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L’indécence au sommet de l’Etat

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Les autorités maliennes s’adonnent allègrement à des spectacles publics qui sous d’autres cieux font bondir plus d’un citoyen. Pourtant au Mali, c’est une mode qui bat son plein. Tel est le cas actuellement avec l’affaire « anniversaire mondial du Général malien Moussa Diawara, directeur de la Sécurité d’Etat(SE)». Pour ses 50 ans, le général malien a organisé un mega show en sa résidence à Bamako. Pour l’occasion, les petits plats ont été mis dans les grands. L’artiste congolais Fally Ipupa et plusieurs autres célèbres artistes maliens (Toumani Diabaté, Babani Koné…) ont été appelés pour animer un concert au domicile du directeur de la SE. Sur les vidéos relayées par les internautes maliens, on voit des hauts responsables maliens se trémousser au rythme du « Ndombolo».

N’est-ce pas de l’indécence qu’un responsable malien fasse autant de tapage autour de son anniversaire dans un pays où le peuple vit avec moins de 1 dollars par jour, où il n’y a pas d’eau potable, de l’électricité, de routes, les enseignants ont déserté les salles de classe pour exiger une augmentation de salaire, l’insécurité au Nord et au Centre du pays est presque chronique , des déplacés qui vivotent dans la périphérie de Bamako, les conflits intercommunautaires font des centaines de morts, les policiers menacent de manifester dans la capitale…

L’on s’empresse de signifier tout bonnement que c’est du ressort de la vie privée d’accepter d’étaler ou pas publiquement ses « affaires privées ». Oui, il est convenu que les femmes et les hommes qui exercent des hautes fonctions dans notre pays ont une vie de famille et ont des amis. Mais «  Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle », disait Alphonse de Lamartine.

Ce fait marque un point culminant dans le manque d’exemplarité au sommet de l’Etat. Il traduit une défaillance morale qui explique aujourd’hui les dérives de notre société.

La notion d’exemplarité au sommet de l’Etat que nous appelons de toutes les forces à s’installer dans les mœurs des hommes au pouvoir n’est pas un vœu pieux. Elle est la marque d’un état qui respecte ses citoyens par des comportements, non seulement dignes mais qui reflètent une vision morale dont les responsables seraient les premiers garants. Lorsqu’on occupe une fonction publique, on devient le miroir d’une société. Vos actes sont observés et disséqués non pas pour vous nuire personnellement, mais parce que votre fonction implique qu’on juge toute une nation à travers votre exposition publique.  Il urge donc que les responsables maliens se ressaisissent et qu’ils respectent le sens commun du devoir et du respect.

Madiassa Kaba Diakité

Le Républicain

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