Emmanuel Macron s’est longuement invité jeudi à un débat citoyen à Bourg-de-Péage, dans la Drôme, jouant aux questions-réponses avec des Français courtois, mais bien décidés à lui “remettre les idées en place”.
Souhaite-t-il convaincre les Français un par un ? Emmanuel Macron a joué les invités-surprises dans un débat-citoyen avec des Gilets jaunes, jeudi 24 janvier, près de Valence après avoir entendu les doléances d’une soixantaine d’élus lors d’un déjeuner-débat dans la capitale de la Drôme, et un tête-à-tête inédit avec le patron des Républicains Laurent Wauquiez, qui lui a reproché d’être “dans une bulle”.
ISF, chômage, glyphosate : pendant 3 h 15, le chef de l’État, debout, micro en main, a balayé un grand nombre de préoccupations dans un échange de questions-réponses avec quelque 250 personnes réunies dans la Maison des associations de Bourg-de-Péage (10 500 habitants), fief du ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, qui l’accompagnait.
Comme il l’avait fait avec des élus à Grand Bourgtheroulde (Eure) ou à Souillac (Lot) pendant plus de six heures, il a défendu ses choix, reconnaissant des “erreurs” et assurant qu’il allait changer les “mauvaises choses”.
Il a encore une fois pris soin d’étudier des cas personnels, comme celui d’un handicapé qui lui a montré sa feuille de revenus. Ou d’écouter un participant qui lui a parlé à l’oreille.
Si l’ambiance était globalement détendue et bienveillante, il a été interpellé parfois vivement sur certains sujets comme l’ISF. “Je ne l’ai pas fait pour faire un cadeau à des gens”. “Ben si”, répondent plusieurs personnes. Lui : “Non c’est pas vrai”. “Si”, insiste l’audience.
Recul sur la promesse d’interdire le glyphosate d’ici trois ans
“Je ne suis pas un héritier”, a-t-il lancé à une personne qui l’interpellait sur son passage professionnel par la banque Rothschild.
Sur le Smic, il a de nouveau expliqué : “Si j’augmente le Smic de 100 euros payés par les employeurs, je détruis des emplois”.
Et il a reconnu que la sortie du glyphosate en France ne serait pas possible “à 100 %” dans trois ans, comme il s’y est pourtant engagé.
Il a semblé trancher le débat sur la taxe d’habitation pour les 20 % les plus riches, en affirmant : “Plus personne ne la paiera. On la supprime en trois bouts”.
De même pour l’application du “bonus-malus” pour limiter le recours aux contrats courts : “Je souhaite qu’on aille au bout, branche par branche, parce que c’est vertueux”, a-t-il dit.
Le débat-citoyen était filmé, contrairement au déjeuner-débat organisé auparavant entre Emmanuel Macron et une soixantaine d’élus, dont le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. Pas de caméras non plus pour le tête-à-tête inédit entre les deux hommes.
“J’attends aussi des propositions concrètes”
Lors du débat, le chef de l’opposition de droite a reproché au président son “écoute” tardive, responsable selon lui des “tensions” dans le pays. “Il faut réconcilier la France des villes et la France rurale”, a ajouté le patron des Républicains. Il a ensuite conseillé, devant la presse, au président d’aller sur le terrain pour échanger “directement avec les Français, sans filtre”, lui reprochant de faire “des voyages dans une bulle”.
“Je ne voudrais pas qu’il y ait des caricatures [mais] il faut voir l’état dans lequel on a pris le pays”, a répliqué Emmanuel Macron à Laurent Wauquiez, avant de faire l’éloge de la “décentralisation” et de la “déconcentration” pour “des décisions au plus près du terrain”, en jugeant le processus “trop lent”.
“On prendra des décisions, a déclaré le chef de l’État à la sortie. Ce n’est pas un débat simplement pour entendre, j’attends aussi des propositions concrètes. Toutes ces propositions donneront lieu, soit à des textes de lois, soit à des décisions d’organisation, soit à des modifications plus lourdes”, a-t-il promis.
“Merci aux habitants de Bourg-de-Péage pour la sincérité de ce Grand Débat. Je continuerai à échanger avec ceux qui le souhaitent, partout sur le territoire”, a tweeté Emmanuel Macron en fin de soirée.
Avec AFP