Les recherches ont repris mercredi matin pour retrouver l’avion emprunté par le footballeur argentin Emiliano Sala, qui avait exprimé son inquiétude sur l’état de l’appareil avant qu’il disparaisse lundi soir au-dessus de la Manche.
“Nous avons repris les recherches. Deux avions décollent et nous concentrerons nos recherches sur une zone précise où, selon nous, nous avons la plus haute probabilité de trouver quelque chose, en nous basant sur l’étude des marées et de la météo depuis la disparition de l’avion”, a tweeté la police vers 07H30 GMT.
“Les zones côtières autour d’Aurigny ainsi que les rochers et les îles seront également examinés depuis les airs”, a ajouté la police qui avait interrompu mardi au coucher du soleil ses recherches
Les enquêteurs envisagent plusieurs scénarios mais conduisent leurs recherches en privilégiant l’hypothèse qu’Emiliano Sala et le pilote ont survécu et se sont réfugiés sur un radeau de sauvetage, qui était dans l’appareil. Mardi, la police avait prévenu que les chances de survie du duo étaient “minces”.
L’attaquant de 28 ans avait envoyé un message vocal à des proches via la messagerie WhatsApp dans lequel il s’inquiétait de l’état de l’avion. Ses paroles, révélées mardi soir par le quotidien sportif argentin Olé, apparaissent rétrospectivement glaçantes, mais sont prononcées sur un ton calme, et ponctuées de bâillements.
“Je suis dans l’avion, on dirait qu’il va tomber en morceaux, et je pars pour Cardiff”, dit Sala. “Si dans une heure et demie vous n’avez plus de nouvelles de moi, je ne sais pas si on va envoyer des gens pour me rechercher, parce qu’on ne va pas me trouver, sachez-le. Oh là là, qu’est-ce que j’ai peur !”, ajoute-t-il, sur un fond sonore évoquant celui d’un aéronef.
Le légendaire Diego Maradona a dit espérer que l’avion de tourisme se soit “trompé d’aéroport et qu’on le retrouvera vivant”, dans un message audio relayé par le journaliste Martin Arevalo sur Instagram. Mais les autorités britanniques ont assuré avoir “appelé tous les terrains d’aviation du sud de l’Angleterre pour savoir si (l’avion) y avait atterri”.
Le monomoteur Piper PA-46 Malibu emprunté par le joueur, effectuant le trajet Nantes-Cardiff, a disparu des radars lundi soir vers 20H20 GMT, à une vingtaine de km au nord de l’île anglo-normande de Guernesey. Le contrôle aérien de l’île voisine de Jersey avait précisé lundi soir que l’avion et ses deux occupants, qui volaient dans un premier temps à 5.000 pieds, avaient demandé à descendre et évoluaient à 2.300 pieds avant d’échapper aux radars.
Les recherches, entamées lundi soir, ont duré “quinze heures” et couvert près de 3.000 kilomètres carrés, selon la police.
– “Penser au pire” –
S’il est tombé, “l’avion se serait brisé, auquel cas il n’y a pas d’espoir”, indiquait mardi soir à l’AFP John Fitzgerald, directeur général de l’agence de secours maritimes Channel Islands Airsearch. De plus, “la température de l’eau est si froide en ce moment que s’ils (les passagers, ndlr) se
trouvaient dans l’eau, le froid les aurait maintenant gravement affectés”.
“Les heures passent et je ne sais rien, cela me fait penser au pire”: a déclaré, désespéré, le père du joueur, Horacio, mardi soir.
A Nantes, club que Sala venait de quitter pour s’engager avec Cardiff (formation galloise évoluant dans la prestigieuse Premier League anglaise), des centaines de personnes ont déposé des fleurs en hommage à leur meilleur buteur, auteur de 12 buts en championnat en une demi-saison.
A Cardiff, l’émotion était également immense trois jours après la signature du joueur, pour un montant estimé par la presse à 17 millions d’euros, un record pour ce club. Le directeur du club, Ken Cho, s’est dit “choqué”. Un supporter, Josh Thomas, s’est lui lamenté en marge d’un autre rassemblement de fans: “Il était non seulement notre transfert record mais aussi celui qui allait retourner la situation et marquer les buts nous permettant de nous maintenir” en Premier League.
– Prières –
Le 16e de finale de Coupe de France des Nantais contre l’Entente SSG (3e division), prévu mercredi, a été reporté à dimanche, et le foot français a communié mardi, avec de nombreux messages de soutien de la part de clubs et d’acteurs du jeu.
Et provenant de ceux qui avaient côtoyé “Emi”. “Je prie pour Emiliano et sa famille”, a réagi son ancien entraîneur à Nantes, Claudio Ranieri.
Arrivé jeune en France et formé à Bordeaux, puis prêté à différents clubs (Orléans, Niort, Caen), Sala avait avait fini par signer à Nantes en 2015 pour un million d’euros, où il était parvenu à faire oublier ses allures un peu gauches et sa technique rudimentaire grâce à un réalisme précieux.
Après avoir vu s’évanouir la possibilité d’un transfert en Turquie à Galatasaray cet été, il avait finalement obtenu un bon de sortie au mercato d’hiver, au grand dam de l’entraîneur Vahid Halilhodzic, avec lequel il avait tissé une relation forte.
Lundi, il était revenu à Nantes prendre ses dernières affaires avant de rejoindre Cardiff définitivement. Il avait publié une photo de lui entouré de ses ex-coéquipiers, souriant comme toujours.
AFP