Accueil Société Bamako : La ville aux trois caïmans et aux trois erreurs fatales…

Bamako : La ville aux trois caïmans et aux trois erreurs fatales…

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Je n’approuve pas et je n’ai pas approuvé la façon dont IBK a été «élu» pour un second mandat en 2018. Trop de tripatouillages. En 2013, j’étais pour lui, et je crois que beaucoup de Maliens l’étaient aussi. Malgré l’enthousiasme populaire pour sa personne, il a commis l’erreur de se faire emballer par les religieux qui clamaient ensuite que son élection était leur œuvre, alors qu’il n’en était rien. Le peuple voulant le changement avait fait le choix de sa personne, espérant qu’il était l’homme de la situation et qu’il mettrait ses poings d’acier dans des gants de velours. On connait la suite….

Amadou Toumani Touré (ATT) a commis la première erreur, celle d’avoir créé le Haut conseil islamique du Mali. Je garde ma conviction que cette institution devrait être dissoute, tout comme l’AEEM (Association des Élèves et Étudiants du Mali). Trop d’intrigues, de divisions et de palabres sur des milliards, sans parler réellement de Dieu et de la religion. Ensuite, ATT a commis la deuxième erreur, celle d’avoir reculé face aux religieux sur la question du Code de la famille. Ils s’en sont fortifiés, et sont passés au langage de l’intimidation et du chantage pour des causes personnelles par la suite. IBK a commis la troisième erreur, celle de s’être associé en 2013 aux religieux et d’avoir accepté de réaliser tout ce qu’ils recommandaient. Chose qu’il n’a pas faite entièrement ensuite, heureusement ! Et qui a fait éclater la colère des religieux. Il faut ajouter que toutes ces trois erreurs sont approuvées par la classe politique, ce qui aggrave davantage la situation du pays. Les gouvernements maliens ne sont pas sérieux. Si un rassemblement est donné comme prière, il devrait rester comme tel. En se transformant en meeting politique avec des exigences, les responsabilités devraient être situées, et les mesures strictes devraient s’appliquer jusqu’à l’interdiction de telles « prières ». Le manque de sérieux est qu’on ferme les yeux ou même qu’on cautionne de tels actes flagrants, pour s’accrocher à des futilités ou qu’on se jette sur des personnes dont l’acte est moins coupable par rapport au désordre religieux qui règne dans le pays.

Au Mali, les religieux ne cachent même plus le fait qu’ils sont au-dessus du peuple dont ils sont issus cependant. Ne sont acceptées à leur adresse ni les critiques, ni les tentatives de les rappeler à la raison et à la modestie un tant soit peu. Aussitôt, l’armada de croyants «spirituellement drogués» se jette sur vous avec des termes insultants contraires au pardon et à l’amour coraniques qu’ils crient cependant en longueur de journée sur tous les toits du monde ! La vérité est que Dieu, s’il existe vraiment, a déjà oublié le Mali ou ne veut plus en entendre parler. Les Maliens sont devenus très religieux. En témoignent la prolifération des lieux de culte et les plus de 10 mille mosquées construites sans que le gouvernement le sache, c’est-à-dire dans une situation illégale. Les Maliens sont devenus très humanistes. En témoignent la prolifération des ONG qui appellent à l’aide en faveur des démunis ou des malades. Mais l’hypocrisie reste le fond principal de la vie sociale de nos jours. Les drogues, l’alcool, la haine et l’intolérance, les tueries et les violences verbales, les adultères et les chambres de passe, les bars détenus par des musulmans maliens pour faire de l’argent, le manque de respect aux parents et aux aînés, les pèlerinages à la Mecque transformés en commerce de bijoux, en selfies et autres, des leaders religieux qui ne parlent qu’en millions et en milliards. Bref, tout cela fait que la religion au Mali n’a rien de commun avec celle d’autres pays. On prie non pour Dieu, mais pour le voisin par peur de ce qu’il pourra penser de notre personne. Nous pouvons remplir même 20 mille stades maliens, mais aucune prière sous forme de meeting politique ridicule ne sera jamais accepté par aucun Dieu ! Nous avons enterré depuis nos « Komo » et nos « Tomo » (des fétiches), hélas !

Alors que 95% de musulmans maliens n’hésitent pas à faire usage de gris-gris ou même à sacrifier des vaches, des moutons, poulets et même des albinos, que sais-je encore ? Malgré la «forte croyance » en Dieu, les fétiches n’ont pas disparu pour autant. Nous courons derrière deux lièvres à la fois ! Nous avons oublié nos Komo, Jésus, Allah, tous les prophètes, pour nous concentrer sur la personne de simples imams maliens que nous adorons comme s’ils étaient les créateurs de l’Univers. Soi-disant qu’ils sont des hommes de Dieu. Qui les a nommés comme tels ? Le Prophète Mahomet (PSL) avait une simple maison modeste en banco, tandis que nos religieux ont des châteaux luxueux qui coûtent des milliards. On dira que c’est Dieu qui les leur a donnés. Mais, Dieu préfère-t-il de simples imams maliens à son Envoyé reconnu par le Coran, à qui il aurait pu tout donner ?

Aujourd’hui, la religion, plutôt les sectes religieuses, ne sont que de l’opium uniquement pour les Maliens. Plus le temps avance, plus nous avançons à contretemps. Je préfère ne jamais être religieux, si toutes les religions devraient se résumer à la pagaille religieuse qui prévaut actuellement au Mali. Je ne reconnais aucun imam ou évêque à adorer, parce qu’aucun d’eux n’est ni homme de Dieu, ni son Envoyé. Ils sont juste pour diriger des prières. Si Dieu existe, j’espère qu’il voit le fanatisme malien qui dépasse déjà la raison humaine. Aux hommes politiques qui flirtent avec les religieux maliens, sachez une chose que l’adage malien dit : « Si tu nommes ton enfant inspecteur du fisc, il te réclamera les premiers impôts».

Sékou Kyassou Diallo

Source: Le Démocrate

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