que militaire. Sinon, le contraire ne pourrait que créer de la frustration chez les ressortissants des autres régions du Mali qui seraient tentés, à leur tour et à juste raison, de penser que seule la prise des armes peut bien ouvrir la voie à la considération dans notre pays.
Afrik actu * : Le danger de l’insertion des combattants DDR au sein des FAMAs
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Challenger