Les maliens ont conscience que le Mali est un pays agenouillé. Par manque d’espoir ils se remettent entre les mains d’un Dieu qui les a épargnés jusqu’à présent. Le fatalisme est devenu le choix de la majorité, le malien ne croit plus que le combat peut payer, que des solutions pourront être trouvées pour changer la situation.
Les observateurs avertis qui ont bien analysé la situation savent objectivement que les difficultés résultent plus de la mal gouvernance et de l’absence de vision.
Ce pays a toujours eu depuis son indépendance des problèmes de gouvernance, de mauvais règlements des luttes politiques, une gestion économique très critiquable et même souvent tout cela à la fois. Nous ne cherchons ni à défendre ni à dénigrer un régime ici. Mais la gouvernance de notre pays n’a jamais été au point.
Pourtant nous pensons avec vigueur que le problème principal de cette mauvaise gouvernance est une absence d’équilibres. Les conflits au Mali ont plus pour cause les insuffisances du jeu des équilibres entre les réalités sociales du moment et la réalité politique. Le pouvoir politique ne tient pas bon parce que certains n’y figurent pas ou pensent qu’ils y sont exclus.
Au Mali la constitution prévoit de défendre chaque malien, pourtant la constitution malienne ne trouve pas tous les maliens. Peut-on défendre celui que nous ne voyons point ? En effet la loi fondamentale actuelle ne peut pas résoudre les problèmes du Mali parce qu’elle ne résulte pas de la recherche des réalités des maliens. Elle peut être source d’organisation d’un Etat moderne, mais peut-elle être l’arsenal qui peut organiser le Mali actuel avec les composantes sociales qui existent aujourd’hui en son sein ?
La société malienne est en profonde mutation, les réalités géopolitiques se renouvellent, les acteurs politiques changent. L’inimaginable d’une époque devient la norme. Et nous ne voulons pas changer. Avons-nous peur ? Ou nous ne sommes pas prêts ? Jean Marie Muller, un philosophe français qui vit encore, a dit “Ce qui menace la démocratie, aujourd’hui comme hier, ce n’est pas la désobéissance civile, mais l’obéissance servile.” Alors nous devons oser pour pouvoir continuer
Nous devons trouver dans l’architecture institutionnelle du Mali un plan de carrière aux religieux, permettre aux responsables coutumiers de s’insérer dans le dispositif national, éviter que la société civile et la classe politique ne se confondent, que les lignes soient mieux clarifiées, trouver une configuration pour permettre aux anciens chefs d’Etat de contribuer tels d’anciens généraux de la nation. Quand nous solutionnerons ces problèmes nos institutions ne seront plus des refuges de survie. Archimède disait ” Donnez-moi un point d’appui : Je soulèverai le monde”
L’équilibre ! Voici toute la problématique.
Macké Diallo
Source: L’Aube