Instaurée pour sauver l’Afrique, finalement cette démocratie est devenue le mal même du continent. Le signe indien de la réélection du président sortant sur le continent africain n’a pas disparu. La preuve la réélection du président Macky Sall avec plus de 58% des voix. La réélection de Mahamadou Buhari. Les deux scrutins ont été contestés par les classes politiques respectives du Sénégal et du Nigeria.
Avec le vent de la démocratie, les patriotes africains qui ont lutté les mains nues contre les dictatures aspiraient enfin à la liberté. Mais une fois passée l’euphorie des premières élections dans les années 1990, les scrutins deviennent de la pure cacophonie avec son lot de vol de la victoire du peuple. On se souvient sans doute du cas du Bénin où le caméléon Mathieu Kerekou battu par le président Nicéphore Soglo n’a pas dit son dernier mot. C’est n’était que partie remise à la faveur de la présidentielle de 1995, Mathieu Kerekou prend sa revanche et rempile à la tête du Benin pour deux mandats alors qu’il avait passé deux décennies au pouvoir. Au Mali, après un coup d’Etat contre le général Moussa Traore le 26 Mars 1991, le président du Comité de transition Pour le salut du peuple (CTSP) Amadou Toumani Toure organise les premières élections multipartites qui verront la victoire du président Alpha Oumar Konare. Après un mandat de 5ans, il organise le second scrutin présidentiel de l’ère démocratique. Face au refus d’une bonne partie de la classe politique qui redoutait des fraudes massives, il se retrouve face à Mamadou Maribatourou Diaby du P UDP que Me Mountaga Tall qualifiera plus tard de demi-candidat. Il passe haut la main mais doit faire face au Collectif des Partis Politiques de l’Opposition (COPO) qui conteste sa réélection. En 2002, le président Konare organise un scrutin taillé sur mesure et remet le pouvoir à son prédécesseur Amadou Toumani Toure qui après un premier mandat sera renversé à moins de deux mois de son départ du pouvoir. En Centrafrique Ange Félix Patassé est élu président en battant le sortant André Kolimba. On connait la suite le colonel Anicet Sole se révolte à travers une mutinerie. Le calme ne reviendra qu’à la faveur de l’intervention du contingent barracuda sur instruction personnelle du président Jacques Chirac. Ange Félix Patassé organise un nouveau scrutin contesté où il se maintient vaille que vaille. Il faudra attendre la rébellion de 2003 pour que Bozize son chef d’état major vienne au pouvoir avec le soutien du président Idriss Deby. Bozize à son tour organise un scrutin présidentiel taillé sur mesure. Il sera à son tour chassé par Michel Djotodja. Même scenario au Congo Brazzaville. Dans ce pays riche en pétrole, le président Denis Sassou Nguesso organise la première élection présidentielle de l’histoire du Congo Brazzaville, il est battu par Pascal Lissouba. L’élection de Lissouba fera place à une première guerre civile qui l’opposera au maire de Brazzaville Bernard Kolela. En effet c’est le premier ministre Yombi qui va mettre le feu aux poudres en voulant se venger contre Sassou Nguesso. Pascal s’en prendra à Jean Michel Mokoko, un général proche de Sassou Nguesso. En 1997 éclate une sanglante guerre civile qui va opposer les milices zoulous de Pascal Lissouba soutenues par les milices Ninja de Bernard Kolela. Elles affrontent les milices cobra de Sassou Nguesso qui aura finalement le dessus grâce au soutien du président Angolais Jose Edouardo Santos qui craignait à l’époque que le Congo Brazzaville ne serve pas de base arrière aux rebelle de l’UNITA. Au Liberia après la mort atroce de Samuel Kanian Doe suivie de plusieurs années de guerres civiles sanglantes Charles Taylor accède au pouvoir par les urnes mais il est chassé en 2003 par les rebelles de LURD dirigés par Sekouh Damate Konney. Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir d’Ellen Johnson Serlif pour que le Liberia puisse opérer un changement de pouvoir en douce. Le résultat de la démocratie a été plus terrible encore en Sierra Leone. En effet après la chute de Joseph Momo, Valentine Strasser (26ans) qui accède à son tour au pouvoir est renversé par l’actuel président Julius Madabio qui organise le premier scrutin libre de l’histoire de la Sierra Leone Ahmed Tidjane Kabbah gagne les élections mais il est chassé du pouvoir par le commandent Johny Paul Kourouma. Malgré l’intervention de l’EMOCOG qui rétablit Kabbah dans ses fonctions, la situation ne s’améliore pas avec le RUF Fode Sankoh. Finalement avec l’aide de la Grande Bretagne, Kabbah arrive a achevé son second mandat et remet le pouvoir à Ernest Baye Koroma. Ce dernier passe la main à Julius Madabio qui est le précurseur de la démocratie en Sierra Leone. Le constat est qu’en Afrique le président une fois élu a des fortes chances de diriger pendant deux mandats cela est devenu une tradition sauf dans des pays comme le Ghana où John Dramani Mahama a perdu face à Nana Akufo Ado. Comme pour dire que la réélection de Macky Sall au Sénégal et de Buhari au Nigeria de ne devait surprendre personne.
KOUNTA
Source: Le Triomphe