Selon l’agence Menastream, les faits se sont déroulés en début d’après-midi du dimanche 10 mars dernier. D’aucuns parlent de 13 heures, heure locale. Une patrouille de l’opération Barkhane qui menait une opération de sécurisation dans la région de Ménaka depuis un certain temps, est tombé dans une embuscade, près du village d’Akabar, situé à une dizaine de kilomètres de la frontière nigérienne.
Les forces françaises auraient découvert et ouvert le feu sur un véhicule piégé « Vehicle Borne Improvised Explosive Device SVBIED » (Ouest-France), provoquant une détonation prématurée. La déflagration a été si puissante qu’elle a retenti dans les plaines de la campagne de Ménaka. Des explosions d’armes légères provoquées par un groupe d’environ quinze militants présumés de l’État islamique du Grand Sahara (ISGS) à bord de motos ont suivi la détonation.
Une quinzaine de soldats français ont été blessés, principalement des blessures mineures. Deux d’entre eux ont toutefois été grièvement blessés, nécessitant une évacuation sanitaire stratégique vers la France. L’attaque a eu lieu alors que les forces françaises établissaient un poste de sécurité dans la région. Les avions de combat Mirage 2000 et la force de réaction rapide (FDR) déployée n’ont pas réussi à intercepter les motards, selon RFI.
L’attaque du dimanche dernier constitue la deuxième attaque avec SVBIED menée par des militants présumés de l’ISGS visant les forces françaises. Le 11 janvier 2018, une camionnette chargée d’explosifs a heurté une patrouille Barkhane entre Menaka et In-Delimane, blessant trois médecins militaires. De plus, c’est la quatrième attaque complexe impliquant l’utilisation de SVBIED au cours des sept dernières semaines. Les trois précédentes ont toutes été revendiquées par Jama’ah Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM). Ainsi, le déploiement de tactiques suicidaires se produit à un rythme jamais vu depuis le début de l’intervention militaire française au Mali.
A en croire, la même source, au cours de la première quinzaine de février, l’ISGS et le JNIM ont mené ce qui semblait être une campagne coordonnée contre les mouvements armés locaux du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) et le Groupe d’autodéfense Touareg Imghad and Alliés (GATIA), des groupes armés connus pour coopérer avec les forces françaises. Des attaques et des affrontements ont eu lieu à Tidimbawen, Inahar, Taringuite, In-Agar et Talataye. La coalition a perdu une quarantaine d’hommes avec d’autres blessés, faisant un bilan considérable dans un délai aussi court. En outre, le JNIM a annoncé pour la première fois en public être en guerre avec la Coalition MSA et GATIA en revendiquant officiellement la responsabilité de deux attaques visant les deux mouvements que le groupe a qualifiés d ‘”agents des croisés”, ainsi que d’attaques antérieures dans la région, sans fournir plus de détails.
Alors que les groupes militants ont récemment subi de nombreuses défaites tactiques et perdu leurs hauts commandants (MENASTREAM), le militantisme se développe dans la sous-région (The Conversation), notamment au Burkina Faso où de nouveaux fronts se sont ouverts dans l’est et le sud-ouest du pays depuis le début de l’année dernière (ACLED). Une évolution plus récente est que les militants gagnent du terrain dans la région Centre-Nord.
Avec Menastream