Pour stabiliser et sauvegarder l’institution parlementaire, les députés de l’opposition ont choisi de rallier leurs collègues de la majorité pour voter la loi organique portant prorogation du Mandat des députés. En l’absence d’un consensus, c’est un véritable pied de nez, voir une correction aux leaders de l’opposition, toutes chapelles confondues qui étaient vent debout contre cette initiative d’émanation pourtant parlementaire.
S’il faut saluer cette liberté de choix des députés comme inhérent à la démocratie, on peut ne pas aussi relever le non-respect des consignes par eux de leurs états-majors politiques. Toutes choses qui, en politique, relèvent de l’indiscipline. Comme toute réaction à cette indiscipline parlementaire si ce n’est une rébellion, c’est l’omerta de la part des principaux leaders de l’Opposition. Comme s’ils ont donné leur langue au chat, tous se taisent. Or, il y va de leur responsabilité et de la crédibilité de leurs regroupements (FSD et COFOP) d’assumer le désaveu faute de pouvoir prendre des sanctions contre les députés qui ont voté pour la prorogation du mandat des députés, en annulant la marche qu’ils ont projetée pour le 4 décembre. Une marche qui serait désormais, si elle est maintenue, contre leurs propres députés.
Attendu sur ce terrain de crédibilité politique, l’Opposition malienne, dynamitée et dans la pire tourmente de son existence, défausse et vautre dans les caniveaux. Si elle ne joue pas à la victimisation risible en criant à la trahison et aux calembours pour traiter ses propres élus de « de putes » vendus, comme si le mandat parlementaire était désormais impératif au Mali, l’opposition fait dans la diversion manipulatrice en faisant la comptabilité redondante des voyages du président IBK ou simplement en s’émouvant de l’agenda des plus hautes autorités.
Comme le dirait Jean Saint-Josse « quand ils sont au gouvernement, ils ne trouvent pas de solution, vous les mettez dans l’opposition et tout d’un coup, ils ont des idées ». Un des barons pourtant respecté de cette opposition qui n’a eu aucun mot sur la neutralisation du chef djihadiste du centre du pays, à plus forte raison un quelconque hommage aux Famas trouve qu’au Mali c’est : « le laisse-guidon », vous connaissez ?
IBK en voyage privé, SBM en visite de travail à l’étranger, le Gouvernement en vacances, l’A.N. dans la tourmente, l’opposition dans la rue, la terreur au centre et au nord. Dieu protège le Mali ! »…
La démocratie malienne acquise au prix de tant de sacrifices mérite-t-elle opposition versatile qui se noie dans ses propres incohérences ? S’opposer n’est pas que conjecture. C’est critiquer, dénoncer, mais, c’est aussi proposer, avoir une vision globale, cohérente et prospective pour le pays. S’opposer ce n’est pas que défiance systématique, bravade, révolte, rébellion contre la légitimité. S’opposer, c’est aussi proposer. Comme le dirait l’autre « une opposition sans proposition n’est qu’un mouvement d’humeur ». On n’est pas content, on se ligue dans l’infortune pour dire/faire deux-trois choses, et puis c’est tout ?
Non, la démocratie malienne a besoin d’une opposition, d’une autre opposition plus crédible, pour ne pas dire, comme le président Alpha, en 1997, plus « sérieuse ». Parce que sans une opposition redoutable, il ne peut y avoir de gouvernement fort et vigilant, de démocratie solide. Or, celle-ci, regroupée au sein du FSD et de la COFOP, a franchi tous les seuils d’incompétence, d’incrédibilité et d’incohérence. Il faut, plus que la recadrer, la re-formater, la rénover, la re-créer. Parce que ceux qui l’animent (fatigués peut-être), n’en peuvent plus. Comme le dirait Soumi : « OU DESSERA ».
L’Opposition, ce n’est pas facile. C’est endurer, persévérer, consentir des sacrifices, surtout avoir l’élégance de la patience et s’abstenir de la démagogie et du populisme. OU TE SÈ !
Alors, mettons-la au musée, pour poursuivre l’ancrage de notre démocratie.
OPPOSITION: ‘‘OU DÈSSÈRA’’
Par BERTIN DAKOUO
Source: Info Matin