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Ute Kollies, Directrice d’OCHA Mali : « Dans la région de Mopti, la détérioration de la situation sécuritaire a créé des besoins humanitaires additionnels »

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Les humanitaires au Mali mènent un travail de titan pour l’amélioration des conditions de vie des populations victimes de la montée en puissance de l’insécurité. Leurs efforts restent malheureusement en grande partie ignorés par la majeure partie des citoyens. C’est dans ce cadre que nous avons été à la rencontre de la Directrice d’OCHA Mali, Ute Kollies, afin qu’elle réponde à certains questionnements des Maliens. Nous vous laissons découvrir l’interview.

Le Pays : Bonjour Madame la Directrice, Ute Kollies. Pouvez-vous nous présenter votre organisation, OCHA Mali ?

La Directrice d’OCHA MALI : OCHA (Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires) est la branche du Secrétariat de l’ONU qui est chargée de rassembler les acteurs humanitaires pour intervenir de façon cohérente dans les situations d’urgence. Le bureau s’assure qu’il existe un cadre dans lequel les acteurs humanitaires (les ONG et les agences humanitaires des Nations Unies) peuvent contribuer à l’intervention collective.

OCHA joue également un rôle clé dans le plaidoyer humanitaire en faveur des personnes ayant besoin d’assistance et de protection.

En outre, OCHA collecte, analyse et partage régulièrement des informations sur la situation humanitaire du pays. OCHA coordonne les mécanismes conjoints de mobilisation de ressources comme le plan de réponse humanitaire et le fonds central d’intervention d’urgence. Le bureau du Mali est ouvert depuis 2012.

OCHA est une organisation humanitaire évoluant dans le domaine de l’humanitaire. À l’occasion du lancement de votre Plan de Réponse Humanitaire le 27 février dernier, vous avez montré que 40% des personnes (soit 967 000 personnes) en besoin humanitaire se trouvent dans la région de Mopti. Selon vos statistiques, quelles sont les causes de la délocalisation de cette crise malienne du nord au centre ?

L’insécurité liée aux conflits intercommunautaires s’est propagée du nord vers le centre notamment à Mopti et certaines parties de Ségou depuis 2017.

Les conséquences de ces conflits continuent d’entrainer des besoins humanitaires aussi bien dans le nord que dans le centre. Elles exacerbent la vulnérabilité des communautés à risque d’insécurité alimentaire et de malnutrition.

Dans la région de Mopti, la détérioration de la situation sécuritaire a créé des besoins humanitaires additionnels. À titre d’exemple, le nombre de personnes déplacées internes a significativement augmenté, passant de 2 150 en janvier 2018 à plus de 56 000 aujourd’hui. Pour le secteur de l’éducation, environ 150 000 enfants sont affectés par la fermeture de plus de 500 écoles dans les communes affectées par les conflits.

Suite à cette crise du centre, nous savons que de plus en plus de personnes affluentes sur Bamako pour vivre dans des conditions misérables. Quelles sont les actions qu’Ocha Mali a eu à mener ou entend mener pour une atténuation de cette situation ?

Les autorités maliennes, au plus haut niveau, sont engagées dans des actions pour l’amélioration des conditions de vie de ces personnes déplacées. Les partenaires humanitaires contribuent à l’assistance en cours à travers les services étatiques compétents. Dans ce cadre et de façon non exhaustive, des agences des Nations Unies et des ONG ont déjà fourni des biens non alimentaires, des kits de dignité ainsi que des kits d’eau d’hygiène et d’assainissement. Nous continuons à suivre la situation pour une protection adéquate de ces personnes et la mobilisation de l’aide dont elles ont besoin.

Votre Plan de Réponse Humanitaire fait comprendre que les enfants et les femmes sont les plus vulnérables de cette crise. Comment comptez-vous contrecarrer les conséquences de cette crise sur ces personnes si nous savons qu’elle (la crise) peut conduire à la radicalisation ?

Une bonne prise en charge des besoins humanitaires contribue à la protection des civils y compris les femmes et les enfants. On pourrait penser par exemple que si ces personnes n’ont accès à aucune assistance pour subvenir à leurs besoins essentiels, elles pourraient devenir des proies pour des acteurs armés. L’investissement dans l’humanitaire c’est aussi un investissement dans la sécurité.

Pouvez-vous nous dire sur quoi vous comptez pour la mobilisation des 296,5 millions de dollars afin d’assister 2,3 millions de personnes victimes de cette crise ? 

Nous comptons sur les contributions des bailleurs de fonds comme toujours. Nous menons au quotidien un plaidoyer auprès d’eux pour les sensibiliser sur l’ampleur des besoins et les risques que le sous financement pourrait avoir sur la vie de plus de 2,3 millions de personnes ciblées cette année. Nous espérons recevoir des fonds des donateurs traditionnels, mais aussi de nouveaux donateurs.

Quel appel lancez-vous aux autorités et aux citoyens pour la réussite de vos missions ?

J’appelle à plus d’efforts pour renforcer la cohésion sociale et le vivre ensemble dans les zones en conflits.

Nous avons besoin de continuer à travailler ensemble, dans le respect des principes humanitaires, au profit des communautés affectées. C’est avec la mutualisation de nos efforts que nous pouvons alléger les souffrances et sauver des vies.

Propos recueillis par

Fousseni TOGOLA

Le Pays

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