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Idrissa Touré, juge de Bafoulabé : “Un 3e syndicat de magistrats ne résoudra pas le problème”

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Analysant la crise interne au sein des syndicats des magistrats, le juge Idrissa Touré est convaincu que la création d’un 3e syndicat de magistrats ne résoudra pas le problème. Il nous faudra accepter de nous parler et trouver convergences dans nos visions quelque peu opposées par des considérations autres que l’équilibre du corps, plaide le juge de Bafoulabé. 

Sur sa page Facebook, le juge de Bafoulabe évoque la création d’un nouveau syndicat au sein du corps de la magistrature.  “Le juge c’est le secrétariat des pleurs, le guichet des doléances, le bureau de la quérulence ouvert sur l’extérieur quand le grand mouvement de la vie ne va plus très fort, qu’il y a comme du roulis et du tangage sur le bateau ivre de l’existence”.

“Seulement c’était hier, quand être investi de la charge de juger ses concitoyens était plus un sacerdoce qu’une sinécure. Malheureusement, aujourd’hui avec l’arrivée dans le sanctuaire vénérable qu’était un palais de justice, d’hommes nouveaux auxquels l’honneur et la dignité y ont longtemps interdit l’accès, ces lieux sont devenus plus des salles de spectacles que de vérités ‘légales’.

Libres et indépendants par vices plutôt que par vertus, les hommes se signalent moins par leurs postures morales et intellectuelles que par l’excès de leurs dérèglements, voire l’éclatant scandale de leurs conduites. Revendiquant l’indépendance comme un droit quand c’était d’abord un devoir à l’égard des justiciables, ils ont fini de confondre leurs ministères à leurs personnes et voilà qu’il y a moins d’entente et plus de méfiance, de défiance, voire de la haine entre nous. Quel spectacle pour le justiciable, étonné qu’il se devrait de nous voir incapables de conserver entre nous cette paix que l’on est chargé de distribuer aux autres hommes. Mais bon, à croire que dans un pays livré à l’avidité de ses citoyens, où le moi a pris le dessus sur le nôtre, la vertu ne peut que se cacher en présence du vice.

Un 3e syndicat de magistrats ne résoudra pas le problème. A tort ou à raison on est tous frustré les uns contre les autres. Les petites piques, les détails, les petites jalousies, les rancœurs mal éteintes, etc. ont laissé des traces indélébiles dans les cœurs et les esprits finissant ainsi de triompher de la gloire du juge malien. Pour autant que les gens soient faux et hypocrites dans ce corps, surtout maintenant que beaucoup ne sont intéressés que par la lumière, que l’ambition a aveuglé les cœurs et les esprits en dépit des approximations techniques et morales, il nous faudra accepter de nous parler et trouver convergences dans nos visions quelque peu opposées par des considérations autres que l’équilibre du corps.

Je suis pour l’union syndicale de la magistrature dirigée par des hommes de convictions,  francs, sincères et engagés, n’ayant d’autre postulat que la défense de l’intérêt collectif, pas d’ambitieux, pas de populistes, pas de manipulateurs et surtout pas de gens qui ont peur de s’assumer quand il le faut quoique ça puisse leur valoir”.

A méditer !

A. M. C.

Source: L’Indicateur du Renouveau

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