Les plaintes pour violences sexuelles en France sont en “forte hausse” en 2018, selon un bilan du ministère de l’Intérieur publié jeudi. Il relève aussi une “forte progression” des destructions de biens dans le contexte de la crise des Gilets jaunes.
Faut-il y voir une libération de la parole des femmes ? Le nombre de plaintes pour violence sexuelle déposées en France a fortement augmenté en 2018, selon des statistiques publiées jeudi 31 janvier par le ministère de l’Intérieur. Les faits d’agressions sexuelles ont augmenté de 20 % par rapport à 2017 et les viols constatés de 17 %, selon le bilan annuel du service des statistiques du ministère.
L’effet “Weinstein”
Quelque 28 900 agressions sexuelles, en comptant les faits de harcèlement, et 19 200 viols ont été répertoriés par la police et la gendarmerie. “Cette augmentation s’explique notamment par une évolution du comportement de plainte des victimes, dans le climat de l’affaire Weinstein et des différents mouvements sur les réseaux sociaux pour la libération de la parole des victimes”, avance le ministère dans ce document.
L’affaire Harvey Weinstein tire son nom d’un magnat d’Hollywood qui a été accusé d’agressions sexuelles par des dizaines de femmes à la suite de révélations parues dans la presse à la fin 2017. Le phénomène de libération de la parole s’est ensuite étendu à toutes les sphères de la société.
“L’augmentation des violences sexuelles enregistrées s’inscrit en outre dans un contexte d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services”, note le ministère de l’Intérieur.
Hausse des dégradations
La progression observée en 2018 s’inscrit dans une tendance à la hausse qui se vérifie depuis la première édition de ce bilan annuel, en 2015.
Le service des statistiques a également relevé en 2018 une hausse du nombre de victimes de coups et blessures volontaires (+8 %) et des escroqueries (+1 %) et, parallèlement, une baisse du nombre de vols (-2 % pour les vols sans violences, -7 % pour les vols violents sans arme et -10 % pour les vols avec armes).
On note par ailleurs une forte hausse des destructions et dégradations de biens à partir de la fin d’année dans le contexte des manifestations hebdomadaires, parfois violentes, des Gilets jaunes à Paris et ailleurs en France.
Avec Reuters