Au lendemain du dépôt du dossier de candidature d’Abdelaziz Bouteflika, les opposants à un éventuel cinquième mandat du président sortant restent mobilisés. Lundi 4 mars, des manifestations d’étudiants ont de nouveau eu lieu dans différentes villes du pays. Les partis d’opposition se sont également exprimés. Ils demandent que soit déclarée la vacance du pouvoir, ainsi qu’un report des élections.
Ali Benfils, l’ancien chef de gouvernement, Abderrazak Makri, le chef de file du plus grand parti islamiste du pays et d’autres personnalités d’opposition ont demandé ce lundi après-midi l’application de l’article 102 de la Constitution algérienne, qui prévoit de déclarer la vacance du pouvoir (lorsque l’état de santé du président ne lui permet plus d’exercer ses fonctions).
Ils demandent également un report des élections prévues le 18 avril. A leur yeux, un gouvernement de « compétences indépendantes » devrait organiser ce scrutin dans six mois. Il s’agirait alors d’ouvrir la voie à une transition comprenant notamment l’élection d’une assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution.
Le RCD, un parti d’opposition démocratique, évoque dans un communiqué, du « mépris » et estime que les Algériens sont humiliés.
La mobilisation semble vouloir se poursuivre. Les avocats du barreau de la région de Constantine, la troisième plus grande ville du pays, ont annoncé qu’ils boycotteraient le travail juridique pour protester contre les violations des lois. A Alger, des étudiants ont déjà déserté une des universités. Des appels à faire la grève sont à l’étude dans plusieurs autres établissements.Parfois, on s’inquiète de l’avenir du pays. On s’inquiète de l’avenir de ce mouvement populaire. On se dit : est-ce que ça va continuer comme ça, pacifiquement.
Les rangs de la majorité se fissurent
Les promesses du camp Bouteflika n’ont pas eu l’impact escompté et il semble que les rangs de la majorité commencent à se fissurer. Il y a eu ces derniers jours des démissions au sein du FCE, la toute puissante association patronale dirigée par Ali Haddad, le patron proche de Faïd Bouteflika, le frère du président. Mais lundi, l’autre défection est celle de Sid Ahmed Ferroukhi, l’ancien ministre de l’Agriculture et député du FLN, le parti majoritaire. Il a annoncé qu’il quittait le parti et qu’il renonçait à son mandat de député, estimant que son devoir était d’entendre et d’écouter le mouvement social.
La polémique a aussi enflé toute la journée de lundi sur la légalité de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, déposée dimanche par son directeur de campagne. L’incertitude régnait donc au lendemain de la clôture des candidatures à la présidentielle.
RFI