Dans un communiqué de presse en date du mardi 12 février dernier, un expert indépendant de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur la situation de violation des droits de l’homme au Mali, Alioune Tine, a annoncé sa profonde préoccupation face à l’ampleur actuelle de la crise malienne. C’était après une visite au Mali, précisément dans la capitale et dans la région de Mopti où les populations sont victimes d’insécurité grandissante.
D’après le constat de l’expert, c’est la population civile qui souffre le plus de cette crise multidimensionnelle qui frappe le Mali depuis 2012. Cette situation d’insécurité dégradante et continue, aussi bien que sa généralisation et sa transformation en d’autres situations plus graves, produit chez la population civile, un sentiment de peur conduisant à un arrêt de toutes les activités génératrices de revenus dans ces zones affectées. Comme facteurs de détérioration, il cite : les violences sur fond de tensions intercommunautaires, les opérations menées par les réseaux de crimes organisés, les groupes extrémistes armés et les opérations antiterroristes des forces maliennes et internationales. Ce sont sans doute, selon lui, les facteurs précités combinés qui empêchent les activités quotidiennes de la population civile, et le maintien de cette population dans un blocus profond de faim et de misère. De ce fait, l’expert indépendant dira que tout doit être fait pour mettre immédiatement un terme à cette situation inacceptable, et que les initiatives du gouvernement pour y remédier doivent être urgemment renforcées : « Il faut d’urgence une réponse militaire efficace, avec des hommes bien équipés et bien formés menant des opérations en toute conformité avec les droits de l’homme , pour faire cesser les violences dans les meilleurs délais et protéger les populations civiles », a déclaré l’expert indépendant dans son communiqué le mardi. Il dira également prendre acte de l’ouverture d’enquêtes concernant certaines violations : « de graves et récurrentes violations et abus des droits de l’homme, y compris des allégations d’exécutions extrajudiciaires, d’enlèvements, de tortures, de mauvais traitements et de détentions illégales, sont commis en toute impunité (…) », des violations qui peuvent aussi être commises par les forces de sécurités. L’expert estime que la seule manière pour l’État malien de mettre fin à l’impunité est de faire en sorte que la responsabilité de toutes les personnes impliquées dans de graves violations des droits de l’homme soit établie à la suite de procès justes et équitables. Craignant du fait que cette situation se complique et se généralise « (…) De plus, des localités qui n’étaient pas affectées, il y a quelques mois, sont maintenant touchées par ces violences », comme les attaques récurrentes de groupes extrémistes contre les écoles et les personnels scolaires dans plusieurs régions du nord et du centre, dont exactement 807 écoles fermées en 2018, une situation qu’il a déplorée avant d’ajouter qu’ « il faut trouver une stratégie globale et coordonnée de réponse et de prévention de violences et des abus de droit de l’homme dans le pays ». Alors qu’il sera très difficile selon M. Tine, de retrouver une solution à ces violences au Mali, si de vraies solutions ne sont pas trouvées à la pauvreté au nord et au centre accompagnés d’une politique concrète de lutte contre la corruption.
ISSA DJIGUIBA
Source: Le Pays