Le Mali vient de remporter la première Coupe d’Afrique des nations des moins de 20 ans de son histoire, ce 17 février 2019 au Niger. Malgré une fédération en crise et un championnat à l’arrêt, le football malien brille en compétitions de jeunes depuis quelques années. Explications.
Après avoir remporté les deux dernières Coupes d’Afrique des nations des moins de 17 ans (2015 et 2017), le Mali a donc étendu sa domination à la classe d’âge supérieure. Les « Aiglons » ont en effet gagné la Coupe d’Afrique des nations des moins de 20 ans pour la première fois de leur histoire, le 17 février 2019 à Niamey. Un succès face au Sénégal qui confirme les performances du football malien en compétitions de jeunes, depuis quelques années. Sans parler de la place de finaliste au Championnat d’Afrique des nations 2016, malgré un effectif très inexpérimenté.
Sur la scène internationale aussi, le Mali a également fait preuve de sa superbe. Ces derniers temps, il a même supplanté le Nigeria et le Ghana, les deux pays traditionnellement les plus performants durant les tournois U17 (cadets) et U20 (juniors). Les Maliens ont ainsi été battus par les Nigérians en finale du Mondial U17 2015, avant de finir 4e en 2017. Et en Mondial U20, ils avaient également décroché le bronze face aux Sénégalais, en 2015.
Un football local en ruines…
C’est un sacré paradoxe lorsqu’on voit les résultats en baisse de l’équipe nationale A du Mali, sortie au premier tour des Coupes d’Afrique des nations 2015 et 2017 après avoir fini 3e en 2012 et 2013. Surtout, le football local va mal. La fédération malienne (Fémafoot) est engluée dans une crise depuis quatre ans. La Fémafoot a ainsi été mise sous tutelle par la Fédération internationale (FIFA), via un comité de normalisation (Conor), en décembre 2017.
Pour le moment, le Conor n’a pas trouvé de solutions. Du coup, le début du championnat national, à l’arrêt depuis plusieurs mois, a été repoussé. La FIFA a prié les différents acteurs du football malien de venir s’expliquer à son siège, à Zurich.
Face à l’incurie de ses dirigeants, Mamoutou Kané, le sélectionneur victorieux des U20 maliens, a ainsi dû trouver des solutions pour que ses poulains soient performants au Niger. « La préparation s’est faite au Mali, raconte-t-il. J’ai conservé le même groupe de joueurs depuis le mois d’avril. Je n’ai effectué que trois changements ces derniers mois. […] Et lors de chaque préparation, on a eu la chance qu’il y ait un tournoi au même moment. Pour le reste de la préparation, on a disputé deux matches par semaine, pour avoir des jambes (sic) ». Le technicien ajoute : « Je profite du micro de RFI pour lancer un appel aux autorités maliennes pour que les responsables sportifs s’assoient ensemble, communiquent et mettent cette crise derrière nous. »
…mais un vivier de talents abondant
Ces dernières années, malgré le chaos qui prévaut au sein du football malien, les « petites catégories » ont donc tiré leur épingle du jeu. Ce succès tient quasiment en un seul mot : académie. Certaines, comme celles fondées par le Français Jean-Marc Guillou, ont aidé à faire émerger des joueurs de qualité. La seule Académie JMG Mali a en effet formé des professionnels confirmés comme Yves Bissouma (Brighton/Angleterre), Amadou Haïdara (Leipzig/Allemagne), Youssouf Koné (Lille/France), Diadié Samassékou (Salzbourg/Autriche), Adama Traoré (Cercle Bruges), Hamari Traoré (Stade rennais/France). Bref, la nouvelle garde des « Aigles » du Mali.
D’autres écoles de foot souvent issues d’initiatives privées, comme Yeelen Olympique ou les Etoiles du Mandé, et les centres de formation de grands clubs (Djoliba, Onze Créateurs, Stade Malien, etc.) ont fait le reste. Puis il y a d’autres structures qui continuent de naître, comme Afrique Football Elite récemment. Son président, l’ancien attaquant de l’équipe du Sénégal Diomansy Kamara, explique : « Le Mali a basé tout sur la formation des jeunes. L’Académie Jean-Marc Guillou est arrivée il y a quelques années au Mali. Ils ont formé la plupart des Maliens qui brillent aujourd’hui en Europe. […] Malgré le fait qu’il n’y ait pas de championnat, la formation reste au cœur du projet malien. C’est exactement la même chose avec le Yeelen de Frédéric Kanouté [ancien attaquant malien, Ndlr] ou le club avec lequel je travaille, Afrique Football Elite, qui est en train de créer un centre de formation. A partir du moment où vous misez sur la jeunesse ou la formation, c’est logique d’obtenir des résultats. »
Le football malien a toutefois intérêt à ne pas trop se reposer sur ses lauriers, en ces temps troublés. Ses cadets ne sont pas parvenus à se qualifier pour la prochaine Coupe d’Afrique U17 qui aura lieu en Tanzanie en avril 2019…
Propos de Mamoutou Kané recueillis par Christophe Jousset,Par David Kalfa rfi.fr