Trois voleurs des installations sanitaires et fils électriques dans les logements construits par la Société immobilière et foncière du Mali (Sifma) ont été jugés et condamnés, hier par le tribunal de Kati. La société déplore l’extraction des objets dans 350 bâtiments à Kati.
Les faits sont qualifiés de “gravissime” par le ministère public. Sa plaidoirie de répression, trois ans ferme pour les désormais voleurs des lavabos a été largement satisfaite par le président de la Cour.
“Sekou Diarra et Mamadou Dembelé reconnus coupable des faits reprochés sont condamnés à cinq ans d’emprisonnement ferme et le paiement de 1 200 000 FCFA pour le dommage causé”, a prononcé le président de la Cour.
Les faits
Dans le cadre du partenariat public privé, la Sifma a construit 600 logements sociaux à Kati. La réception provisoire des bâtiments finis depuis mars 2017 a été faite par l’Office malienne de l’habitat (OMH). Mais depuis des mois, la société constante le vol des matériels sanitaires et les fils électriques dans ces bâtiments, toujours sous sa responsabilité. Soucieuse du respect du cahier de charge, la société a engagé plus de « soixante gardiens et dix policiers » pour veiller sur le site. Une mesure qui n’a pas dissuadé les malfrats.
En d’octobre, Sékou Diarra est pris la main dans le sac avec deux lavabos. A la police, la trentaine a révélé le nom de Mamadou Dembélé, un jeune tailleur comme son complice. Les commençants, Toumani Doumbia et Oumar Doumbia sont cités comme étant les recéleurs des objets volés. Ils seront interpelés aussitôt. Après un long séjour à police dû à la grève des magistrats, ils sont tous les quatre placés en détention le 9 novembre dernier.
Procès verbal du jugement
Les quatre individus, tous jeunes, ont comparu en audience de flagrant délit le 14 novembre. Grand de taille, la tête et barbes bien rasés mais avec des grosses moustaches, Sékou Diarra, sans aucune contestation, reconnaît avoir volé des lavabos dans les bâtiments de la Sifma à Kati. « Nous avons fait six fois là-bas. A chaque tour, nous enlevions les lavabos de deux maisons », a-t-il avoué. Même s’il a été pris seul la main dans le sac, M. Diarra a affirmé être toujours accompagné par son ami Mamadou Dembélé, tailleur à Kati. Tout au long de l’interrogatoire, ce dernier qui a été arrêté derrière sa machine à coudre n’a jamais reconnu les faits reprochés.
« Je n’ai jamais volé de ma vie. Je ne savais même pas que Sékou était un voleur. J’ignore pourquoi il m’a cité dans cette affaire », a-t-il répété plusieurs fois au cours du procès pendant que Sékou insistait sur sa complicité. Interrogé par le président de la Cour sur mes mots dans le procès verbal de la police, Mamadou Dembélé rejette le contenu du document car dit-il, il a été maltraité par les enquêteurs. « Ils m’ont torturé avec la matraque électrique. Pour sauver ma peau, j’étais obligé de mentir sur moi même », a-t-il confessé.
Quant aux deux commerçants, ils ont assumé avoir acheté des lavabos avec Sékou. Toumani et Oumar ont affirmé n’avoir jamais su que c’étaient des objets volés.
« Je vends seulement les anciens lavabos. Je traite avec les plombiers et des propriétaires qui veulent changer leurs installations. J’ai demandé plusieurs fois à Sékou s’il était plombier, il l’a confirmé. C’est pourquoi, j’ai acheté deux fois les lavabos avec lui », a souligné Oumar Doumbia. Toumani aussi a confirmé avoir posé la même question au détenu et la réponse a toujours été positive. Des affirmations reconnues par Sékou. Par contre, les deux commençants ont témoigné n’avoir jamais vu Mamadou, le tailleur. « Sékou venait seul », ont-ils précisé.
Si Toumani et Oumar ont convaincu la Cour de leur innocence, Mamadou non. Il écope de cinq ans d’emprisonnement ferme comme son ami Sékou Diarra.
Le voleur des fils électrique
Le procès d’un autre jeune pris en flagrant délit de vol de fils électriques dans les bâtiments sur le même site de la Sifma a suivi celui des voleurs de lavabos. Courant le mois d’août, Badié Niaré a été interpellé en pleine extraction des fils. Devant le juge, il a avoué avoir dépouillé quatre bâtiments de leurs câbles. La vingtaine révolue, il a été condamné à quatre ans d’emprisonnement dont un an avec sursis et le payement de 1 200 000 FCFA.
La Sifma mécontente
Issa Bagayoko, représentant la Sifma à ces procès a annoncé immédiatement que sa société fera appel. Avec les constats d’huissiers en main, il a affirmé que les installations sanitaires et électriques de 350 logements ont été volées. Le préjudice est estimé à 70 millions pour les installations sanitaires qu’il réclamait à Sékou et Mamadou Dembélé et 12 millions de FCFA pour les fils électriques.
La cause du retard de l’attribution
La Sifma ne serait pas la seule société victime de ces types de vol. Plusieurs autres sociétés font les frais, notamment à Tabaccoro, selon un membre de la commission d’attribution des logements sociaux. « Comment peut-on attribuer un logement sans toilette ni courant ? », s’est-il interrogé. Celui qui a requis l’anonymat a confié que ces problèmes expliquent en grande partie le retard dans l’attribution des cinq milles logements dont plus de vingt mille (20 000) postulants attendent impatiemment d’être bénéficiaires.
Logements sociaux : Quand les voleurs retardent l’attribution
Maliki Diallo
Source: L’Indicateur du Renouveau