VIDÉO. Des enquêteurs de l’Agence éthiopienne de l’aviation civile sont à pied d’œuvre sur les lieux du crash du Boeing qui a fait 157 victimes, dont 9 Français.
L’enquête pour déterminer les causes du crash du Boeing 737 flambant neuf d’Ethiopian Airlines a réalisé une avancée significative. Les deux boîtes de noires de l’appareil ont en effet été retrouvées, a-t-on appris lundi en fin de matinée. La boîte noire contenant les données techniques du vol et celle enregistrant les discussions dans le cockpit « ont été retrouvées », a indiqué Ethiopian Airlines sur son compte Twitter. L’accident a fait 157 morts, une tragédie marquée en Éthiopie par un jour de deuil national. Le Kenya était, lui, doublement endeuillé : avec 32 ressortissants à bord, c’est le pays le plus touché par la tragédie, et Nairobi est, par ailleurs, le hub régional des Nations unies, qui ont été durement affectées par la catastrophe.
Sur le lieu du crash, dans un champ situé en dehors du village de Tulu Fara, à quelque 60 kilomètres à l’est d’Addis-Abeba, des excavatrices étaient à pied d’œuvre lundi matin, extrayant du sol des morceaux de l’appareil, sous le regard de badauds maintenus à distance par un cordon de sécurité, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Le Boeing s’est désintégré en heurtant le sol. En s’écrasant, il a creusé un impressionnant cratère, labourant la terre sur des dizaines de mètres de longueur. Les enquêteurs de l’Agence éthiopienne de l’aviation civile, actifs sur le lieu de l’accident depuis dimanche après-midi, devraient être prochainement rejoints par une équipe technique de Boeing. Le PDG d’Ethiopian Airlines Tewolde GebreMariam a indiqué que l’enquête serait menée conjointement avec des enquêteurs américains.
Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), qui a son siège dans la capitale kényane, ouvre lundi matin sa conférence annuelle qui réunit des centaines de délégués venus du monde entier. Nul doute que la tragédie sera dans toutes les têtes. Plusieurs personnes devant participer à la conférence se trouvaient à bord de l’avion, notamment un haut responsable du ministère marocain de l’Énergie et des Mines, et un professeur de l’université marocaine Hassan-II. Selon Maimunah Sharif, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), 22 employés de l’ONU ont péri dans le crash. Parmi les victimes onusiennes figurent six employés du PNUE et plusieurs autres du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Dublin a par ailleurs confirmé la mort d’un ingénieur irlandais travaillant pour le Programme alimentaire mondial (PAM) alors que les médias britanniques ont rapporté celle d’une employée de l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Morceaux de carlingue éparpillés
Cet accident est un nouveau coup dur pour Boeing, dont le même modèle, version modernisée du best-seller 737, s’était écrasé lui aussi quelques minutes après le décollage, le 29 octobre, au large de l’Indonésie, faisant 189 morts. Une des boîtes noires de l’appareil appartenant à la compagnie indonésienne Lion Air avait signalé des problèmes d’indicateur de vitesse. À la suite de cet accident, Ethiopian Airlines a annoncé lundi qu’elle avait immobilisé ses six autres Boeing 737 MAX 8 « jusqu’à nouvel ordre ». La compagnie, détenue à 100 % par l’État éthiopien, a connu une très forte expansion ces dernières années. Sa flotte compte plus de 100 appareils, ce qui en fait la plus importante en Afrique. Pékin a demandé lundi aux compagnies aériennes chinoises de suspendre les vols de leurs Boeing 737 MAX 8. Leur utilisation pourra reprendre après confirmation par les autorités américaines et par Boeing « des mesures prises pour garantir avec efficacité la sécurité des vols », a indiqué le Bureau chinois de l’aviation civile dans un communiqué.
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Le vol ET 302 avait décollé dimanche à 8 h 38 (5 h 38 GMT) d’Addis-Abeba et il a disparu des radars six minutes plus tard. Selon un témoin, l’arrière de « l’avion était déjà en feu lorsqu’il s’est écrasé au sol ». L’appareil, livré courant 2018 à la compagnie, était piloté par Yared Getachew (8 000 heures de vol à son actif) et avait fait l’objet d’une maintenance le 4 février.
Neuf Français parmi les victimes
Les victimes du crash étaient de 35 nationalités différentes, selon des chiffres provisoires de la compagnie. Celle-ci a notamment dénombré 32 Kényans, 18 Canadiens, 9 Éthiopiens, 8 Italiens, 8 Chinois, 8 Américains, 7 Français, 7 Britanniques, 6 Égyptiens, 5 Allemands et 4 Indiens. Le gouvernement français a fait état pour sa part de la mort de neuf Français et le parquet de Paris a ouvert une enquête. Les messages de condoléances aux victimes ont afflué toute la journée dimanche, du Premier ministre éthiopien au président kényan, de l’Union africaine au secrétaire général de l’ONU, en passant par le Premier ministre canadien et le président français Emmanuel Macron qui sera en visite officielle en Éthiopie mardi et mercredi, puis au Kenya mercredi et jeudi.
Parmi les victimes figurent par ailleurs l’épouse et les deux enfants du député slovaque Anton Hrnko, un architecte italien, un professeur d’université canadien d’origine nigériane ainsi qu’un ancien secrétaire général de la Fédération kényane de football.Publié le 11/03/2019 à 06:21 | Le Point.fr