Les autorités de Bamako veulent lancer une enquête sur la situation des Nigérianes qui se prostitueraient dans le sud du Mali. Le Comité national de lutte contre la traite des personnes, une structure du ministère de la Justice, doit effectuer une « mission d’enquête ». Elle déterminera si ces femmes sont retenues au Mali contre leur gré. La semaine dernière, les autorités nigérianes ont affirmé que 20 000 Nigérianes étaient contraintes de se prostituer près des mines d’or artisanales.
Près de 20 000 femmes nigérianes forcées de se prostituer au Mali, le chiffre a fait tiquer à Bamako. C’est une estimation que Boubacar Touré, président du Comité national de lutte contre la traite des personnes, refuse d’endosser : « On ne peut pas nier qu’il y ait ce phénomène et que ce phénomène prenne de l’ampleur, mais on n’a pas de chiffres à donner par rapport à ça. Maintenant, je trouve le chiffre de 20 000 exagéré. »
En tant que citoyennes d’un pays membre de la Cédéao, ces femmes étaient libres de se rendre au Mali. Mais sont-elles empêchées d’en repartir ? C’est l’une des questions que devra tirer au clair une future « mission d’enquête ». Sa tâche s’annonce difficile parce que le Mali n’est pas le seul pays concerné.
« Ce qu’il faut aussi regretter, c’est qu’aussi bien les victimes que les auteurs sont pratiquement des Nigérians. Ce ne sont pas des Maliens qui partent les chercher. Ce sont des Nigérians qui amènent d’autres filles du Nigeria pour les exploiter », explique Boubacar Touré.
Selon la Naptip, l’agence nigériane chargée de la lutte contre le trafic des êtres humains, les prostituées sont surveillées par des proxénètes. Ces « madames », comme on les surnomme, auraient soudoyé des autorités locales.
Aux yeux de Boubacar Touré, ce sont des accusations faciles à lancer : « Nous, on n’a pas reçu du Nigeria quelque dénonciation que ce soit. Je ne nie pas qu’il y ait des complicités locales, je ne le nie pas, mais il faut avoir des preuves, et savoir qui et qui sont dans ces réseaux. »
Des trafiquants avaient fait miroiter à ces femmes des emplois bien rémunérés en Malaisie. Celles qui ont réussi à s’enfuir ont expliqué qu’elles avaient été trompées et exploitées.
RFI