Au Mali, l’avènement de l’internet, des réseaux sociaux (Facebook, Whatsapp,Viber, Snapchat, Youtube…) en général et l’accès facile aux portables Android, IPhone… en particulier, a révolutionné le quotidien des jeunes maliens .
Les réseaux sociaux, créés pour faciliter la communication rapide et la diffusion de l’information, sont devenus les nouveaux compagnons des jeunes Maliens. En effet, depuis le bas âge, les enfants maitrisent le téléphone et les tablettes. Dès l’adolescence, les jeunes s’inscrivent sur les réseaux sociaux comme Facebook, whatsap, viber. Ne sachant pas les dangers auxquels ils s’exposent, ils imitent les autres dans le bon tout comme dans le mauvais sens. Certains mettent toutes leurs informations personnelles, d’autres publient des photos de toutes sortes. Il y en a même qui racontent leurs problèmes familiaux et envoient des photos de leur corps nu sous forme de message privé, sans tenir compte des conséquences en cas de piraterie. L’occasion faisant le larron, une autre catégorie utilise les réseaux sociaux pour monter des opérations d’escroquerie, tandis que pour d’autres, c’est un lieu de règlement de comptes, très souvent politiques, ces derniers temps.
Les jeunes sont très attirés par les réseaux sociaux sur internet, car chacun peut modeler son profil à son image et y ajouter des photos, des selfies, et des vidéos. Selon Mariam Doucoure, élève en 10eme année et âgée de 17ans, elle a échappé de justesse aux mauvaises utilisations des réseaux sociaux. « J’utilise les réseaux sociaux depuis deux ans (Facebook whatsapp…). Souvent je fais des recherches sur Google pour mes exposés. Facebook me permet de me faire des amis et d’être informée sur l’actualité internationale. Parfois, je publie des photos que mes amis aiment et commentent », explique la jeune demoiselle. Elle dira avoir certains contacts blancs qui demandent souvent de ces photos en sous-vêtement ou soutif, sous prétexte de l’envoyer de l’argent par Western-union. Mais cependant ajoutera Mariam Doucoure, une fois, un de ses correspondants lui a fait croire que par sympathie, il l’enverra des habits et sacs par conteneurs. Selon mademoiselle Doucouré quand elle s’est rendit là où les conteneurs sont déchargés, elle fut confrontée à un premier problème : le numéro qui devrait servir pour appeler son correspondant afin d’avoir de l’argent par moneygram n’était pas le bon numéro. C’est là où notre interlocutrice s’est rendu compte qu’elle a été piégée. Fort heureusement pour Mariam, sa cousine lui a fait savoir, avoir connu la même situation. Selon elle, les conseils de sa sœur l’ont sauvé d’une mésaventure. Voici une des facettes cachées des réseaux sociaux qui fait des victimes.
Quant à Daouda Sylla, 28 ans, chef de grin, les réseaux sociaux ont détruit les liens fort qui unissaient les gens .Il nous a confié qu’il se demande pourquoi lui et ses amis se rassemblent dans le grin tous les vendredis soir ? « Avant nous étions heureux de nous retrouver en début de week-end, on échangeait sur les problèmes de la société, les difficultés des uns et des autres. Bref, c’était bien, mais actuellement tout le monde se présente par formalité, on s’assoit ensemble, mais chacun a son téléphone et discute en ligne, on ne se parle que quand le thé arrive ou juste pour parler de ce qui se passe sur Facebook », a fait savoir Daouda Sylla. Pour Fatoumata Coulibaly, 15ans, élève en 10eme année, c’est à cause des réseaux sociaux que son père l’a chassé de sa maison. Selon elle, les réseaux sociaux ont détruit sa vie. « Actuellement je ne vis plus avec mes parents à cause de Facebook et j’ai été naïve de faire confiance à mes amis », nous a confié mademoiselle Coulibaly. Elle dira avoir séché les cours pour faire une sortie avec des copines et des copains à cause des réseaux sociaux. « Nous nous sommes amusés, et nous avons pris des photos et fait quelques vidéos. J’étais gêné au début, mais ma copine m’a rassuré que c’était juste entre nous et pour les souvenirs et que si je refusais mon copain aillait me trouver nulle et me larguerait », a dit Fatoumata Coulibaly. Selon elle, c’est après la publication des photos et des vidéos de leur aventure sur Facebook, partagées par ses connaissances, que son père, imam adjoint à la mosquée, l’a chassée et reniée de la famille.
Pour sa part, Alassane Traoré, enseignant chercheur, dira que les réseaux sociaux ont des impacts négatifs sur l’éducation au Mali. Pour lui, la dépendance aux réseaux sociaux est l’une des causes de l’échec scolaire chez certains jeunes. « Je ne sais plus comment faire avec mes étudiants en classe à cause de l’utilisation des téléphones», nous a confié Traoré. Selon lui, certains restent permanemment connectés pendant les cours, et il a beau leur demandé d’éteindre leur téléphone, ils refusent d’obtempérer. M. Traoré dira qu’il est obligé dès lors d’infliger des punitions à l’endroit de certains d’entre eux ou encore convoquer leurs parents. Selon lui, au constat, la situation n’a jamais évolué .Il a fait savoir, que certains utilisent même leurs portables lors des examens, malgré les consignes données. Et, lorsqu’on dénonce les fraudes, les jeunes s’arrangent à parvenir à leur fin avec la complicité de l’administration. Souvent, a-t-il dit, il y a des fuites des sujets d’examens nationaux et, cela malgré, toutes les précautions prisent chaque année par l’administration de l’éducation. Selon le professeur Traoré, c’est un fléau dont notre pays et au-delà la sous-région sont tous victimes. Un fléau à combattre pour la réputation de l’école africaine, a-t-il ajouté.
La Cybercriminalité, un phénomène immoral, est une autre facette utilisée par les utilisateurs des réseaux sociaux et qui affecte dangereusement les internautes. L’on assiste aujourd’hui, à des harcèlements en ligne, à des escroqueries. Des grands bandits utilisent désormais cet autre pan des réseaux sociaux pour détruire les personnes de bonne foi contre toutes les mœurs et coutumes de notre société. Ceci est un autre risque que courent les jeunes utilisateurs des medias sociaux. Il s’agit de cette cyber-intimidation, phénomène qui consiste à utiliser les medias numériques afin de diffuser des informations fausses.
Dans un monde de travail où notre vie personnelle compte, les réseaux sociaux constituent un nouvel outil de communication très utile mais la maitrise de ce canal nécessite de l’expérience et de la prudence. Ce nouveau phénomène peut vite entrainer une addiction ! Car il peut conduire à la destruction de nos us et de nos coutumes, devenir le nouvel opium de la jeunesse qui est en train de miner les fondements de notre société.
Fatoumata Youssouf Diawara, stagiaire.
Source! Le Républicain