La Cma (Coordination des mouvements de l’Azawad) n’en démord pas. Elle compte bien, selon son premier responsable, Alghabass Ag Intalla, assurer la sécurité de Kidal et de ses habitants, à travers la mise en œuvre effective des dernières mesures qui ont suscité un tollé général.
Le président de la Cma, qui se trouve présentement à Bamako, est formel : les mesures ne violent aucunement l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Ces nouvelles dispositions, à l’application desquelles la Cma tient comme à la prunelle de ses yeux, visent simplement à combler le vide sécuritaire laissé par l’absence de l’Etat. Nous l’avons rencontré pour en savoir plus.
Confortablement installé dans un hôtel de la place, où il séjourne depuis quelques jours, ici à Bamako, le président de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), Agabass Ag Intalla, reçoit et discute tranquillement avec un visiteur (un certain Abachar) qui nous a introduit.
Après les salamalecs d’usage portant sur quelques souvenirs, nous avons introduit le débat et confirmé les raisons de notre visite qui avaient déjà, été évoquées, quelques heures auparavant, au téléphone. Les échanges devaient porter sur les récentes mesures de la Cma qui portent sur la sécurisation de la ville de Kidal, l’administration de la justice et la gestion des étrangers qui y affluentà cause de l’orpaillage traditionnel.
Visiblement très à l’aise sur les sujets, Algabass dira que «toutes ces mesures sont relatives à la sécurisation de la ville et la protection des personnes et de leurs biens». Il révélera, d’ailleurs, qu’ils n’ont pas renoncé à la mise en œuvre de ces mesures et qu’il «s’agissait juste d’une question de jour» ; car, poursuivra-t-il, aujourd’hui à Kidal, il n’y a ni gendarmerie, ni police, ni armée (reconstituée). Il incombe donc, selon notre interlocuteur, à son Mouvement, d’assurer la protection des personnes et de leurs biens.
Il a aussi confirmé de vive voix les raisons de ces mesures. Selon Algabass Ag Intallah, depuis un certain temps, «les étrangers arrivent en grand nombre à Kidal et s’adonnent à des activités, souvent, pas très nettes, comme la location et la réhabilitation (en dur) des maisons des autochtones ; aussi, nous avons assisté à plusieurs assassinats ciblés». Il fallait donc, poursuit-il, «que nous réfléchissions à cette situation et trouvions des solutions. C’est ainsi que ces mesures qui, du reste, ne violent nullement l’Accord pour la paix, ont vu le jour».
«Par ailleurs, a déploré le président de la CMA, on fait un mauvais procès au gouverneur. Il ne peut rien faire étant tout seul à Kidal, sans aucun directeur de service, sans aucun service de sécurité, ni gendarme, ni militaire, ni policier. Personne ! Tous sont ici à Bamako et refusent de regagner leur poste.»
Algabass Ag Intalla nous dira, en substance, que Kidal est désormais devenu un carrefour à cause des activités relatives à l’orpaillage traditionnel et qu’il faut donc des mesures de sécurité qui sont, insista-t-il, soutenues par l’ensemble de la population. Et puis, pense-t-il, ces mesures sont comme des décisions prises par n’importe quelle municipalité ; chose qu’il connaît ayant exercé, lui-même, auparavant, les fonctions d’élu municipal.
Quant à la question relative au Cadi et à l’instauration de la charia, le fils de l’ancien Amenokal, feu Intallah Ag Attaher, pense qu’il n’y a aucun rapport entre les deux notions, car le sujet relatif au Cadi est pris en compte dans l’Accord pour la paix et la réconciliation.
Pour ce qui concerne les récentes déclarations du chef du Comité de suivi de l’Accord, l’ambassadeur d’Algérie au Mali, la Cma, selon son chef, «n’y accorde aucune importance». Car, dira-t-il, il sait que le territoire algérien est sécurisé et «pourquoi veut-il nous empêcher, nous, de sécuriser notre territoire ?»
Makan Koné
Source: Nouvelle Libération