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IBK-leaders religieux : Le point de non-retour ?

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A l’appel de  l’Imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique (HCI), la communauté musulmane se prépare pour l’organisation d’un grand meeting au Stade 26 mars, le dimanche 10 février prochain, sous la présidence de Mohamed Ould Cheicknè, chérif de Nioro du sahel. Cet acte marquera-t-il la rupture définitive entre le président Ibrahim Boubacar Keïta et les leaders religieux, qui ont fortement contribué à son plébiscité en 2013 ? Certains l’affirment volontiers. Comment et pourquoi le fossé s’est élargi entre IBK et ses alliés d’hier ? Réponses.

Ce grand meeting des organisations islamiques marquera  un tournant décisif dans les rapports entre le président de la République et ceux-là qui l’ont soutenu à se hisser au pouvoir en 2013. Comme quoi, le divorce (déjà) consommé, la situation ensemble se dirige vers un point de non-retour entre IBK et leaders religieux.

Le président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko, précise : « C’est une journée de bénédiction. C’est aussi une journée de vérité et d’interpellation à l’endroit de ceux qui ont aujourd’hui le gouvernail de notre pays ». Avant de préciser qu’il ne s’agit pas pour eux de se rassembler, le dimanche prochain, pour faire le procès de qui que ce soit. « Si on fait le procès de quelqu’un, ça veut dire qu’on fait notre procès, puisque nous sommes tous les mêmes. Nous sommes tous interpellés. Nous devrons nous parler », affirme le leader religieux. Selon lui, il s’agit plutôt de créer une tribune afin de permettre aux maliens de se regarder les yeux dans les yeux,  pour se parler, chercher des solutions pour le retour de la paix au Mali. « Nous voulons rassurer tout le monde que nous ne pouvons pas mettre le feu à ce pays. Nous ne devons pas non plus attendre que les autres viennent nous donner la solution. Non ! Le Mali est assez grand pour ça… », a indiqué l’Imam Mahmoud Dicko…

Pour rappel : Qui ne souvient pas des montages opérés par certaines associations islamiques, à la veille de l’élection présidentielle de 2013, pour convaincre les musulmans du Mali à accorder leur confiance au candidat Ibrahim Boubacar Keïta. Celui-ci était présenté, entre autres, comme le candidat le mieux disposé à défendre la cause de l’islam. Des leaders religieux ont été « embarqués » dans le but d’œuvrer à l’atteinte de l’objectif final : l’élection d’IBK à la magistrature suprême du Mali.

IBK tourne le dos aux religieux !

Dès la nomination du premier gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keïta, les « alliés musulmans » se sont sentis exclus, malgré l’existence d’un ministère chargé des affaires religieuses et du culte… Les grincements de dents n’ont pas tardé et certains affichaient clairement leur regret. Malheureusement ce n’était que le début du commencement. Jour après jour, les alliés religieux marquaient leur incompréhension des actes posés par ce qu’ils avaient prédit dans des mosquées comme étant le meilleur candidat pour les musulmans.

En 2014, Mahmoud Dicko, accusé à tort ou à raison d’avoir soutenu IBK à la présidentielle de juillet 2013, interpellait le chef de l’Etat sur l’accroissement de la consommation de l’alcool dans notre pays. C’est un constat ahurissant qui aura surpris la communauté musulmane et surtout les associations musulmanes qui ne s’expliquent pas une telle montée pendant le règne de leur mentor. Les jours qui suivent cette révélation fracassante, ils deviennent de plus en plus amers et révoltés vis-à-vis du pouvoir. Et l’affaire de Charlie Hebdo et la marche d’IBK à Paris sont venues jeter de l’huile sur le feu. Les organisations musulmanes et en tête les associations musulmanes alliées d’IBK, ont trouvé l’occasion inespérée de battre le pavé en dénonçant les errements de leur candidat président.  Alors, le fossé s’est creusé d’avantage entre le président IBK et les religieux… En tout cas, la communauté musulmane du Mali n’a pas apprécié que le président de la République s’affiche en première ligne avec les occidentaux lors de la marche Républicaine de Paris. Son silence sur les nouvelles caricatures de Charlie Hebdo aurait même agacé des leaders religieux.

En réalité, beaucoup de religieux estiment qu’une fois installé au pouvoir, IBK a carrément tourné le dos à ses « bienfaiteurs », notamment les religieux qui ont contribué à son élection à la présidence en 2013.

Le Cherif de Nioro, M’Bouillé, aussi

En effet, en 2013, le Cherif de Nioro du Sahel s’est mobilisé personnellement pour battre campagne pour  le candidat  Ibrahim Boubacar Keita. Pour faire élire le président du RPM, IBK à la magistrature suprême, le très respecté leader religieux avait  débloqué la somme de 100 millions de F CFA. Il avait également invité ses fidèles, les militants de Sabati-2012, d’autres groupes et/ou associations musulmans de se joindre à eux  pour soutenir le candidat IBK. Selon le Chérif, ce choix à l’époque ne cachait aucun intérêt particulier. Seulement après avoir étudié les différents projets de société des candidats à la présidentielle, le candidat du RPM était apparu comme le meilleur, qui était en mesure d’opérer le changement attendu par les Maliens. Mais, très tôt après l’élection présidentielle apparait des fissures entre IBK et  Mohamed Ould Cheicknè.

Cependant, les premiers signes de tension entre M’Bouillé et IBK sont apparus  dès janvier 2014 après les législatives, lors d’un sermon très attendu au Maouloud, M’Bouillé ne mâche pas ses mots : « Ce n’est pas parce qu’un parti est au pouvoir qu’il doit bénéficier de toutes les faveurs au détriment des autres Maliens ». Il ajoute: « Le RPM doit se rendre compte que c’est le peuple qui a offert le pouvoir à IBK et non le RPM, même si, en retour, IBK a donné le pouvoir au RPM ».

En effet, le guide religieux reproche surtout à IBK de ne pas honorer ses engagements vis-à-vis de lui-même et des Maliens. D’où sa décision de se démarquer d’un « homme qui ne respecte pas sa parole ».

Pour preuve à plusieurs reprises, il refuse des cadeaux envoyé à lui par d’IBK. En outre, Mohamed Ould Cheicknè invite tous ses disciples à s’éloigner du régime d’IBK et exhorte tous ses adeptes à voter contre  le candidat IBK lors de la dernière présidentielle en juillet 2018.  Preuve que le divorce est  définitivement consommé entre le très influent leader religieux et le président candidat IBK… Et de son côté, le président du Haut conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko, a été très clair : « Le candidat du Chérif de Nioro est le nôtre… ».

Mohamed Sylla

Source: L’Aube

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