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Après le crash d’un 737 Max d’Ethiopian Airlines, Boeing dans la tourmente

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Après la mort de 157 passagers dimanche 10 mars 2019 dans le crash d’un Boeing 737 Max 8 en Ethiopie, les regards se tournent vers l’avionneur américain. Ce crash du vol Addis-Abeba-Nairobi présente en effet beaucoup de similitudes avec celui de la compagnie indonésienne Lion Air, qui avait 189 morts en octobre. En cause dans les deux accidents, le dernier-né de Boeing, son modèle phare. Plusieurs pays, dont la Chine, ont décidé de clouer au sol leurs propres appareils.

De notre correspondant aux Etats-Unis,

Après la catastrophe d’Ethiopian Airlines, plusieurs pays ont ordonné à leur compagnie nationale d’observer le principe de précaution avec le 737 Max : l’Australie l’a interdit dans son espace aérien, la compagnie argentine a cloué ses modèles au sol. L’action de Boeing a plongé ce lundi, jusqu’à 13% de baisse à l’ouverture de Wall Street et plus de 5% de perte à la clôture.

Parmi les autres pays qui réagissent, on retrouve l’Ethiopie bien sûr, mais aussi l’Indonésie, la Corée du Sud et surtout la Chine : suspension de tous les vols jusqu’à ce que les autorités américaines et Boeing prennent des mesures pour « garantir avec efficacité la sécurité des vols ».

Dans son communiqué, Pékin fait le lien entre les deux catastrophes : celle d’Ethiopian dimanche, mais aussi celle de Lion Air en octobre dernier en Indonésie. Les deux accidents concernent « des Boeing 737 Max 8 récemment livrés. Ils se sont produits pendant la phase de décollage et présentent des similitudes », indique le Bureau chinois de l’aviation.

La FAA donne jusqu’à avril à Boeing pour modifier un logiciel du 737 Max

La Chine est le plus gros client de Boeing. Soixante-seize 737 Max ont déjà été livrés à des compagnies chinoises, et surtout plus de 5000 commandes ont été passées, soit plus de sept années de production pour Boeing. Pour répondre aux inquiétudes, les autorités américaines prennent des mesures et obligent Boeing à modifier certaines caractéristiques de cet avion.

Les causes du crash ne sont pas encore connues, mais beaucoup pointent un possible dysfonctionnement des ordinateurs de bord, qui aurait pu faire piquer l’avion alors qu’il fallait au contraire le redresser. La FAA, autorité fédérale de l’aviation américaine, donne jusqu’à avril au plus tard à Boeing pour modifier un logiciel particulier du 737 Max: il s’agit d’un système conçu pour éviter le décrochage.

Or, justement, que ce soit pour le crash d’Ethiopian ou celui de la Lion en Indonésie, dans les deux cas les avions ont piqué du nez puis repris de l’altitude plusieurs fois, avant de s’écraser au sol pour l’un et en mer pour l’autre, six à dix minutes après le décollage. Et selon les experts, deux crashes meurtriers en à peine cinq mois pour un même modèle d’appareil, c’est extrêmement rare.

Les autorités américaines autorisent toujours les Boeing 737 Max à voler

« Je n’ai encore jamais affirmé qu’il n’est pas sûr de voler sur un certain type d’appareil, mais cette fois je suis obligé de le faire. J’ai comparé les données des deux vols, et je suis frappé par leur similarité », a prévenu un ancien de la FAA sur CNN, alors que Boeing va aussi devoir renforcer la formation des pilotes sur 737 Max.

Pour autant, les autorités américaines autorisent toujours les Boeing 737 Max à voler, prenant ainsi le contrepied de la Chine. En quarante ans, Washington n’a décidé que deux fois de clouer au sol une même gamme d’avions. Les conséquences économiques d’une immobilisation seraient énormes. D’abord pour Boeing, puisque le 737 est l’avion le plus vendu au monde. C’est le produit phare du constructeur américain.

Mais le clouer au sol serait très coûteux également pour les compagnies, notamment pour la Southwest, la compagnie à bas coûts qui exploite le plus grand nombre de 737 Max (31 au total). Cette compagnie tente d’ailleurs de rétablir une image écornée après deux accidents spectaculaires en 2018, dont un mortel. En plein vol, une passagère avait été aspirée au dehors de l’avion après l’explosion de son hublot. Il s’agissait là aussi d’un Boeing 737, mais d’ancienne génération.

RFI

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