Il y a cinq ans, la Russie s’emparait de la Crimée en dépit des protestations internationales : le 18 mars 2014, Vladimir Poutine et les dirigeants de la péninsule signaient un traité sur le « rattachement » de la Crimée à la Fédération de Russie, un acte considéré comme une annexion par Kiev et les pays occidentaux. Le président russe est attendu ce lundi à Sébastopol où il doit assister à des célébrations officielles. Pour le Kremlin, la souveraineté de Moscou sur la péninsule ne fait plus débat.
Avec notre correspondant à Moscou,Étienne Bouche
Selon un communiqué du Kremlin, Vladimir Poutine assistera à la cérémonie de lancement d’une centrale électrique près de Sébastopol. Une mise en service symbolique pour une péninsule qui s’est retrouvée à plusieurs reprises privée d’électricité ces dernières années. Le président russe doit également rencontrer des « représentants de la société civile » et prendre part aux festivités locales.
Selon un sondage de l’institut public VTsIOM, 89% des Criméens continuent d’approuver le « rattachement » de la péninsule, selon le terme employé en Russie. Les études d’opinion révèlent un soutien franc de la population russe malgré les sanctions américaines et européennes qui ont porté un coup à l’économie nationale.
A deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle en Ukraine, le message envoyé par Moscou est clair : le statut de la Crimée n’est plus un sujet de débat. Les festivités initiées par le Kremlin sont d’ailleurs volontairement apolitiques. A Moscou, ni rassemblements ni slogans, mais des concerts, ateliers et dégustations.
■ En Ukraine, la question de la Crimée instrumentalisée dans le contexte électoral
L’Ukraine commémore également les 5 ans de l’annexion de la péninsule de Crimée. En plus de la guerre dans l’est du pays, qui a causé plus de 13 000 morts, la perte de la péninsule est la source d’un traumatisme durable. Des milliers de personnes, dont beaucoup de Tatars de Crimée, une minorité de tradition musulmane, vivent en exil. Le conflit paraît toujours sans issue, mais la question est instrumentalisée dans le contexte de l’élection présidentielle du 31 mars.
Avec notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert
« Nous récupérerons la Crimée ». La promesse est comme un slogan incontournable pour la plupart des candidats à la présidentielle. Tous jurent que la Crimée sera de nouveau ukrainienne, mais aucun d’eux ne précise comment le faire. Le président Petro Porochenko n’a rien pu obtenir de Moscou depuis 5 ans, mais il promet des avancées dès que l’élection sera passée.
Ses adversaires sont plus prudents et évoquent des négociations internationales sans doute longues et compliquées. Les électeurs n’iront néanmoins pas voter en fonction de cette promesse. Car la majorité croit qu’il faut d’abord mettre fin à la guerre dans l’Est avant de récupérer la péninsule. Les perspectives sont donc très hypothétiques. Même des questions très pratiques ne peuvent pas être discutées entre Kiev et Moscou, comme le transport, le commerce ou la gestion d’une récente catastrophe industrielle.
Cinq ans après, les Ukrainiens ont trouvé des alternatives à la Crimée, en développant d’autres parties de leur littoral pour le tourisme. L’annexion n’est plus une préoccupation du quotidien, même si le retour de la péninsule est bien une priorité politique.
AvecAFP