De nouvelles règles pour les habitants de Kidal du Mali. La Coordination des mouvements de l’Azawad a édicté ce nouveau règlement fin janvier : vente et consommation d’alcool interdites, tuteur local obligatoire pour les étrangers, rôle du juge islamique renforcé. La CMA, qui administre de fait la ville du nord du pays, entend se substituer à l’Etat dans plusieurs domaines.
C’est un nouveau règlement qui n’est pas sans rappeler la sombre histoire récente de Kidal. La vente et la consommation d’alcool sont désormais interdites, tout comme l’incitation, l’exposition ou la publicité des boissons alcoolisées. Les étrangers doivent être munis d’un permis de séjour délivré par la CMA et avoir un tuteur local. Le Cadi, le juge islamique, voit son pouvoir renforcé puisqu’il traite désormais de façon systématique des affaires criminelles.
De nouvelles règles que la CMA jugeait nécessaire d’édicter en raison de la faiblesse de l’Etat dans la ville, comme l’explique Ilad Ag Mohmmed, membre du comité directeur de la Coordination : « La présence de l’Etat, elle n’est pas effective, il y a le premier responsable de la région en l’occurrence le gouverneur, il y a beaucoup d’autres services qui ne sont pas encore à Kidal. Les autorités intérimaires qui sont là-bas n’ont pratiquement absolument rien fait. On sent qu’elles n’ont aucun moyen et finalement on est obligé de prendre les choses en main. »
La CMA entend donc se substituer au pouvoir central dans plusieurs domaines comme la circulation des étrangers et l’administration de la justice. Est-ce là un premier pas vers l’application de la charia ? Ca en a tout l’air en tous les cas pour Ibrahim Maïga, chercheur à l’Institut d’études de sécurité de Bamako : « On a l’impression qu’il y a une volonté de ne pas se mettre à dos les acteurs internationaux, mais aussi de contenter une certaine base ou au moins de répondre à la frange peut être plus extrémiste de cette Coordination. »
Pour le chercheur, ce nouveau règlement traduit également la volonté de la CMA de mettre les autorités maliennes devant le fait accompli. Des autorités qui pour l’heure n’ont pas souhaité réagir.Cette nouvelle règlementation est pour le moins surprenante, elle soulève plusieurs questions.Ibrahim Maïga