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Dans un pays à terre, la démocratie devient un slogan

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Le président Modibo Keïta ne s’est pas retrouvé à la tête du Mali à la suite d’un coup d’Etat, il a accédé au pouvoir grâce à un mouvement populaire démocratique. Il a bénéficié d’une démocratie de «Fait accompli». Le président Moussa Traoré s’est hissé à la tête de la nation malienne à l’issue d’un coup de force, pourtant il a eu un soutien populaire parce qu’il avait parlé de démocratie et de liberté.

Pour le leader militaire la démocratie est nécessaire, mais elle doit se faire au sein d’une structure unique. Donc la démocratie «contrôlée». Le général avec sa démocratie cernée tomba sous la passion des multipartistes. Ces derniers ont prôné une démocratie populaire élargie et accessible à tous. Une démocratie «claniste» où tout est permis.

Le président Modibo Keïta a créé un Etat, le général Moussa Traoré a maintenu l’honneur du Malien, les multipartistes ont apporté la liberté d’expression, mais aussi l’anarchie et la faiblesse. Depuis près de trente ans, tout est permis au Mali. L’école n’est plus une priorité, le jeune Malien qui ne sortait qu’après le baccalauréat, ne reste plus étudier au pays si ses parents ont les moyens. L’étudiant malien fier et respecté est devenu du has been. La citoyenneté n’est plus mise à la tête de notre liste.
Le Malien, fils du Maliba, vole, triche et détourne sans vergogne. Les fonctionnaires sont devenus des milliardaires, plus riches que les opérateurs économiques, qui se sont recyclés en de véritables porteurs de fonds et d’experts en blanchiment de capitaux. La dignité et l’honneur ne sont plus dans le comportement mais dans la poche.

Depuis près de trois décennies le même clan, les mêmes potes se succèdent à la tête de la nation, la main passe ou on se pousse, depuis tout ce temps bien que nous ayons eu certaines commodités, nous avons perdu notre âme et notre futur est bien hypothéqué. La relève n’a pas été préparée, le pays n’a pas été sécurisé. Nos pères de la démocratie se sont plus concentrés sur le jeu du pouvoir. Qui faire partir, qui maintenir, qui se positionner ou qui positionner ?

Les querelles d’ambitions pour accéder au sommet n’ont pas donné le temps à ces hommes politiques de se pencher sur les moyens de consolidation du pays. Les institutions sont tombées dans la désuétude à leur insu, ils ont affaibli et corrompu l’armée pour se protéger, ils ont abandonné l’école malienne pour laisser leurs enfants venus des écoles d’ailleurs devenir l’élite. Le peuple a détourné le regard, le pays se fragmente chaque jour. Ils se cramponnent encore tels de vieux dinosaures qui résistent au temps. La démocratie est devenue leur fond de commerce ou plutôt leur produit d’appel.

Le monde a évolué pourtant ils tiennent, même en se perdant dans cette forêt de dématérialisation, ils persistent. Le peuple s’est muté en citoyen actif, impliqué avec le numérique. La rue s’est élargie sur le net, le citoyen ne se tait plus, les politiques ne peuvent plus se cacher. La gestion de l’Etat a changé, les nouveaux dirigeants doivent être des leaders 2.0 et savoir maîtriser un peuple sur deux fronts, réel et, virtuel impactant. Les pays sont devant des mouvements violents à cause de la circulation des informations.

Les rebellions des citoyens mécontents prennent des formes religieuses ou de politique d’autonomie dans les pays pauvres, et dans les pays nantis l’immigration et le déséquilibre économique deviennent des bombes sociales. Notre pays, le Mali, est confronté à cette réalité, il est affaibli, divisé et ses leaders sont en guerre de positionnement pour le pouvoir en brandissant la mal gouvernance, et la menace sur la démocratie.
Un pays disloqué, un peuple égaré est un corps malade qui doit d’abord se soigner. Quand le Mali se réunira sous un leadership éclairé, en dehors d’ambitions revanchardes, il entamera sa construction et sa consolidation. Cela ne sera pas possible sans l’engagement de cette génération sautée.

Macké DIALLO

Source: Le Reporter

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