N’a-t-on pas l’habitude de dire que les mêmes causes produisent les mêmes effets ? Depuis le mois de Février 2019, les officiers ex-combattants rebelles sont en recyclage à l’école de la Gendarmerie à Bamako. Le Ministre de la défense et des anciens combattants leur a rendu une visite le 13 Février 2019. Avec ce recyclage, il pense que la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger a fait des progrès.
Pour preuve, il dit que dans le cadre du processus de DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion), plusieurs centaines d’ex-combattants ont rejoint les forces de sécurité. Ils suivent une formation de recyclage afin de leur permettre de se conformer aux exigences de l’armée. Ils constituent aussi un renfort de taille dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le principal défi actuellement pour nos forces de défense et de sécurité.
Et d’ajouter que leur retour marque un pas très important dans la marche vers la mise en œuvre totale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Répondant à la question relative à la volonté de ces ex-combattants de resservir l’Armée, le patron du département, en charge de la défense s’est montré optimiste. « Contrairement à ce qui se passe d’habitude dans l’armée, il leur a donné la parole et il les a écoutés. Les propos qu’ils ont tenus lui ont donné beaucoup d’espoir parce qu’il a senti dans les propos, leur engagement à prendre sa place au sein des unités où ils ont eu à évoluer. Mais surtout, le Ministre a senti en eux le souci de contribuer, chacun en ce qui le concerne, au renforcement des forces armées et de sécurité de notre pays ainsi qu’à la restauration de la cohésion sociale et la réconciliation », a-t-il clarifié.
Selon le Ministre, les réponses données par les ex-combattants lorsque la parole leur a été donnée suffisent pour assurer le peuple malien. Cela ne convainc personne, car c’est une énième intégration de ces rebelles dans les forces de défense et de sécurité. Nulle part, les forces armées n’ont eu une valeur ajoutée à travers leur retour au sein de l’armée. Nous avons l’impression que le Gouvernement continue de tromper le peuple. Au Mali, c’est rare qu’un responsable de haut rang démissionne de l’administration pour marquer son désaccord avec des décisions politiques injustes. C’est vrai que si au nom de la sacro-sainte soumission de l’autorité militaire à l’autorité politique dans une République, il ne peut pas contester la décision de l’autorité politique, il a le droit de manifester sa désapprobation envers cette décision, en démissionnant qu’à même !
Le Général de Villiers, ancien chef d’Etat-Major des Armées de France démissionnaire au début du quinquennat de Emmanuel Macron disait ceci : « la loyauté n’est pas l’esprit de cour, le silence est parfois proche de la lâcheté. La loyauté perd de sa légitimité lorsque commence le légalisme ». En voici des types de responsables dont le Mali a besoin.
Ce nouveau retour des combattants dans l’armée malienne est un coup dur pour les officiers loyalistes restés dans l’armée. Les éléments des FAMA qui se sont sacrifié pour le pays se trouveront une fois de plus coiffés par des militaires touaregs ou arabes déserteurs. Mais, qui de ces ex-combattants se reconnaissent-ils encore comme maliens ? N’ont-ils pas proclamé à haute voix, lors du Forum de Kidal du 27 au 30 Mars 2016 dans leur discours introductif : Populations de l’Azawad, femmes de l’Azawad, jeunes de l’Azawad et cela étant assis sous le drapeau de l’Azawad ? Dans ce jeu, il y a une dose de manque de sincérité des groupes armés. Chaque président de l’ère démocratique a eu sa pullule amère à avaler au sujet de l’intégration. Pour rappel voici ce que l’Etat malien a fait pour les combattants touaregs du Pacte National lors de l’Accord d’Alger de 1992 à 2012. Il y a eu l’intégration de 2 795 ex-combattants dans les forces de défense et de sécurité dont 2 315 militaires dans l’armée, dans la Gendarmerie Nationale et au niveau de la Garde Nationale. 150 policiers, 100 douaniers, 150 agents des Eaux et Forêts, et 180 agents dans les autres administrations civiles.
Si ces ex-combattants, une fois reformés servaient dans les régions du sud, cela pouvait se comprendre. Mais malheureusement l’Accord d’Alger imposé par IBK au peuple malien, va faire le contraire, c’est-à-dire les former de nouveau et les envoyer dans la République d’Azawad pour proclamer leur indépendance bientôt et interdire ce territoire aux FAMA surtout que l’Etat est totalement absent dans cette zone. Avec ces intégrations, l’indépendance de l’Azawad se profile à l’horizon. Egalement, il faut dénoncer l’adoption au cours de l’avant dernier Conseil des Ministres, relative au projet de décret pris en effet et fixant les modalités d’attribution de grades, de reclassement et de fonction de commandement aux ex-combattants de la CMA.
Il n’est pas certain que cette disposition fasse l’unanimité au sein des forces armées et de défense. Une majorité de nos braves soldats, verront cela comme une prime à l’impunité. Cette intégration, nous ramène pour la troisième fois à la case de départ.
Siramakan KEITA
Source: Le Carréfour