Le secrétaire général de l’ONU affirme dans un rapport mardi voir des « progrès » dans l’application de l’accord de paix de 2015 au Mali, où les attaques terroristes demeurent toutefois conséquentes.
« C’est le verre à moitié plein ou à moitié vide », résume un diplomate sous couvert d’anonymat à propos de la rare vision positive exprimée dans ce dernier rapport d’Antonio Guterres. Elle permet d’éloigner la perspective de nouvelles sanctions ou d’une prochaine réduction de la mission onusienne, sous l’impulsion des Etats-Unis, alors que mars avait été donné comme échéance à Bamako pour engranger des résultats.
« En dépit des multiples défis auxquels fait face le Mali, dont plusieurs ne sont pas encore pris en compte, j’apprécie les progrès réalisés par le gouvernement et les groupes armés signataires (de l’accord de 2015) depuis la prise de fonctions du président Ibrahim Boubacar Keïta le 4 septembre 2018 », indique Antonio Guterres dans ce document remis aux 15 membres du Conseil de sécurité.
A la mi-janvier, ces derniers avaient toutefois affirmé dans une déclaration adoptée à l’unanimité être « de plus en plus impatients » à l’égard des parties maliennes face aux retards pris dans l’application de l’accord de 2015.
La France avait alors menacé de nouvelles sanctions, après les premières mesures prises en décembre contre trois Maliens. Les Etats-Unis avaient évoqué une réduction de la force de paix Minusma (13.000 Casques bleus) lors du renouvellement de son mandat en juin si des progrès substantiels n’étaient pas réalisés.
« Davantage a été accompli au cours des six derniers mois que depuis l’accord de 2015 » jusqu’à septembre 2018, insiste Antonio Guterres dans son rapport.
Il souligne à cet égard le retour de services administratifs dans les régions de Kidal, Ménaka et Tombouctou. Il cite aussi l’exemple de 1.400 anciens combattants ayant déposé les armes.
Pour le patron de l’ONU, les autorités maliennes doivent maintenant faire des priorités « au vu de l’ampleur et de la complexité » des réformes encore à mener. Il appelle notamment « à lancer au plan national un programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration » pour « plus de 36.000 combattants ayant fait part d’un intérêt pour y participer ».
Le Conseil de sécurité, sous présidence française, a prévu de se rendre en mars à nouveau au Mali et au Burkina Faso, deux pays déjà visités fin 2017.
Malgré la Minusma, une forte présence militaire française et la création de la force militaire régionale G5-Sahel, les violences jihadistes persistent au Mali avec 237 attaques recensées en 2018, soit 11 de plus qu’en 2017, selon l’ONU.
AFP