Après la proclamation de l’indépendance, le Gouvernement de la jeune République s’attèlera à l’organisation et à la réalisation d’une base économique englobant tous les secteurs.
Le décollage socio-culturel et économique ainsi amorcé par la jeune République du Mali sous la conduite de l’US RDA en si peu de temps ébranlera fortement le Gouvernement de la France colonialiste qui infiltrera le système par des sbires à sa solde, avec pour seule mission la déstabilisation de la jeune République du Mali.
Ce n’est pas un hasard si en 1963 la rébellion, tirant son essence de la loi 57-7-27 du 10 Janvier 1957 créant l’OCRS mais rejetée par les Dirigeants de l’époque a éclaté au nord du Mali. Ce n’est encore pas un hasard si le 19 Novembre 1968 des militaires félons ex légionnaires français à la solde de l’impérialisme ont renversé le régime de l’US RDA.
Le Président Modibo KEITA et d’autres responsables arrêtés, mis en prison et déportés au Nord pendant 5 voire 10 ans sans jugement et toutes les Sociétés et Entreprises d’Etat créées sous l’US RDA pillées et bradées jetant ainsi des milliers de pères de famille dans la rue au chômage forcé sans ressources.
Les travailleurs du secteur l’Etat connaitront des retards de salaire de 3 voire 4 mois. La misère s’est installée et le Malien a perdu toute dignité.
Ce 19 Novembre 1968 qui a vu des militaires ex légionnaires français rentrés dans l’histoire par effraction selon Ibrahima B KAKE marque la descente aux enfers du Mali jadis respecté et admiré sur le plan africain et mondial.
Pendant 23 le régime militaro fasciste a usé de tous les moyens pour ternir l’image du Président Modibo KEITA au point que prononcer son nom est un sacrilège.
Durant 23 ans, le Comité militaire de libération nationale (CMLN) et l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), à la tête desquels se trouvaient les membres de junte, ont plongé notre pays dans l’obscurantisme ; la perversion et la dépravation des mœurs. Ils n’ont épargné aucun secteur de la vie socio politique du bradage. L’école, les sociétés et entreprises d’Etat ont été les premiers piliers du Mali à subir les affres des militaires.
Le peuple bâillonné, l’armée désarticulée des militaires pas des moindres envoyés mourir à
Taoudéni suite à des atrocités innommables et dans des conditions affreuses, et cet effet, il sera procédé à :
- Création du Bagne de Taoudénit par Décret 132/PGP-RM 14 Août 1969
- Une cour spéciale dite de Sureté de l’Etat par Décret 163/CMLN.18 Septembre 1969
Tous les opposants ou supposés l’être sont arrêtés jugés et envoyés mourir à Taoudénit.
Moussa Traoré seul maitre à bord fera arrêter la quasi-totalité des membres du CMLN dont le Chef de Gouvernement et d’autres officiers.
« Le voleur cri au voleur »
Aucun droit n’est accordé aux détenus du régime. Pour preuve tous les membres du dit CMNL et autres Officiers arrêtés furent réduits aux grades de simples soldats alors que certains d’entre eux étaient au moment de l’indépendance sous officiers dans l’armée française avant leur arrestation.
Le colonel Youssouf Traoré membre du CMLN a échappé grâce à l’agilité de ses jambes. Ce qui lui amènera au retour de sa cabale à faire la déclaration suivante après le 26 Mars 1991 :
« Mr le Président, …toutes mes félicitations pour tous les sacrifices consentis afin de débarrasser définitivement notre Cher Pays d’une dictature militaire sanguinaire ! Que dire des 23 ans de mensonge, de pillage économique et de dictature sanguinaire du régime militaire symbolisé par le pouvoir personnel. En vérité, le 26 Mars, dans le cœur du peuple martyr, l’armée n’avait plus aucun crédit.” Et Youssouf de poursuivre : “Mr le Président, il y a vraiment de quoi avoir peur pour l’avenir de la démocratie au Mali lorsque “le voleur crie au voleur ” et que de grands criminels sont en liberté ou s’engagent à donner à leurs victimes des leçons de bonne conduite. Il y a réellement de quoi avoir peur lorsque, après la chute de Moussa les anges gardiens de son régime sont plus forts que jamais”.
« Les conséquences désastreuses de l’entrée de notre pays dans l’UMOA en juin 1974, la fermeture de certaines sociétés et entreprises d’état, le licenciement abusif de milliers de travailleurs, l’intervention du FMI et de la Banque mondiale résultent essentiellement de la gabegie organisée et du pillage des caisses de l’Etat de 1973 à 1980 sous la responsabilité personnelle du général Moussa Traoré »
Pour avoir dénoncé la scélérate constitution du 02 Juin 1974 qui interdisait aux cadres et responsables de l’US RDA d’exercer toutes activités politiques en République du Mali et ce pour une période de dix ans , Oumar Sory Ly, Pr Ibrahima Ly, Cheick Sadibou Cissé ,Ibrahima Traoré, Mohamedou Dicko, Adama Samassékou et d’autres camarades patriotes furent arrêtés et mis en prison (5 ans)
En juin 1979 arrestation de Mamadou El Béchir Gologo, Drissa Diakité, Mamadou Bamou Touré, Papa Sékou Sidibé et d’autres camarades pour avoir dénoncé la gabegie et la liquidation de l’Etat Malien. Certains écoperont 4 ans de prison.
Après avoir assassiné MODIBO KEITA, père de l’Indépendance et premier Président du Mali indépendant le 16 Mai 1977, le régime militaro-fasciste poussera l’ignominie jusqu’à interner sa digne et fidèle compagne dans la cellule où il fut assassiné lui interdisant l’observation du veuvage.
Pensées pieuses à Modibo Keïta !
C’est aussi le régime militaro fasciste qui le 06 Janvier 1991 répondant aux vœux du Gouvernement de la France colonialiste a signé les Accords de Tamanrasset qui disent substance :
Article 5 : Dans le cadre du présent accord, les forces armées maliennes se désengageront de la gestion administrative civile et procèderont à la suppression de certains postes militaires.
En ce qui concerne les villes (chefs-lieux de Régions et de Cercles) les casernes seront progressivement transférées vers d’autres sites plus appropriés.
Article 6 : Les forces armées maliennes éviteront les zones de pâturages et les zones à forte concentration de populations dans les 6è et 7è Régions actuelles.
Article 7 : Les forces armées maliennes se confineront à leur rôle de défense de l’intégrité territoriale dans les frontières.
Article 8 : Les combattants peuvent intégrer les forces armées maliennes dans les conditions définies par les deux parties.
Il faut lire les ouvrages suivants :
– Dix ans au bagne mouroir de Taoudénit » de Samba Sangaré
– Sur le chemin de l’Honneur de Guédiouma Samaké
– Ma vie de Soldat de Soungalo Samaké
Pour mesurer l’ampleur des cruautés, tortures et sévices dont les plus atroces sont dictées par Moussa Traoré en personne.
D’évènement en évènement et face à la boucherie sauvage, le peuple malien comme il sait le faire s’est dressé comme un seul homme et a mis fin au régime qui, pendant 23 ans n’a cultivé que gabegie, corruption, prostitution intellectuelle et misères de toutes sortes un 26 mars 1991.
En ce 50ème anniversaire du putch des jeunes officiers félons à la solde de l’impérialisme français, nos pensées pieuses vont au Président Modibo KEÏTA et à tous ses valeureux compagnons qui ont libéré notre pays et guidé les premiers pas de notre édification nationale fait du Mali un pays debout, fier, digne et respecté dans le concert des nations.
Nous saluons aussi la mémoire de tous les patriotes civils et militaires victimes de la barbarie sauvage de la junte.
Nous sommes fiers de leur œuvre et les assurons que leurs sacrifices ne seront pas vains. Morts ils sont plus aimés et respectés que vivants.
Dormez en paix dans cette terre malienne que vous avez tant aimée et servie.
Votre œuvre sera continuée.
19 Novembre 1968- 19 Novembre 2018 : Requiem du pouvoir militaire qui renversa Modibo Keïta !
I G MAIGA
Source: L’Aube