Pour sortir de la crise politique, crise sécuritaires, crise financière… que le pays traverse depuis l’élection présidentielle de juillet 2018. L’on assiste, depuis quelques temps, à de nombreuses rencontres entre le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta et plusieurs acteurs politiques, notamment, Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition ainsi que des rencontres entre partis politiques de la majorité et de l’opposition.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a passé le 14 février dernier, un appel téléphonique au Chef de file de l’opposition politique, Soumaïla Cissé. Apres ce coup de fil, une première rencontre est intervenue, le mardi 23 février dernier. Au cours d’une audience qui aura duré près de 2 heures, les deux hommes ont « parlé du Mali ». Ils ont, surtout, évoqué la situation politique et sécuritaire, la crise sociale, la situation économique et financière, et toutes les questions essentielles du pays. A la suite de cette rencontre, le président de la République et le chef de file de l’opposition ont eu un second tête à tête, le mardi 26 février dernier, dans la soirée, puis une troisième rencontre, le mercredi 5 mars 2019.
Outre le président de l’URD, le chef de l’Etat a reçu plusieurs personnalités politiques… Le dernier responsable politique à être reçu a été Tiébilé Dramé, président du Parena et membre influent de l’opposition. Il était également directeur de campagne de Soumaïla Cissé, lors de la présidentielle.
De son côté, Soumaïla Cissé, a successivement rencontré les anciens présidents de la République, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Dioncounda Traoré (président par intérim). Aussi, il a eu un long entretien téléphonique avec Amadou Toumani Touré, actuellement à Dakar. Il justifie ces rencontres : « Nous avons eu des échanges fructueux, nous avons essayé de se convenir d’un mode opératoire de sortie de crise. J’ai eu la chance d’être reçu par les anciens, Moussa Traoré, Dioncounda Traoré, j’ai eu un échange téléphonique long avec l’ancien président ATT ». Aux uns et autres, M. Cissé a également insisté sur la nécessité de se rassembler afin de trouver rapidement une sortie de crise. Explication du chef de file de l’opposition : « Il y a des défis importants qu’il faut circonscrire le plus rapidement possible, cela passera certainement par le choix d’une personnalité qui va diriger les équipes de dialogue pour pouvoir se parler franchement en toute vérité pour que nous sentions tous concerner par les difficultés qui assaille le pays ».
Echanges multiples entre partis politiques
Même volonté commune d’agir pour sortir de la crise de la part des partis ou regroupements politiques de la majorité et de l’opposition. Aussi, les leaders de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition se sont rencontrés, le mardi 14 février 2019. Et au bout de quatre heures d’horloges de discutions franches et parfois très après, ils reconnaissent la nécessité de resserrer les rangs pour sortir le pays de cette situation difficile. « Nous avons un souci commun, c’est de faire en sorte que le Mali se retrouve, que les Maliens se retrouvent, que nous sortions de la crise que nous connaissons depuis quelques temps », a déclaré M. Cissé. Toujours selon lui, l’Opposition et la Majorité ont le devoir et la responsabilité de faire en sorte que ce pays retrouve la paix et la concorde. Ainsi, toutes les questions d’intérêt national ont été abordées durant cette rencontre : la situation politique et sécuritaire, les réformes électorales, les réformes politiques et institutionnelles… Plusieurs leaders des deux organisations étaient présents. Côté FSD, outre Soumaïla Cissé, il y avait Tiébilé Dramé, Choguel Kokala Maïga, Cheick Sidi Diarra… La délégation de l’EPM comprenait le Dr Bocari Tréta, le Pr Tiémoko Sangaré, Younouss Hamèye Dicko, Timoré Tioulenta, Jeamille Bittar, Mamadou Sangaré dit Blaise, Niankoro Yeah Samaké, Oumar Ibrahim Touré, Mahamane Baby…
Dialogue dans le sens
Les deux parties promettent de se retrouver très prochainement pour poursuivre la réflexion. A ce propos, l’espoir est permis. Dr Bocary Tréta entend « travailler à transcender toutes les divergences ». Et Soumaïla Cissé assure que « l’engagement du FSD est réel pour faire sortir le pays des difficultés ».
Toujours dans le cadre de la décrispation politique, le lundi 11 février 2019, une délégation de l’ADEMA et de l’URD se sont rencontrés au siège du parti de la poignée de mains. Les délégations ont, ainsi, abordé les questions brulantes de l’heure.
Pour Soumaïla Cissé, président de l’URD, il y a d’abord la nécessité d’un dialogue politique élargi à l’ensemble des forces vives de la nation y compris l’armée, les syndicats, les jeunes, les femmes. Pour l’honorable Cissé, c’est du dialogue politique que naitra un consensus. Et que c’est à partir de l’accord issu de ce dialogue qu’ils pourront faire toutes les réformes : la constitution, la loi électorale, le découpage territorial.
Pour sa part, le président de l’Adema, Pr Tiémoko Sangaré affirme : « L’Adema de par sa vocation historique est un parti de dialogue qui occupe une place centrale sur l’échiquier politique malien. Ce qui le met en bonne position pour être en quelque sorte un trait d’union entre les acteurs de la classe politique. C’est conscient de cela que nous avons décidé de rencontrer les principaux acteurs de la classe politique. Nous pensons que l’ensemble des acteurs politiques devront se parler. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés ne peuvent être véritablement surmontés que dans le cadre d’une synergie d’ensemble ».
Même démarche de recherche de dialogue entreprise pour sortir de l’impasse de la part de plusieurs responsables politiques. Ainsi l’ancien premier ministre et président des FARES, Modibo Sidibé, multiplie les rechanges avec différents partis ou leaders politiques. Aussi, après le RPDM de Cheick Modibo Diarra et l’association ADEMA conduite par Mme Sy Kadiatou Sow, le président du parti FARES a rencontré l’URD, en janvier dernier. A la sortie de ses échanges avec le parti du chef de file de l’opposition, Modibo Sidibé déclare : « La crise multidimensionnelle que nous vivons exige une refondation politique, une refondation de la société, un dialogue novateur qui pourrait regrouper tous les Maliens, de la base jusqu’au niveau le plus élevé, pour qu’on puisse parler du Mali d’aujourd’hui, certainement, mais du Mali des dix et vingt ans à venir. Estime l’ancien premier ministre ».
Même approches de dialogue prônées par Choguel Kokala Maïga du MPR, pour sortir le pays de l’ornière. Il l’a exprimé lors de sa rencontre, le lundi 4 mars dernier, avec Modibo Sidibé des FAAES. « Il est de plus en plus unanime que le dialogue national s’impose désormais comme un impératif, alors ce qui urge de nos jours, c’est de faire vite car le temps presse. Trouver les formules nécessaires pour mettre en route ce dialogue national avec une autorité morale légitime. Du coup l’actuel premier ministre ne doit pas organiser ce dialogue, il faut une personnalité consensuelle acceptée d’une grande majorité de Maliens et ce processus va très vite soulager le pays. La similitude dans la démarche est du faite que le MPR comme les FARES sont convaincu des vertus de la réflexion et de l’analyse des thématiques politiques, pour la gestion des affaires publiques. Cette réflexion stratégique permet de faire des propositions concrètes appropriées pour apporter des solutions. Le dialogue national pour le Dr Choguel Maïga doit apporter des solutions en termes d’efficacité de l’action publique, mais attention il ne s’agit aucunement de distribution de postes ou d’un partage quelconque de gâteau. Il est donc urgent de réagir pour que le pays ne s’affaisse pas d’avantage avec la conduite actuelle des cadres du régime qui sont un dénie total de crise profond du pays », a-t-il déclaré.
C’est donc le temps des grandes manœuvres. Le dialogue doit aller au-delà d’un tête-tête entre le Président de la République et le Chef de file de l’opposition politique. Et des échanges entre partis politiques. La voie du dialogue inclusive est sans doute une des meilleures offres à explorer pour une vraie refondation de la République. Que les acteurs politiques fassent preuve d’humilité pour le Mali, en acceptant les petites graines de vérité qui nous permettraient d’avancer ! Même si elles n’émanaient pas d’eux ! Même si ça dérangeait leurs égos et autres intérêts personnels.
Mémé Sanogo
Source : L’Aube