Depuis le 27 janvier, 30 000 personnes ont fui la ville de Rann, dans le nord-est du Nigeria, après le retrait des troupes camerounaises, puis nigérianes. Lundi, cette ville d’accueil des déplacés de la région a été reprise par le groupe terroriste Boko Haram, sans rencontrer de résistance.
« Cet épisode a commencé le 14 janvier, avec une attaque pendant laquelle Boko Haram a visé les forces militaires en place, mais aussi des civils et des humanitaires, témoigne Babar Baloch, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Selon les ONG sur place, le groupe terroriste a fait 14 morts ce jour-là. Après cette date, 9 000 Nigérians ont fui pour le Cameroun, mais ont été renvoyés au Nigeria par les autorités camerounaises. Les jours suivants, la force militaire multinationale a installé une base à Rann, pour sécuriser la zone. »
Mais en 48 heures, tout a basculé et les déplacés sont restés seuls face aux jihadistes. « A ce que l’on sait, les militaires ont ensuite quitté la zone. Par peur du retour des hommes de Boko Haram, qui avaient promis de revenir, 30 000 personnes sont arrivées au Cameroun. Le HCR travaille avec le gouvernement camerounais pour aider à les accueillir. Il est très difficile d’accéder à Rann pour les humanitaires. Donc nous ne savons pas exactement qui contrôle. Les chiffres que nous pouvons communiquer sont ceux des civils qui ont été contraints de partir. Sur cette base, nous voyons que la fréquence des attaques menées par Boko Haram dans la région ne fait qu’augmenter », ajoute Babar Baloch.
Aucune explication officielle n’a été donnée à ce retrait des militaires. Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a appelé mercredi le Cameroun à « garder ses frontières ouvertes » pour accueillir le récent afflux de civils nigérians ayant fui leurs foyers par peur des attaques du groupe jihadiste Boko Haram.
RFI