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Conférence de Palerme sur la Libye : incertitude sur la présence d’Haftar et divisions entre les États

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Khalifa Haftar, Aguila Saleh Issa et Fayez al-Sarraj, à l'Élysée le mardi 28 mai, lors de la signature d'un accord en vue des élections en Libye le 10 décembre. © Etienne Laurent/AP/SIPA

Une conférence internationale sur l’avenir de la Libye, en proie au chaos depuis 2011, s’ouvre lundi à Palerme, mais ses résultats sont d’ores et déjà menacés par l’incertitude entourant la présence en Sicile du maréchal Haftar, homme fort de l’est du pays.

Enième tentative pour lancer un processus électoral et politique censé sortir le pays de l’ornière, cette conférence suit celle de Paris en mai dernier qui avait abouti à un accord sur une date, le 10 décembre, en vue de tenir des élections nationales.

Les Nations unies, chargés de trouver une solution en vue de stabiliser la Libye, minée par les divisions et les luttes de pouvoir depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, ont toutefois annoncé jeudi que le processus électoral a été retardé et devrait finalement démarrer au printemps 2019.

Et cette nouvelle conférence est déjà fragilisée, avant même son coup d’envoi, par le refus du maréchal Khalifa Haftar d’y participer, selon des médias libyens proches de ce militaire dont les forces contrôlent la plus grande partie de l’est du pays.

Un haut responsable de l’Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée par le maréchal, a affirmé à l’AFP que le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte s’était rendu dimanche 11 novembre à Bengahzi dans l’est de la Libye pour y rencontrer Haftar.

A Rome, une source proche du gouvernement italien a toutefois catégoriquement démenti un tel voyage. Cette source n’a pas été en mesure de confirmer si Conte s’était en revanche entretenu par téléphone avec le maréchal Haftar, ou s’il avait pu avoir confirmation ou non de sa présence en Sicile. Comme lors du sommet de Paris en mai dernier, Haftar a été invité autour de la même table avec le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) internationalement reconnu, Fayez al-Serraj, le président du Parlement, Aguila Salah, et celui du Conseil d’Etat, équivalent d’une chambre haute à Tripoli, Khaled al-Mechri. Rome a aussi invité des dignitaires et représentants tribaux et de la société civile.

La conférence de Palerme, minée par les tensions entre factions libyennes, l’est aussi par les divisions entre les différents pays qui s’intéressent de près à la Libye.

« Unifier les positions de Paris et Rome »

Dans une interview à l’AFP jeudi, Serraj a ainsi souhaité que la conférence débouche sur « une vision commune vis-à-vis du dossier libyen », soulignant « la nécessité d’unifier les positions » de Paris et Rome.

L’Italie est surtout très préoccupée par le problème des migrants dont des dizaines de milliers cherchent chaque année à joindre ses côtes à partir de la Libye où les passeurs, profitant du chaos, sont très actifs.

« La conférence de Palerme est un pas fondamental dans l’objectif de la stabilisation de la Libye et pour la sécurité de toute la Méditerranée », a affirmé cette semaine Giuseppe Conte. Après la rencontre de Paris, Rome avait reproché à Paris de vouloir faire cavalier seul sur la Libye, dirigée aujourd’hui par deux entités rivales : le GNA, issu d’un processus onusien basé à Tripoli et une autorité installée dans l’Est soutenue par un Parlement élu en 2014 et une force armée dirigée par Haftar.

En mai dernier, Paris avait fortement plaidé pour la tenue d’élections en décembre, rencontrant très vite le scepticisme côté italien, mais aussi côté américain.

Salame enterre la perspective d’élections avant 2019

« Nous soutenons les élections le plus tôt possible, mais des délais artificiels et un processus précipité seraient contre-productifs », a déclaré jeudi David Hale, numéro trois de la diplomatie américaine, au Middle East Institute de Washington.

Un avis partagé par l’envoyé spécial des Nations unies Ghassan Salame qui a indiqué jeudi devant le Conseil de sécurité de l’ONU qu’une conférence nationale devrait se tenir début 2019, enterrant de facto la perspective d’élections avant la fin de l’année. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est attendu à Palerme, tout comme la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini. Ce nouveau rendez-vous en Sicile intervient après un regain de combats dans la capitale libyenne où au moins 117 personnes ont été tuées entre fin août et fin septembre.

Le retour au calme et la remise en marche de l’économie sont d’ailleurs deux des thèmes qui seront abordés lors de cette conférence, a-t-on indiqué de source diplomatique italienne.

Jeune Afrique

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