Depuis un certain temps, l’école malienne est paralysée par des grèves intempestives qui pointent vers une année blanche. Face à cette situation très préoccupante, nous vous proposons Cette interview de M. Adama Fomba, secrétaire général des professeurs d’enseignements secondaires des collectivités (SYPESCO), non moins porte-parole des syndicats signataires du 15 octobre 2016 qui explique les raisons de cette grève.
26 Mars : quels sont les syndicats concernés par la grève des enseignants ?
M. Adama Fomba : Il y’a onze syndicats des enseignants en grève dont le COSES qui regroupe plusieurs groupements de syndicats. Pour les autres, on a : le Synefct, le SYNEB, le Syldef, la Fenarec, le Synesec et le Snec. Alors, nous pouvons dire que tous les syndicats de l’éducation nationale sont en grève.
26 Mars : Comment se présente cette grève ?
M. Adama Fomba : Nous avons encore un nouveau préavis de grève de 15 jours (soit 360 heures) qui fait suit à 4 anciens préavis qui n’ont pas donné de suite favorable. Ces précédents préavis ont été suivis sur toute l’étendue du territoire et nous invitons nos différents militants à rester unis et mobilisés.
26 Mars : quelles sont les points de blocages entre les syndicats et le gouvernement ?
M. Adama Fomba : Nous avons 3 points de discordances dont deux (2) points à incidence financière et un point qui n’a aucune incidence financière. Il s’agit respectivement, l’octroi d’une prime de logements, la relecture immédiate du décret no 529 P-RM du 21 juin 2013, portant allocution d’indemnités au personnel chargé des examens et concours professionnels en ses articles 1,2 et 3 et l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’État. À ce niveau, les syndicats ont fait leurs propositions sur ces points de divergences. Malgré tous ces multiples préavis et manifestations, le gouvernement n’arrive pas à faire même une seule proposition. C’est pourquoi, nous dénonçons un manque de volonté, un mépris, et un manque de sérieux de la part du gouvernement.
26 mars : À travers vos différentes négociations, quels ont été les engagements pris par le gouvernement ?
M. Adama Fomba : Le gouvernement a promis de satisfaire les 7 autres points, qui ne sont aussi que des anciennes revendications qui ont fait l’objet d’accord entre le gouvernement et les syndicats mais, le gouvernement n’avait respecté ses engagements. Il s’agit notamment de la prime de documentation, le plan de carrière, l’annulation des deux décrets qui violent toutes les lois qui régissent les enseignants, l’élection professionnelle dans le secteur de l’éducation pour la création des organes prévues par la loi 2018/ 007.
26 Mars : vu les différentes crises qui traversent le Mali, pensez vous que l’Etat a les moyens pour satisfaire à vos revendications ?
M. Adama Fomba : Au regard du gaspillage à ciel ouvert du bien public de notre gouvernement, nous pouvons dire qu’il a les moyens pour satisfaire ces différents points de revendication. Mais seulement, il considère les enseignants comme ceux qui sont destinés à mourir dans les conditions précaires.
26 Mars : quelle a été la tâche des parents d’élèves pour une sortie de crise définitive ?
M. Adama Fomba : Le collectif des partenaires de l’école est composé du comité de gestion scolaire (CGS), l’association des parents d’élèves (APE) ainsi que la société civile et les familles fondatrices de Bamako ont joué leurs partitions pour la sortie de cette crise qui fragilise l’éducation mais, l’Etat demeure sur sa position initiale. Nous les exhortons à s’impliquer d’avantage pour un dénouement heureux.
26 Mars : Pensez-vous que la grève va résoudre les contradictions entre vous et le gouvernement ?
M. Adama Fomba : Un syndicat n’a pas d’autres moyens que d’aller en grève et de poser d’autres actions qui peuvent soutenir la grève comme les manifestations.
Nous lançons un vibrant appel au Président de la République et son gouvernement à non seulement, faire de l’éducation leur priorité, mais aussi, à revoir cette situation au plus vite possible pour sauver l’année scolaire. Parce qu’on ne peut pas prétendre gouverner un pays et négliger l’éducation qui est le plier de tout développement.
Propos recueillis par
Abdoul Karim Sanogo