Bamako – Un ancien officier des services secrets slovaques (SIS) réclamé par son pays a été enlevé à son domicile privé de Bamako, a appris mardi l’AFP auprès de son avocat malien et d’un comité de soutien.
La Slovaquie, qui a rouvert en 2017 l’enquête sur l’enlèvement en 1995, jamais élucidé, du fils du président de l’époque, Michal Kovac, retrouvé en Autriche voisine, a demandé en vain l’extradition de cet officier, au Mali, où il réside.
“Lubos Kosik, mon client de nationalité slovaque, un ex-officier dans son pays, a été enlevé mardi dernier par des hommes armés à son domicile de Bamako” a déclaré à l’AFP son avocat, Me Youssouf Keïta, annonçant le dépôt d’une “plainte contre X pour enlèvement et séquestration”.
Arrêté après une demande d’extradition de Bratislava, Lubos Kosik avait été relâché en novembre 2018.
“Compte tenu des éléments présentés par la Slovaquie, la justice malienne a rejeté la demande d’extradition” et il a été libéré en 2018, a indiqué à l’AFP une source judiciaire malienne.
“Depuis cette date, nous n’avons plus eu à faire à lui”, a précisé cette source, assurant “que la justice malienne n’a rien à voir dans son enlèvement par des hommes armés la semaine dernière”.
“Nous sommes très inquiets face à cet enlèvement de Lubos Kosik. Il s’était installé au Mali et apprenait le français pour s’intégrer davantage”, a déclaré à l’AFP Michel Désert, membre du comité de soutien.
“Il a toujours dit qu’il n’avait aucune responsabilité” dans l’enlèvement de 1995, a ajouté M. Désert.
“Le voilà enlevé depuis une semaine par des hommes armés. Nous nous demandons si c’est une opération commanditée depuis la Slovaquie”, a-t-il souligné, s’interrogeant sur le fait de savoir “si avec des complicités
locales, certains ne tentent pas d’obtenir par l’illégalité une extradition déjà refusée par la justice malienne”.
Des soupçons sur l’éventuel rôle joué dans l’enlèvement de 1995 par Vladimir Meciar, le Premier ministre slovaque de l’époque et principal adversaire de Michal Kovac, ont persisté pendant des années à Bratislava. Un tribunal autrichien avait considéré en 1995 que le SIS était probablement à l’origine de l’enlèvement.
L’enquête sur cette affaire a été classée en 1998 par le gouvernement de M. Meciar qui nie toute implication de sa part ou de ses services de renseignements dans l’enlèvement.
En avril 2017, le Parlement slovaque a abrogé l’amnistie ordonnée par M. Meciar en 1998 dans ce dossier, ouvrant la voie à la réouverture de l’enquête.
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Source: AFP