A l’appel de l’imam Mahamoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique du Mali, (HCIM) des dizaines de milliers de fidèles musulmans sont retrouvés le dimanche 10 février 2019 au Stade du 26 Mars. C’était en présence de plusieurs hautes personnalités dont l’envoyé spécial du Chérif de Nioro. Ce rassemblement de prières et de bénédictions pour la réconciliation et le retour de la paix au Mali a été un podium pour les leaders religieux de dénoncer la gouvernance actuelle du pays et d’appeler les musulmans à un éveil de consciences, à s’impliquer dans la gestion des affaires publiques et même à descendre dans l’arène politique.Le Cherif de Nioro, bien qu’ayant effectué le déplacement de Bamako pour la rencontre, a dû rester à la maison, à la demande de son médecin.
Mahamoud Dicko est un véritable dinosaure politique avec un visage de religieux. Il est incontestablement le leader politico-religieux le plus charismatique et le plus écouté du pays. La mobilisation record qu’il a réussie ce dimanche, 10 février, en est la parfaite illustration. Certains fidèles ont passé la nuit au stade de Yirimadio pour répondre à l’appel de leur guide. Comme annoncé, ce meeting a débuté avec la lecture du Saint Coran par l’imam Fodé Cissé, du groupement des imams du Mali. Il a formulé des bénédictions pour la paix et la cohésion dans notre pays.
Après la lecture du Saint Coran, les travaux ont commencé avec l’intervention de l’imam, Mohamed Traoré, vice-président du HCI. Dans son introduction, celui-ci a fait des prières et des bénédictions pour le Mali avant d’inviter lesMaliens à se tourner vers Dieu, à se repentir. De passage, il a dénoncé les maux qui minent notre pays. En guise de solutions pour unesortie de crise, il a demandé aux fidèles musulmans de se mettre à l’abri de la colère divine en faisant des bonnes œuvres comme prescrites dans le Saint Coran. Car selon lui, toutes les solutions ont été essayées mais la crise demeure. Et ce, malgré la présence de la communauté internationale, du G5 Sahel, de Barkhane et de toutes les autres forces internationales. Malgré tout cet arsenal militaire présent dans notre pays, la criminalité a atteint un point inquiétant, d’où la nécessité du pardon et du repentir.
Au nom des imams du Mali, M. Traoré a énuméré douze doléances à l’endroit des autorités maliennes. Ces points sont entre autres : l’interdiction et la criminalisation de la pratique de l’homosexualité dans notre pays,l’interdiction de l’introduction de l’homosexualité dans notre système éducatif sous toutes ses formes, l’application de la peine de mort, la refondation de la justice, la réconciliation nationale et la cohésion sociale à travers nos valeurs sociétales et religieuses, la préservation de nos valeurs cardinales et religieuses, la réglementation de l’utilisation des réseaux sociaux au Mali, l’implication active des religieux dans la gestion des affaires publiques et même dans la politique à tous les niveaux de prise de décisions car les musulmans constituent 95% de la population du Mali.
Après l’intervention de l’imam Traoré,ce sont Yacouba Doucouré,de la jeunesse musulmane et la présidente de l’Union nationale des femmes musulmanes du Mali (UNAFEM) Mme Ba Kadidia Sanogo qui se sont succédé au pupitre. A la suite de ces deux interventions, l’envoyé du Chérif Mohamed BouyéHamala Haidara de Nioro a pris la parole pour saluer chaleureusement l’imam Mahamoud Dicko pour l’organisation du grand meeting et livrer le message du Cherif de Nioro, empêché pour des raisons de santé.
Pourquoi le Cherif de Nioro a vomi Boubeye…
Aux dires du représentant du Chérif de Nioro, en 2013, le leader religieux a aidé et soutenu le candidat Ibrahim Boubacar Keita. Après sa prise de pouvoir, IBK n’a respecté aucun de ses engagements pris vis-à-vis du Cherif et de sa patrie. Qu’après plusieurs mises en garde, il s’est opposé officiellement et, de façon pacifique, huit mois avant l’élection présidentielle de 2018, il a soutenu un autre candidat en la personne de Aliou Boubacar Diallo au détriment d’IBK. Le candidat du chérif est malheureusement tombé dès le 1er tour.
En poursuivant, il dira que la raison immédiate du divorce entre IBK et le Cherif est liée à la nomination de Boubeye à la Primature. Alors que le Cherif avait conseillé à IBK depuis 2013 de ne pas collaborer avec l’actuel PM qui fait l’apologie de l’homosexualité. Même si IBK doit lui confier un poste de responsabilité en tant qu’allié durant son mandat, Bouyé Haidara a demandé à IBK de ne jamais confier les départements de souveraineté tels que le ministère des affaires étrangères, ministère des finances, ministère de l’intérieur, la défense ou encore Premier ministre, car Boubeye est un véritable cancer. Cette nomination pour le Cherif de Nioro est une provocation de trop et le PM Boubeye ne fait que les narguer et déroule tout le tapis pour nos ennemis de l’extérieur. Face à cette situation intolérable, le Cherif décide de changer de fusil d’épaule tant que Boubeye reste à la Primature. Il engagera une guerre sans merci contre le régime et tout pourra arriver.
Le départ de Boubeye demandé…
« Je demande au président IBK de chercher à se protéger lui-même, à protéger sa famille et son pays contre le Premier ministre SoumeylouBoubeyeMaiga. A se défaire de lui dans un bref délai pour sa tolérance de l’homosexualité dans notre pays et sa conspiration contre la nation malienne pour des intérêts strictement personnels. », a ajouté le représentant du chérif.
Le clou de la cérémonie a été l’intervention de l’imam Dicko, l’initiateur de ce grand rassemblement.Aux environs de 11heures 35 minutes.Il a d’abord loué la Grandeur et la Miséricorde du Tout-Puissant et demandé sa protection sur notre vénéré prophète Mohamed (SAW). L’imam Dicko a tenu à remercier chaleureusement son mentor, le vénérable Chérif de Nioro avant de lui rendre un vibrant hommage.
« A propos des 50 millions…. Il faut cesser ça… »
« Ce qu’ils donnent ne vient pas de leurs poches. Ce sont vos impôts et taxes. Sinon eux-mêmes, ils n’ont rien. On a refusé leurs cinquante millions, le Cherif de Nioro nous a donné un autre cinquante millions pour l’organisation de ce meeting. », a expliqué Mahamoud Dicko à l’entame de ses propos. Parlant du message du Chérif à l’endroit d’IBK, Mahamoud Dicko dira : « je n’ai pas de commentaire à faire sur le message livré par l’envoyé du Cherif au président de la République. S’il a compris, tant mieux ! Dans le cas échéant, il l’entendra d’une autre manière. Mais, je joins cette interpellation à celles du Cherif de Nioro, à mon grand IBK de faire attention ! Il ya certaines choses qui ne sont pas bonnes entre nous et je ne les souhaite pas, vu les liens existants entre nous. Je lui demande de se ressaisir et de se méfier. »
Parlant de la stratégie du diviser pour mieux régner du PM Boubeye, l’imam Dicko est sans ambages : « ceux qui pensent diviser les leaders religieux et en finir avec Dicko n’ont rien fait d’abord ! Rien ne pourra contre la volonté de Dieu. Le Mali est un grand pays, il faut que le peuple soit débouilli pour prendre sa souveraineté et son destin en main. »
« …guerre dirigée contre l’islam… »
«Les conflits intercommunautaires entre des gens qui ont vécu des siècles ensemble, pourquoi maintenant ? C’est un piège ! Pour s’occuper de l’essentiel dans notre pays. Je demande solennellement à ceux qui ont pris les armes au nom de l’islam, pour défendre la religion, qu’ils nous laissent en paix. Ce peuple a embrassé la religion musulmane il y a plus de mille ans. Il n’y a pas un village, un hameau, un leu de regroupement ou une caserne au Mali, ou il n’y a pas de mosquée. Est-ce que c’est avec des armes qu’on a construit ces lieux de culte ? Ce n’est pas une guerre sainte, mais une guerre dirigée contre l’islam et les musulmans. Sinon comment comprendre que les Peulhs soient persécutés de la même manière et, au même moment, au Mali, au Burkina, au Niger, en Centrafrique, au Cameroun et au Nigéria ? Mais non ! Respectons-nous. Ce n’est pas une histoire de l’ethnie peulh. Mais, plutôt pourquoi les peulhs pratiquent l’islam ? C’est une humiliation dans notre pays que la même communauté de surcroit des coreligionnaires s’entretuent. Il faut que cela s’arrête. C’est ceux-là même à qui on a fait confiance qui sont en connivence avec les Occidentaux pour détruire notre tissu social. Après la colonisation, si c’est la France qui doit continuer à dicter ce que nos autorités doivent faire, je dirais que c’est très grave. Retrouvons notre dignité et notre honneur. S’ils ne font pas attention, on va dire ce qu’on a dit aux autres de dégager ! », a-t-il conclu.
La lecture de la déclaration solennelle par le Secrétaire Général du HCIM, Mamadou Diamountani et les bénédictions faites par le fils de Mahi Haidara de Ségou, ont mis fin à la journée de prières.
Habi Kaba Diakité
Source: L’Enquêteur