Laurent Gbagbo est donc de retour à la barre de la Cour pénale internationale. L’ancien président de Côte d’Ivoire est dans le box des accusés, aux côtés de Charles Blé Goudé, l’ex-leader des Jeunes patriotes. Tous deux sont poursuivis pour crime contre l’humanité. L’audience de ce lundi a permis à la défense de plaider l’acquittement et d’exposer son argument principal, le manque de fiabilité du dossier du procureur.
Pour la défense, le dossier du procureur comporte de nombreuses anomalies, à commencer par une définition de sa thèse qui n’est pas établie, manque de preuves pour définir l’existence d’un plan commun établi par un cercle restreint de l’ancien président, qui aurait commis des violences pour se maintenir au pouvoir. Des preuves, qui de manière générale, sont peu fiables et dont l’authenticité est largement remise en question par la défense.
Cette dernière journée d’audience a mis en lumière une question importante : comment trouver des sources fiables en période de crise ? Un point déjà soulevé par le procureur qui assure que ses sources, replacées dans leur contexte, ont de la valeur. Mais aux yeux de la défense, il s’agit là d’une faille.
Les avocats de Laurent Gbagbo en sont convaincus : le bureau du procureur a eu libre accès aux personnes ressources dès 2011. Ils remettent en question la proximité entre les autorités et l’équipe du procureur.
« Il ressort clairement que le procureur a collaboré étroitement avec les autorités ivoiriennes pour mener ses enquêtes dès 2011. Nous savons que Jean-Pierre Mignard, avocat d’Alassane Ouattara, a transmis au procureur le 21 mars 2011, donc en plein milieu de la crise, un rapport sur la situation humanitaire en Côte d’Ivoire, établi à la demande d’Alassane Ouattara », explique Me Jennifer Naouri, avocate de la défense.
Des documents douteux pour la défense
La défense doute donc de l’authenticité de nombreux documents militaires, du registre de la résidence, et de papiers d’état civil fournis par l’accusation.
Exemple pour Me Naouri avec le permis d’inhumer d’une victime établi par la mairie d’Abobo : « Ce permis d’inhumer est daté du 3 mars 2011. Comment est-il possible qu’un permis d’inhumer ait été délivré le 3 mars 2011, alors que la mairie était fermée ? Ce document qui pouvait paraître authentique est, à l’évidence, un faux qui a l’air d’un vrai. Et si ce permis d’inhumer est un faux, qu’en est-il des autres documents qui ont le cachet de la mairie d’Abobo ? »
Dans cet état d’esprit, la défense estime que le dossier ne tient pas. Et qu’il est bien difficile de prouver la responsabilité de son client dans les violences survenues en 2010 et 2011.
Procès Gbagbo: la fiabilité des sources remise en cause par la défense
Source: RFI