L’horizon assombri de ce nouvel an n’a pas été seulement la succession de décès brutal des personnalités importantes de notre pays de presque tous les secteurs. La principale centrale syndicale, l’historique Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) s’est mêlée à la danse par la mise en exécution de son mot d’ordre de grève de 72 heures. Or, son Secrétaire Général, le gabelou Yacouba Katilé, était taxé de ramer au même sens que le pouvoir. Tout simplement parce que de l’avis de ses détracteurs, il devrait servir de terreau aux mouvements de contestations politiques de l’opposition. Sinon, que le patron de l’UNTM devrait sortir ses griffes suite aux représailles des manifestations, tenues sur l’esplanade de la Bourse du Travail. Dans la foulée, on voulait même faire sauter de son piédestal d’une manière ou autre le secrétaire général de la centrale syndicale robuste des travailleurs. A la surprise générale ce sont des illustres inconnus de la trempe de Khéfing Kanté qui auraient été fabriqués et téléguidés à cet effet. Sans tambour, ni trompette, Katilé est resté égal à lui-même sans se tromper de combat. Celui de la préservation des intérêts des travailleurs et de la réclamation des droits de ceux-ci.
Cependant, de nombreuses personnes, notamment sur les réseaux sociaux n’arrivent pas à faire le distinguo entre une lutte syndicale et une lutte politique. Ils estiment que cette grève de l’UNTM n’était autre qu’une manœuvre politicienne pour tenter de mettre en ébullition le front social et mettre encore le régime à de rudes épreuves.
Or de cette grève, le plus important n’est pas d’opiner sur le taux de réussite comme si l’on faisait le décompte des militants sortis lors d’une marche de l’opposition. Mais surtout d’évaluer la conduite des grévistes, le bienfondé de leur action qui ne doit pas être entachée de fait partisan politique.
De ce fait, le mérite revient à Katilé qui ne s’est aucunement laissé emporter par la vague des Soumi et sou fifres. Lesquels, dans une démarche d’opposition politique maximaliste, voudraient mettre tous dans le même Cocktail-Molotov : anciens ministres et leaders religieux haineux, activistes chroniqueurs et dirigeants syndicaux sans repères. Cela dans le seul but de rééditer l’insurrection populaire de mars 1991 ou à défaut, la désobéissance civile du COPPO sous AOK.
Les points de revendications de l’UNTM n’ayant pas eu suite favorable, sanctionnés par cette grève du 9 au 11 janvier sont bien clairs et concourent à une seine lutte syndicale. Certes à chaque mouvement de grève, ceux qui sont opposés au régime trouvent à dire et à redire sur, disent-ils « l’incompétence, l’insouciance et l’échec » du Gouvernement, mais la non satisfaction de ces points ne peut être rangée à ces qualificatifs. S’il y’a défaillance, l’on ne pourrait l’attribuer qu’à une seule cause et la deuxième relève d’un jugement facultatif, personnel.
La cause réelle est sans doute l’incapacité financière du Gouvernement à pouvoir honorer, sinon satisfaire certaines revendications d’ordre financier. La crise gronde. Cela fut le cas avec les syndicats des magistrats, face auxquels, le président de la République, son PM et son ministre de la justice ont tous tenu un seul et cohérent discours, relatif à l’indisponibilité des moyens adéquats pour vider leur dossier. Visités par le bon sens et l’esprit de patriotisme, les syndicats des magistrats ont accepté de faire du recul pour pouvoir permettre au pouvoir de revenir en ce nouvel an avec des propositions tenables par lui.
Donc, au regard du fait que l’UNTM avait déjà dégagé les actions en vue (grève de 72 heures) en cas de non satisfaction de son cahier de charges dans son mot d’ordre, il apparaissait difficile sinon impossible d’arrêter Katilé et sa suite dans leur élan de débrayage collectif. Sans quoi, l’UNTM allait donner raison à ceux qui estiment qu’elle est à la solde du régime.
Même si certains au regard de cette grève matinale (début d’année) ont poussé la dérision à des dimensions saugrenues, en faisant répandre que la prise en compte du bien être des travailleurs n’est pas une préoccupation de premier ordre de l’actuel régime, force est d’admettre que les concessions faites notamment en matière d’augmentation de salaire et d’adoption de statuts particuliers qui ont été réalisées sous IBK ne l’ont été sous aucun autre régime.
En outre, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, ce qui reste regrettable c’est le fait qu’il existe une véritable crise de confiance entre les différentes organisations revendicatrices et leurs interlocuteurs du côté du pouvoir. C’est pourquoi la majorité des préavis se concrétisent en grève car les négociations se terminant toujours en eau de boudin. Le pays souffre en réalité de médiateurs crédibles et d’un ministre du front social soucieux des conséquences de ces grèves sur l’économie et l’image du pays. C’est inconcevable, bien évidemment, mais c’est ça.
La Rédaction
Source: Le Sursaut