Dans une publication, Adame Ba Konaré, ancienne première dame et marraine de l’association Tabital Pulaaku internationale, dénonce les crimes perpétrés contre les communautés peuhs.
Pour moi, il s’agissait d’ancrer les communautés peules encore mieux dans des cadres étatiques soucieux d’harmonie sociale entre l’ensemble de leurs citoyens regroupés dans une communauté de destin.
Les ethnies, au Mali, n’ont jamais été séparées par des cloisons étanches. Il y a peu d’aires au Mali où les Peuls ne sont pas cohabitants avec d’autres ethnies. Dans notre cas précis, cela est vrai pour les Dogons et les Peuls, actuellement enlisés dans des conflits inter-communautaires.
Nos peuples mettent l’accent plus sur les relations entre eux plutôt que sur les tensions et les cloisons. On ne dit pas : ils sont à part, nous sommes à part. Cette fluidité, qui se matérialise par l’établissement d’une passerelle entre les ethnies avant d’être le passage d’une ethnie à l’autre, voire l’absorption d’une ethnie par une autre, est un fait établi au Mali. En termes plus simples, on parlera d’intégration ethnique. J’irai plus loin en parlant de symbiose ethnique imposée par le tissage de liens de toutes sortes : politiques, économiques, religieux, sociaux.
Cette formidable cohésion a pris un grand coup et un tournant tragique avec l’hécatombe que subissent les communautés peules.
La marraine de Tabital Pulaaku que je suis dénonce énergiquement les crimes perpétrés, demande à l’État, garant de la sécurité de l’ensemble des citoyens, comme il s’y est engagé, des enquêtes et des poursuites judiciaires, conformément à nos textes, contre les responsables de ces forfaitures, comme de toutes les forfaitures, quelques soient les bords auxquelles ils appartiennent. Il en en va de sa légitimité et de sa crédibilité.
Il est surtout demandé à l’Etat de désamorcer la bombe de la polaristion ethnique porteuse des germes de la guerre civile : là réside en effet le défi majeur. Oui, le spectre de la guerre civile, dans un tel chaos, est à craindre et à éviter à tout prix.
La marraine de Tabital Pulaaku que je suis en appelle également à la compassion et à la solidarité de tous, en plus des miennes.
La marraine de Tabital Pulaaku que je suis en appelle à la sagesse de tous pour préserver cet acquis précieux que nos aïeux ont édifié pour nous au terme d’un long processus de compromis et d’ardeur, de recherche effrénée de la paix et de la cohésion sociale.
Enfin, la marraine de Tabital Pulaaku que je suis se penche sur la mémoire de l’ensemble des victimes. Aux familles endeuillées et traumatisées, vers lesquelles convergent toutes mes pensées, je présente mes condoléances les plus émues et sincères.
Bamako, le 2 janvier 2019.
Pr. Adame BA KONARÉ
Marraine de Tabital Pulaaku international
Source: L’Aube