Six mois après son entrée réussie au Mondial en Russie, la VAR (assistance vidéo à l’arbitrage) s’impose désormais partout en Europe, malgré les polémiques sur la meilleure façon de l’utiliser.
“La VAR est comme un Airbag: ça peut aider en cas d’urgence, mais seulement en cas de véritable urgence”.
Cette vision minimaliste de la VAR, proposée avant le Mondial par l’ex-arbitre suisse Urs Meier, est celle qui a prévalue en Russie. Elle sert désormais de référence dans les grands championnats.
Les Allemands, qui utilisent la vidéo depuis la saison dernière, ont récemment clarifié leur philosophie: “L’assistant vidéo ne doit pas se poser la question: +est-ce que l’arbitre a pris une bonne décision?+ mais au contraire: +est-ce que l’arbitre a pris une mauvaise décision?+”, explique Jochen Drees, le chef du projet VAR à la Fédération allemande de football (DFB).
Autrement dit: le but de la VAR n’est pas d’améliorer l’arbitrage, mais uniquement d’en éliminer les erreurs flagrantes. Tout ce qui relève de l’interprétation, toutes ces situations litigieuses qui animent les talk-shows d’après match, doivent être laissées à la seule appréciation de l’arbitre de champ.
Par ailleurs, l’homme au sifflet est confirmé comme seul maître à bord. L’assistant vidéo ne peut prendre aucune décision. Il ne peut que signaler ce qu’il a vu. L’impression de “double arbitrage” que l’on avait pu avoir aux débuts de la VAR a disparu.
– “Un coup porté à la VAR” –
“L’arbitre ne doit en aucun cas prendre une décision s’il n’a pas vu lui-même l’action”, insiste par ailleurs M. Drees. Concrètement, cela signifie que si la VAR ou l’un de ses juges de touche lui signale une faute, une violence ou une situation qu’il n’a pas vue de ses yeux, il doit consulter son écran de contrôle pour se faire sa propre opinion. Impossible donc d’attribuer un carton rouge ou de refuser un but sur la seule foi du témoignage de la VAR.
Partout en Europe, le bilan est globalement positif: “L’assistance vidéo a permis de diviser par trois le nombre d’erreur impactant le déroulement d’un match”, affirmait en octobre Pascal Garibian, le patron des arbitres français.
Mais les controverses – sans parler des pannes, comme c’est arrivé lors de Monaco-Strasbourg ce week-end en France – n’ont pas disparu pour autant.
En Espagne dimanche, un but du FC Barcelone contre Leganés (3-1) semble avoir été entaché d’une faute préalable de Luis Suarez, qui a percuté le gardien adverse les crampons en avant. Cette faute n’a pas été signalée par la VAR, car elle n’entrait pas selon lui dans la catégorie des erreurs manifestes. Le but a été validé.
“Un coup porté à la VAR”, a titré mardi en Une le quotidien sportif madrilène As, déplorant que l’image décisive permettant de constater la faute de Suarez n’ait été diffusée qu’a posteriori.
– “Sorties de route” –
Les Italiens, qui en sont à leur deuxième saison comme l’Allemagne, avouent aussi avoir un problème de réglage. En décembre, Sky Sport rapportait ces propos d’un arbitre non identifié, comparant la VAR à une Formule 1. “On a commencé un peu fort la saison dernière et en début de saison, on avait ralenti. Là, on a réaccéléré pour essayer de voir où sont les limites, mais du coup il y a quelques sorties de route”.
Reste que, pour des raisons de fluidité du jeu, l’avenir de la VAR est à la modestie. Les Anglais, qui seront les derniers à introduire le système dans leur championnat l’an prochain, l’ont testé dans les coupes. Et cherchent encore des solutions pour accélérer le processus de décision, jugé actuellement trop long.
La solution passe probablement par l’élaboration de protocoles beaucoup plus strictes pour la communication entre la salle vidéo et l’arbitre. “Pour l’instant, chacun dit encore ce qu’il pense”, constate l’Allemand Drees. Son collègue espagnol Carlos Velasco, chef du comité technique des arbitres de Liga, reconnaît également le besoin de “continuer à travailler pour unifier les critères de jugement entre le terrain et la VAR”.
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