L’Ecole supérieure de gestion (ESG) a abrité, hier, une conférence-débat sur le thème : «Le chômage au Mali : quelle solution ?». Le conférencier, l’expert comptable et ancien Premier ministre, Moussa Mara, était entouré du président du conseil d’administration d’ESG, Sékou Diarra et de l’administrateur d’ESG, Yacouba Samaké. Ils étaient face à une assistance très nombreuse constituée en grande partie d’étudiants et de professeurs.
Les questions ont essentiellement porté sur l’adéquation formation emploi, les causes du chômage, les différents niveaux de responsabilité face aux chômages et comment y remédier. Le conférencier a expliqué que le chômage n’est pas seulement un handicap en termes de revenus, mais qu’il est aussi l’illustration de l’inutilité, de la dévalorisation et donc d’un échec individuel. Un échec qui peut conduire un homme à des extrémités comme la rupture avec lui-même, avec sa famille et même au suicide… Les violences et autres destructions de biens publics sont des conséquences pour la collectivité. Pour le conférencier, «il est donc du devoir de toute collectivité d’aider ses composantes à trouver un emploi». Tout comme c’est le devoir de tout individu de se battre pour occuper un emploi. Si le chômage est un fléau mondial, Moussa Mara pense que sa problématique n’a pas les mêmes illustrations au niveau des pays et des régions. Il est important d’analyser celles-ci pour apporter les réponses appropriées en la matière, au Mali notre pays, a-t-il dit.
Selon l’ancien Premier ministre, le chômage est principalement un phénomène urbain, mais de plus en plus rural avec l’essor démographique et les pertes en ressources naturelles rurales ainsi que l’urbanisation accélérée. Selon lui, le faible taux de chômage dans notre pays (8%) masque des situations particulières : il touche principalement les jeunes diplômés sans emploi, ceux n’ayant pas de qualifications particulières et ceux qui sont réticents à exercer d’autres types d’activités, notamment manuelles et physiques. Pour Moussa Mara, la plupart de nos concitoyens exercent une activité, mais la majorité de ces activités sont largement sous payées, on peut donc parler plutôt de sous-emploi ou d’emplois mal rémunérés au lieu de chômage. Par ailleurs, l’ancien Premier ministre a rappelé qu’arrivent chaque année sur le marché de l’emploi au Mali, plus de 150,000 jeunes, dont 20.000 diplômés pour un nombre d’emplois formels proposés n’atteignant pas 10.000. Il a déploré que l’entrepreneuriat soit perçu comme une panacée alors que les jeunes n’y sont pas préparés.
L’expert comptable a fait des propositions en disant que l’emploi décent pour les Maliens est le moyen le plus sûr de sortir de la pauvreté et de lancer le pays sur la voie du progrès. Il devrait être la priorité des priorités, a-t-il préconisé. S’agissant du volet éducation-formation professionnelle pour le moyen et le long termes, le conférencier est formel : «il faut prioriser la technique, le professionnel et le secondaire ainsi que la formation professionnelle, dans l’enseignement fondamental, il faut mettre l’accent sur les enseignants plutôt que sur les infrastructures, sur la qualité plutôt que la quantité, créer l’esprit d’entreprenariat chez les jeunes ainsi que la créativité et l’innovation».
Abordant le domaine de l’économie, l’expert comptable propose de mettre le cap sur l’industrialisation et de prioriser ce qui est produit au Mali, orienter la commande publique vers la production nationale, protéger nos producteurs nationaux, faire de cela la priorité économique stratégique du pays et mobiliser l’Etat et toutes nos ressources dans cette direction. «Les jeunes doivent aussi se mouvoir. Malgré toutes les difficultés, on peut s’en sortir, faire les meilleures études, être le plus performant possible, ne pas hésiter à se réorienter, connaître le marché de l’emploi, se préparer à la recherche, ne jamais se décourager, entreprendre si possible pour créer son emploi et se sacrifier pour son projet», a souligné le conférencier.
Issa B. TRAORÉ
Source: L’Essor