Depuis quelques années, ils ont pignon sur rue dans notre pays. Aucune décision, aucune mesure importante ne peut être prise sans leur avis et leur aval. Les leaders religieux (c’est d’eux qu’il s’agit, justement), sont, désormais, dans tout et s’intéressent à tout au Mali. On dit même qu’ils occupent (la nature ayant horreur du vide) la place que les responsables politiques ont abandonnée sur une scène qui devait être la leur.
Petit à petit, pas à pas, ils ont dragué de manière subtile cet espace dont ils usent et abusent, présentement, de fort belle manière, estimant, avec la complicité de responsables politiques, que rien ne doit se faire sans eux.
Certains leaders musulmans (seuls les leaders de cette religion excellent en la matière et ils ne le font pas tous) se sentent et se croient tellement puissants qu’ils pensent que le président de la République leur doit son accession à la magistrature suprême et ne cessent de le répéter à l’envi : «Nous lui avons donné le pays» ; pour expliquer le rôle qu’ils ont joué dans le cadre du premier mandat d’IBK.
Ironie du sort, IBK qui essuie le courroux de certains leaders musulmans à présent est celui à qui on reproche la responsabilité de leur irruption sur la scène politique, celui qui a utilisé, le plus, la religion pour son ascension.
Souvenez-vous, déjà, en 2002, de ses posters, dans un journal de la place (Infomatin, pour ne pas le citer), avec le Chérif de Nioro qui, déjà, avait choisi son camp contre ATT. Ce dernier l’avait emporté mais IBK et son nouvel allié de Cherif n’en démordaient pas et n’avaient pas dit leur dernier mot. Ils attendaient, juste, l’occasion idéale pour remettre le couvert et se faire signaler à travers la religion. L’affaire dite du code de la famille sous ATT était la plus propice.
Pour protester contre ce projet et faire reculer les pouvoirs publics, tous les moyens étaient bons et l’imposante marée humaine qui a occupé des heures durant les rues de Bamako (faisant craindre le pire avec l’absence du président et tout son gouvernement) a suffi pour qu’ATT comprenne que son projet était mort-né, que les interlocuteurs en face n’étaient pas là pour dialoguer, mais, pour imposer leur volonté qu’ils assimilent à celle de la religion.
Depuis, il faut reconnaître que ce pays n’a plus connu la stabilité dont nous nous vantions et la religion musulmane n’est jamais étrangère aux soubresauts résiduels que le Mali vit, depuis bientôt une décennie et, de leur bouche, un nom est toujours cité : IBK. Ce dernier, parce qu’à un moment donné, a cru bon impliquer les religieux, fait l’objet, aujourd’hui, de toutes les pressions. Tel fut le cas au stade du 26 mars le week-end dernier à travers la demande de la démission du Premier ministre.
En réalité, à travers ce message, on s’attaque plus au président de la République, à qui on veut imposer des décisions, qu’au Premier ministre.
Makan Koné
Source: Nouvelle Libération