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Le Croate, vainqueur de la Ligue des champions et finaliste de la Coupe du monde, a décroché le Ballon d’Or 2018. Au nez et à la barbe des Français

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L’histoire retiendra qu’après dix années d’un règne sans partage, c’est Luka Modric qui met fin à l’hégémonie des deux monstres sacrés du football mondial au palmarès du Ballon d’Or. Pour la première fois depuis 2008, ni Cristiano Ronaldo (titré cinq fois), ni Lionel Messi (sacré à cinq reprises également) n’apparaîtront en une du magazine France Football ce mardi avec le trophée entre les mains. Ce ne sera pas non plus, malheureusement pour la France, Antoine Griezmann (3e), Kylian Mbappé (4e, récompensé quand même du nouveau Trophée Kopa réservé aux moins de 21 ans)ou encore Raphaël Varane(7e), prétendant à cette prestigieuse récompense individuelle. La Coupe du monde décrochée l’été dernier en Russie n’a pas suffi.

 

«Il a quelque chose qui disparaît progressivement, l’humilité footballistique, quand le meilleur joueur ne pense pas qu’à lui quand il est sur le terrain»

Mario Stanic, ancien international croate

Les 180 journalistes spécialisés aux quatre coins du monde, appelés à faire leur choix parmi une liste de 30 joueurs, ont privilégié le maître à jouer des finalistes malheureux pour succéder à Ronaldo. L’antithèse de CR7. Un joueur à l’apparence chétive. Qui ne prend pas la lumière mais contribue à éclairer le jeu de ses équipes. À faire briller ses partenaires. « Modric ne joue pas au football, il le prêche, s’est enthousiasmé l’été dernier l’ancien international croate Mario Stanic. Il a quelque chose qui disparaît progressivement et qu’on voit de plus en plus rarement sur les terrains, l’humilité footballistique, quand le meilleur joueur ne pense pas qu’à lui quand il est sur le terrain. C’est la pierre angulaire sur laquelle Modric a bâti son sanctuaire pour devenir un dieu du football. »

Modric (33 ans) ou l’éloge de la patience. La consécration de la simplicité. De l’esthétisme au service du collectif. Bien loin de l’excentricité et des paillettes. Un surdoué du ballon rond qui a connu la guerre – contraint, à l’âge de 6 ans, de fuir le village de Modrici avec sa famille vers la ville côtière de Zadar durant la guerre d’indépendance croate (1991 à 1995). Les galères avec comme seul terrain de jeu à l’époque le parking d’un hôtel de réfugiés. Mais aussi des doutes au sujet de son physique et des prêts dans de petits clubs bosniens (Zrinjski Mostar) et croates (Inter Zapresic) pour s’endurcir. Avant l’éclosion au Dinamo Zagreb (2005-2008), la progression logique à Tottenham (2008-2012) et la confirmation depuis au Real Madrid. Au point d’être considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs milieux de terrain du monde.

Une image brouillée en Croatie

Vainqueur de la Ligue des champions pour la troisième année consécutive avec les Merengue, Modric a été le grand artisan du parcours historique de la Croatie lors de la Coupe du monde 2018. Un véritable maestro qui dicte le tempo. Récupère, oriente, distribue. Ce volume de jeu et ses performances lui ont valu les titres de meilleur joueur UEFA et Fifa de l’année. Sans oublier sa récompense de meilleur joueur du Mondial 2018. Autant d’arguments suffisant aux yeux de ses admirateurs pour justifier ce Ballon d’Or 2018. Le premier de l’histoire pour un joueur croate. « Modric est le meilleur ambassadeur de la Croatie dans le monde depuis que le football relie les peuples », estime d’ailleurs Miroslav Blazevic, ancien sélectionneur des Vatreni. Un ambassadeur controversé toutefois. Loin de faire l’unanimité dans son propre pays. Même détesté par une frange de la population croate. Certains sont même allés jusqu’à réclamer sa destitution du rôle de capitaine. Pourquoi tant de haine ? Une inculpation pour faux témoignage dans le procès Zdravko Mamic, ancien patron du Dinamo Zagreb et décrit comme le parrain du football croate.

Ce dernier, arrêté en 2015 sur des soupçons d’évasion fiscale et de corruption, a été condamné à six ans et demi de prison en juin dernier pour fraude dans certains transferts de joueurs, dont ceux de Dejan Lovren et Luka Modric. Le nouveau Ballon d’Or a certes été blanchi dans cette affaire en octobre. Mais cet épisode a considérablement nui à sa réputation en Croatie. Il faudra certainement du temps et bien plus qu’une telle distinction honorifique pour effacer cette page sombre de sa si belle histoire.

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Par Vincent Duchesne

Source: sport24.lefigaro.fr

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