Au-delà d’une revendication politique, la marche du samedi 8 décembre du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques (Cofop) a un caractère social. La question de la vie chère et le dialogue social avec les syndicats sont indicateurs.
Après la répression du meeting du 16 novembre 2018, le Front pour la sauvegarde de la démocratie et la Coalition des forces patriotiques envisagent une marche ce samedi 8 décembre.
Les organisateurs disent manifester contre la prolongation du mandat des députés, la répression des manifestants le 16 novembre, l’augmentation du prix des denrées alimentaires et de première nécessité.
“La marche vise à sauver notre démocratie. C’est ce que nous avons en commun”, soutient Ousmane Goïta, militant de la Convergence pour le développement du Mali, membre de la Coalition des forces patriotiques. “Ce qui s’est passé en juin et en novembre est une indignation”, ajoute-t-il. Pour lui, cette attitude du gouvernement n’est pas à encourager.
El hadj Tandina du Parena, membre du Front pour la sauvegarde de la démocratie, se rappelle de la réponse des forces de l’ordre du 16 novembre. “Des agents se sont acharnés sur Amadou Araba Doumbia, député à l’Assemblée nationale et membre du Bureau politique du parti Sadi. Pourtant, son macaron d’élu national était bien accroché sur son boubou blanc. Il a été violemment frappé à coup de bâtons et de matraques”, rappelle El hadj Tandina du Parena.
Les examens radiologiques ont révélé une fracture de la cote du côté gauche sans atteinte du poumon, affirme-t-il, ajoutant que d’autres participants au rassemblement ont été blessés. “Quelques-uns ont été interpellés et au moins deux militants sont détenus au commissariat du 1er arrondissement de Bamako. Il s’agit de Sadou Touré, 38 ans, et de Bassidi Haïdara, 28 ans…”
“Nous ne sommes plus à l’époque de la barbarie. Cette agression ne restera pas sans conséquence”, promet-il. Et d’assurer qu’au plan judiciaire, des plaintes, avec constitution de partie civile, seront lancées contre SBM, le général Salif Traoré, le commissaire divisionnaire Siaka D. Sidibé, directeur de la police du district et le commissaire principal Siriman dit Bah Tangara, commissaire du 1er arrondissement de Bamako pour “violation de la Constitution et de la loi, coups et blessures volontaires ayant entraîné de graves lésions”.
Pour lui, la marche populaire de protestation et de résistance contre la répression, la violation de la Constitution, les dérives anti-démocratiques et autocratiques, les projets de découpage territorial et de déstabilisation du Mali et l’insécurité est une impérieuse nécessité.
Dr. Ibrahim Boubacar Sow soutient la diversité de l’opinion entre les couches sociales et les formations politiques. Ce professeur à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako est de ceux qui pensent que la liberté d’expression et de marche anime le régime démocratique.
“En démocratie, lorsqu’on s’en prend au droit de manifestation pacifique garanti par la Constitution, ce régime veut intimider et terroriser l’opposition, les forces vives et l’ensemble du peuple malien. Cela est très clair dans la charte des partis politiques et le statut du chef de file de l’opposition. On ne peut pas voter des lois et marcher sur elles”, explique-t-il.
“Je crois que le peuple ne doit point céder. Puisqu’aucune liberté publique n’est soumise à l’autorisation du gouvernement. C’est un droit constitutionnel et il n’est pas négociable”, précise-t-il. Mais, prévient-il, l’opposition doit se prémunir d’arguments juridiques pour respecter son droit.
“Lorsqu’une marche est interdite, les organisateurs ont la possibilité de se pourvoir à la Cour constitutionnelle, garante de la loi. Si cela n’est pas fait, elle deviendra complice du non-respect des lois”, déclare-t-il, rappelant que si la marche du samedi se confirme par les principales organisations, on va vers la détérioration du climat politique.
“Au-delà d’une revendication politique, la marche du samedi 8 décembre du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques (Cofop) a un caractère social. La question de la vie chère et le dialogue social avec les syndicats sont indicateurs…”
Désormais, la lutte entamée contre un régime d’Ibrahim Boubacar Kéita se ramifie.
Marche du FSD et COFOP : Vers la détérioration du climat politique ?
Bréhima Sogoba
Source: L’Indicateur du Renouveau