La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) est revenue, le lundi 18 février dernier, sur sa décision de mettre en coupe réglée la ville de Kidal. Cette volte face du groupe armé signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger est intervenue après la sortie musclée du président du Comité de suivi de l’Accord (CSA) Ahmed Boutache contre la décision qu’il a qualifié d’une « atteinte aux prérogatives régaliennes du gouvernement de la République du Mali. »
L’ex rébellion, qui avait pris des mesures draconiennes concernant la gestion de la ville de Kidal, a dans un communiqué en date du lundi 18 février, indiqué prendre « acte de la grande incompréhension suscitée au sein de l’opinion nationale et internationale par des mesures qu’elle a récemment mises en place à Kidal dans le but d’améliorer la prise en charge de la sécurité des personnes et des biens dans cette ville. » Ce climat d’incompréhension, explique la CMA, a été fortement exacerbé par une certaine presse qui s’est adonnée à toutes sortes d’interprétations. La CMA dit être « ouverte à un échange avec les autorités en vue de parvenir à des mesures mutuellement agréées, dans le cadre de l’accord dans le souci de préserver et renforcer la confiance entre les parties. » La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a aussi décidé de convenir sur des mesures pertinentes relatives à la sécurité des personnes et des biens en concertation avec les autorités locales (les autorités intérimaires et le gouverneur), sans nul préjudice aux prérogatives de l’état, de sorte à pouvoir et aplanir les incompréhensions, répondre aux préoccupations sécuritaires des populations, et préparer la voie au redéploiement des forces de défense et de sécurité reconstituées.
Pour rappel, le 30 janvier 2019, le président de la CMA, Alghabass Ag Intalla a pris des mesures réglementaires au plan de la circulation routière, au plan des stupéfiants et alcool, au plan des manifestations ou des cérémonies traditionnelles, au plan du domaine et du cadastre, au plan de l’hygiène et du phytosanitaire, au plan de la santé et au plan du séjour pour les étrangers dans la région de Kidal. Par exemple, au plan des manifestations ou des cérémonies traditionnelles, la manifestation, le meeting ou le sit-in doivent faire l’objet d’une demande écrite précisant la nature et le calendrier de l’événement, adressée au Bureau Régional de la CMA qui en donnera suite. Sur le plan du séjour pour les étrangers, la mesure de la CMA indique que chaque étranger doit avoir une pièce d’identité de son pays d’origine, avoir un tuteur local, et être munis d’un permis de séjour de la CMA en cours de validité.
Les dites mesures ont été fortement critiquées par le président du Comité de suivi de l’Accord (CSA) Ahmed Boutache : « Une décision à caractère réglementaire qui a été indument prise par le président de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) au niveau de Kidal et qui vise à réglementer un certains nombres de secteur de la vie publique, ceci constitue du point de vue du président du CSA, du point de la médiation, une violation flagrante de l’accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger et une atteinte aux prérogatives régaliennes du gouvernement de la République du Mali. » Nous considérons que ces mesures à caractère réglementaire indument prises par le président de la CMA, explique le diplomate algérien, sont nulles et de nul effet.
M.K. Diakité
Source: Républicain